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MÉTAPHYSIQUE DU VAMPIRE de Jeanne-A Debats

Par Phooka @Phooka_Book

MÉTAPHYSIQUE DU VAMPIRE de Jeanne-A Debats
Editions Ad Astra 158 pages13 euros

Présentation de l'éditeur:
Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui… comme espion assassin. Normal, avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu’un agent hors normes ! Or, voici qu’il se rend au Brésil, mis sur la trace d’une autre créature de la nuit dangereuse, qu’il doit capturer… ou éliminer. Accompagné d’un prêtre, Ignacio, et d’une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui.
L'avis de Phooka:
Me voilà en train de rédiger une chronique bien étrange. Étrange parce qu'il s''agit d'une chronique d'un roman de bit-lit, publié chez Ad Astra qui généralement se concentre sur la Science Fiction. Étrange parce qu'il s 'agit d'un roman de Jeanne-A Debats qui elle aussi est connu pour ses romans de SF.
N'en doutez pas, Métaphysique du Vampire, est bien un roman de bit-lit, ou plutôt d'urban fantasy. Vous allez me dire que c'est la même chose. Pour vous peut-être, mais pour moi pas tout à fait. Je vois une dimension plus grave/sérieuse à l'urban fantasy, d'autant plus que Jeanne-A Debats s'amuse à détourner pas mal de codes du genre.
Déjà le héros est un homme, ou plutôt un vampire. Et Raphaël est non seulement un vampire, un vieux qui a de l'expérience en tant que tueur et espion, mais en plus il bosse ... pour le Vatican ! Comme quoi les opposés s'attirent ...Clairement ça ne pose "presque" pas de problème à Raphaël de bosser pour l'église. En fait "presque" seulement, car si Raphaël peut entrer dans une église, il doit quand même faire super gaffe à ne pas toucher l'eau bénite ni aucun objet consacré sous peine de graves brûlures. Et ce n'est pas toujours facile, surtout quand il doit loger sur place et que les chambres sont décorées de crucifix et autres objets du genre.
On voit tout de suite que les bases sont faussées et que l'auteur va nous emmener hors des sentiers battus, ce qu'elle fait avec beaucoup de talent.
Raphaël est un personnage secret, assez imbu de lui même et qui a une vision des choses et des autres assez percutante. Il faut dire que quelques centaines d'années permettent d'avoir un certain recul. Ses pensées sont très souvent pleines de sous-entendus et d'ironie, ce qui contribue à alléger l'atmosphère. Car pour ce qui est du récit, axé sur une enquête et la recherche d'un ancien nazi au passé très sombre, il y a peu de place pour l'humour. Une enquête parfois noire, voire très noire.
Une très belle écriture, très recherchée et loin des romans classiques de bit-lit permet tout de suite de différencier ce roman et de le placer "ailleurs". Ailleurs aussi parce que l'auteur arrive à renouveler le thème des vampires et à détourner les clichés pour mieux les utiliser. Le tout est saupoudré d'une touche d'humour/ironie au second degré, judicieusement placée et pleine de saveur.
Une très belle réussite de ce côté. Il reste quand même quelques bémols: une intrigue qui met un peu de temps à se mettre en place, un héros dont on aimerait savoir plus, de même pour tout ce qui entoure les vampires et leur mode de fonctionnement dans le monde crée par Debats. On a l'impression souvent de manquer d'éléments et d'informations. On voudrait en savoir plus. Il FAUT qu'il y ait une suite, qui permette aux lecteurs d'en apprendre plus. Ce serait vraiment dommage d'en rester là car la porte est à peine entrouverte sur ce monde très original. Si ce roman devait rester unique alors il serait furieusement incomplet et frustrant.
Dernière minute: on me glisse dans l’oreillette que oui des suites sont prévues! :)
Un premier essai concluant en urban fantasy pour Jeanne-A Debats chez Ad Astra, en espérant que la suite éclaire les coins restés trop sombres.
Note: Le livre se termine par une très intéressante interview de l'auteur.
Un autre avis enthousiaste chez Iluze

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