Il reste quelques jours encore pour admirer les " Belles Heures" du duc de Berry, avant qu'elles ne regagnent le Métropolitan Muséum of Art de New-York pour être remontées dans leur reliure. Le grand avantage de la carte des Amis du Louvre est de pouvoir se décider au dernier moment pour aller aussitôt voir une exposition, et surtout ne pas faire la queue !
Il faut cependant se mettre tout près pour détailler chacun des 47 bifolios de cet exceptionnel livre, pour apprécier la délicatesse des détails fins comme des cheveux d’ange, les nuances infinies des couleurs, le réalisme de certains dessins comme cette belle femme glissant sa main dans les chausses d’un seigneur, ou Hérodiade attendant avec son plateau à la main qu’on lui tende la tête de Saint-Jean-Baptiste tout juste décapité…

Ce livre d'heures là reste l'un des plus remarquables du duc de Berry, en raison non seulement de la beauté exceptionnelle de ses enluminures, mais aussi des innovations que les frères de Limbourg ont apporté, notamment dans les compositions, la conception de l'espace et la narration. C’est un délice de regarder ces tableaux miniatures, une vraie bande dessinée, commandée par un seigneur des plus magnificents, amateur d’art et mécène.


Pol, Herman et Jean, peintres néerlandais du début du XVe siècle, sont morts tous les trois, semble-t-il, en 1416, la même année que leur commanditaire. Originaires de la Gueldre, neveux de Jean Malouel, ils travaillèrent en 1402 pour Philippe le Hardi et entrèrent peu après dans la maison de Jean de Berry, collaborant comme miniaturistes aux Belles Heures du duc, puis exécutant de 1413 à 1416 la plus grande partie des Très Riches Heures (musée Condé, Chantilly).



A la fin de la visite, il convient de faire un détour (monter au deuxième étage, aile Richelieu) pour rendre un hommage mérité à Jean Malouel, (l'oncle des peintres des Belles heures) dont le Louvre expose une œuvre récemment découverte, acquise et magnifiquement restaurée,(dont il était déjà question ici) après un parcours juridique très complexe. Avec beaucoup d’émotion, nous avons pu admirer les deux tableaux pratiquement symétriques (mais le panneau nouveau est beaucoup plus grand), placés côte à côte, du Christ en pitié, une merveille du style gothique international du début du XVème siècle.
Exposition au Louvre, aile Sully, salle de la Chapelle au 1er étage, jusqu’au 25 juin.
