Que ce soit dit, je suis contre les applications de lecture
J'ai retrouvé, il y a peu et par hasard, un article relatif à une application de lecture à destination des enfants. Pourquoi en parler ? Parce qu'il avait fait naître en moi quelques doutes. Que dis-je, des inquiétudes ! Et si la m-éducation n'avait pas que du bon ?
Qu'est ce qu'une application d'apprentissage à la lecture et dans quel cas est-elle utilisée ?
Une application d'apprentissage de la lecture pour l'enfant est une application qui lui présente une histoire ou un conte augmenté. Augmenté d'images, de son, et d'animations. Elle pousse parfois le vice jusqu'à l'interaction.
Comment utiliser l'application d'apprentissage à la lecture ?
Dans les faits, ces applications font légion. L'idée de ses développeurs serait-elle que la lecture est une activité ingrate, douloureuse, fastidieuse ? Peut-être même se sont-ils dit que de plus en plus d'enfants avaient quelques difficultés à s'intéresser à la lecture.
Réponse naturelle : nulle fatalité, augmentons les livres. Ajoutons-y des couleurs, du son, des mouvements. Et de l'interaction ! Bien entendu, les livres pour enfants ont toujours été illustrés. Mais il est plus facile, sur un téléphone "intelligent", de faire surgir une princesse aux cheveux blonds du coin droit de l'appareil, pendant que l'enfant parcoure l'histoire, en entendant, dans le même temps, une voix douce qui lui lirait certains passages, en cas de fatigue et/ou de fatigue chronique.
Mieux encore, l'enfant pourrait voir apparaître une animation - la princesse n'est pas immobile, elle marche. Et autour d'elle se baladent nonchalamment quelques petites bulles. Que l'on peut toucher, et faire exploser. Ah, ah, ah.
Et le Prince surgit, "ils se marièrent et eurent beaucoup...". Batterie faible.
Quels sont les effets indésirables ?
D'une part, la création d'une armée d'enfants consommateurs. Ne voyez pas ici une critique de la société de consommation. J'entends par "enfant consommateur" des petites têtes blondes - ou brunes - à qui l'on enlèverait la capacité d'imaginer, de créer leur monde, leurs personnages. Non pas que les enfants rêveurs soient ma tasse de thé. Mais ce peut-être un exercice intéressant pour penser. Ou les préparer à le faire. Donc, des enfants à qui l'on donne du contenu "prêt-à-consommer".
D'autre part, la création de déficits de concentration. Peut-être que cela répond en fait à un déficit, et je propose ce débat comme la question "Qui de l'œuf ou de la poule..." du vingt-et-unième siècle. En attendant de trouver quelqu'un qui voudra en discuter avec moi, je me demande si la dimension ludique de ces applications interactives n'éloigne pas l'utilisateur de ses objectifs principaux. En le déconcentrant. Voici qu'après avoir lu trois lignes, une bulle surgit, brillante, et qu'elle est l'occasion de jouer.
Enfin, un déficit d'effort. Pourquoi se forcer à lire, quand le téléphone le fait pour lui ?
Mais ce n'est pas grave, les parents pourront toujours se vanter, au goûter d'anniversaire du petit Charles, que leur petite princesse Colette, âgée de six ans et demi, est très éveillée. Pour preuve, elle passe des heures entières sur son application.