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Cent mille bouches d’ombre – patrick dugois

Par Carnetdelecture

Cover Cent mille bouches d'ombre.jpgQuel espoir reste-t-il lorsque l’on se retrouve à Auschwitz ? Est-il possible de survivre moralement face à la machinerie allemande dont le but est de nous briser ?

Cent mille bouches d’ombre nous plonge dans le quotidien du camp de la mort avec deux histoires qui se rejoignent. Tout d’abord, le lecteur se trouve immergé dans une chambre à gaz et assiste aux derniers instants des prisonniers, témoin de leurs ultimes pensées qui se bousculent. D’un autre côté, nous assistons à la rencontre improbable de deux hommes : un jeune polonais de 15 ans et un professeur de littérature parisien. Entre eux, les discussions portent sur la poésie. Et si cela semble incongru dans ce décor de mort, c’est que cet intérêt commun leur permet de s’évader et d’oublier les cris et la faim.

Cent mille bouches d’ombre est un roman qui ne peut laisser indifférent. Si le fond est évidemment très difficile, il est soutenu par une écriture qui le rend plus fort encore. Les phrases courtes provoquent une sensation d’étouffement, l’impression d’être dans ce camp de concentration. Le texte, d’un seul jet, ne comprend pas de chapitres et donc, n’offre aucun répit au lecteur, aucune trêve, aucune pause lui permettant de reprendre son souffle. Au cours de la lecture, les images vues à la télévision me sont revenues en mémoire et, à plusieurs reprises, j’ai dû fermer le livre pour reprendre mes esprits et mettre de la distance entre moi et ce récit lourd mais terriblement prenant.

Les nombreux poèmes de Baudelaire qui sont cités accentuent encore un peu plus le contraste entre la douceur de la poésie et la dureté de la vie dans les camps. En fait, ce roman mêle l’espoir, incarné par ces rencontres clandestines autour de la littérature, et le désespoir, que l’on retrouve dans l’évocation de la vie quotidienne des camps.

Cent mille bouches d’ombre, un roman qui pousse aussi à la réflexion. Si notre génération a échappé à l’horreur, il est important de se souvenir qu’elle persiste dans certaines parties du monde marquées par les génocides. Le nazisme a pris d’autres formes mais est toujours bien présent…

Bref, un livre court (moins de 100 pages) mais d’une intensité incroyable, qui laissera sans aucun doute des traces dans ma mémoire. Une vraie « expérience lectorielle », pour reprendre les mots de l’auteur. Gros coup de cœur !

Découvrez les premières pages de ce roman!

Remerciement particulier à Mon petit éditeur pour cette formidable découverte.

Cent mille bouches d’ombre – Patrick Dugois – Mon petit éditeur – 2012 

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