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Soleil d’hiver (#11 Silhouettes)

Publié le 10 juin 2012 par Yiannis

aurelien soleil d'hiver

Le soleil de Janvier est apaisant… Assis bien confortablement à la terrasse du café, il se dit que là, sur l’instant, il n’a personne à envier.

   Il est en paix avec lui-même. Il ne voudrait pas être ailleurs, il laisse quelques rayons buissonniers bichonner son visage. Il ne pense à rien, sinon à son roman du moment : Aurélien. Cette histoire impossible peu à peu le prend par la main et l’entraîne vers ses amours anciens. Il n’a jamais su aimer songe-t-il sans peine et se dit :

-   Ainsi va ma vie, et mes amours ont faits beaucoup de bruit… pour rien.

   Il accepte son passé, l’endroit est propice… Les passants défilent… Son passé lui semble une chanson qui change d’air selon la saison…

   Soudain, son œil est accroché par la vie qui bourdonne autour de lui : un enfant capricieux, un couple d’amoureux, de petites vieilles alertes aux mains ridées qui jouent avec leurs sacs à main, une femme qu’il aurait put aimer sans doute s’il avait eu quelques années de plus.

   L’odeur du tabac brun lui remplit les narines, son esprit vagabonde ailleurs… des sensations confuses inondent sa mémoire… ce ne sont pas des souvenirs précis mais de simples instants, des morceaux de vie. Il se revoit assis à sa fenêtre, l’année dernière. Il regarde cet étranger goûtant le même tabac brun, quelques-unes de ses illusions se sont envolées, d’autres les ont remplacées. Peut-on vivre sans illusions ?

   Le monde le rappelle à nouveau… c’est le serveur :

-   Autre chose monsieur ?

-   Non… merci… l’addition !

   La rue. On se croirait à une exposition, sans bouger, il voit défiler des tableaux singuliers. Ce sont des êtres qui se dirigent vers leur vie… Tantôt flânant, tantôt pressés. Ils ont en commun l’air d’être occupés par quelque chose d’important.

   Lui, il n’est occupé à rien. Un instant… Voilà que le soleil tire sa révérence, autour de lui les clients du café grognent, il sort de sa torpeur, il tremble un peu, se rhabille, se lève et s’en va.

  

   La vie est pareille à une de ces journées ensoleillée d’hiver. Dans son tumulte, il arrive de goûter de brefs instants de sérénité.


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