Je viens de lire un livre interessant de Fabrice Midal sur Heidegger et le bouddhisme. Midal montre comment la pensée du philosophe allemand rejoint bien souvent le bouddhisme.
Je vous ai choisi un extrait sur la vacuité qui montre que la vacuité n'est pas un point de vue théorique mais la libération à l'égard de tous les points de vue.
"La vacuité n'est pas une autre vue sur la réalité : mais, comme l'énonce Nagarjuna : « Les Vainqueurs ont déclaré que la vacuité est l'extirpation de toutes les vues, ils ont proclamé incurables ceux qui ont de la vacuité une vue », ou pour le dire selon la formulation de Saraha (IXe siècle ap. J.-C.) : « Ceux qui croient en la substantialité ne sont que des vaches ; ceux qui croient en la vacuité sont pires. »
Donner droit à la vacuité implique un mouvement de tout notre être, non de poser une thèse. Une telle approche, pour cela même, met à mal le souci d'atteindre quelque chose, que ce soit le bonheur ou l'éveil, que ce soit la recherche d'une position sociale ou d'un effet mesurable - ou comme je le dis plus haut, la morale. Rien à obtenir : « Vous êtes suspendu dans le nulle part, c'est l'expérience de shunyata. Pas de terrain sur lequel marcher, pas de terrain avec lequel travailler. » (Trungpa) Le respect de cet ouvert, loin d'être un signe de renoncement et de nihilisme, est une ressource profonde pour tenir face à l'avalanche du moi, du moi-même-et-encore-moi qui, au nom d'une morale béate et bête, nous enferme chaque jour davantage dans l'impossibilité de toute pensée. Là se trouve enfin une pensée de l'être humain digne de notre temps." Midal