Magazine Culture

L’irréalité à petit feu

Publié le 07 juin 2012 par Lana

Ces dernières années, j’ai vécu quelques périodes de trois ou quatre semaines de corps à corps quotidien avec la réalité.

Lors de ces périodes je dors bien, mais dès le réveil je me mets à percevoir des anomalies (par exemple : un objet qui ne devrait pas se trouver là où il se trouve) et par effet domino, je vais ressentir d’autres anomalies tout au long de la journée.

Je vais être hyper attentif à tout ce qui se passe à chaque instant.

Ainsi, je vais m’attendre à tout moment à de l’inattendu et, effectivement, l’inattendu arrivera. Cela peut concerner, par exemple, des faits divers peu banaux entendus à la télé ou à la radio.

Cependant, cela ne va pas jusqu’à la conviction que j’influence le Monde.

On dirait que chaque instant veut me faire avaler des couleuvres.

Même les situations les plus banales m’apparaissent irréelles, je suis débordé par cette réalité tout au long de la journée.

Je n’ai pas le temps de chercher la logique de chaque fait, mais si je le faisais, je trouverais une explication rationnelle et plausible à chacun d’eux.

Ce n’est pas la même chose que le supplice d’une crise aiguë : il n’y a pas de basculement vers un monde différent ; c’est plutôt un harcèlement avec un inconfort, une gêne, vécus instant après instant.

Pourquoi de tels écueils, de telles embûches dans le cours de la réalité ?

 C’est comme si mon esprit attirait une malédiction sur chaque instant, chaque instant me faisant ainsi problème.

C’est une lutte, un corps à corps permanent avec la réalité.

C’est comme si à chaque instant se produisait la chose la moins probable parmi toutes les choses possibles.

 Et quand je regarde l’heure, certains moments semblent s’être écoulés beaucoup plus vite que d’autres.

Je suis trop attentif, il ne faudrait pas que mon esprit se fixe sur la réalité de chaque instant.

Ce que je perçois, tout le monde le perçoit mais pour autrui il ne se passe rien de particulier ni d’anormal : tout va de soi, tout est logique, sans problème.

Je ne supporte plus les informations annoncées par les différents médias : je ne veux plus lire les journaux, ni écouter la radio ou regarder la télé, de peur d’être confronté à une réalité qui me fait problème.

C’est comme un chewing-gum qui colle aux doigts et dont on ne peut se débarrasser.

Je n’ose parler de tout cela à personne : ainsi on ne sait pas que j’aimerais être réconforté.

Et puis imperceptiblement, cette période infernale de trois ou quatre semaines disparaît : je ne suis plus dans l’état où mon esprit se polarise sur la réalité de chaque instant qui passe.

Je me remets à supporter tous les médias, je ne crains plus ce qu’ils peuvent annoncer.

Il peut m’arriver que je perçoive une anomalie mais elle n’est suivie par aucune autre, ma conscience fait barrage à l’emballement des informations.

Je suis heureux de retrouver une réalité qui ne me fait pas problème : tout va très bien, comme si de rien n’avait été.

Marc.


Classé dans:Paroles des lecteurs du blog

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lana 4822 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte