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Je fais mon boulot, tous les jours que je vis. Je me tiens à carreau, j'égrène mes petites tâches. Le tonnerre gronde, la tourmente est proche, moi je fais mon boulot. Hier ne m'intéresse pas, demain est une énigme. Je ne suis sûr que de mes pieds, de mes mains, de ma tête, de ce que je pense, de ce que je fais, en ce moment, pour le reste j'exerce mon droit de réserve, j'efface le passé, j'efface mes traces, je supprime les signes. Tant que j'ai la force, l'énergie, la volonté, la matière. Pas de place pour le si, le comment, le pourquoi.
Attendre, je ne fais que ça. Je me distrais en pensant au robinet qui coule. Une vie se déroule en direct sous mes yeux. De l'agitation m'encercle et m'émeut. Je ne bouge pas d'un pouce.
Pas de salut dans l'arène. Dans les gradins, la tension est palpable. Un certain nombre de spectateurs d'ailleurs se sont levés et prennent un malin plaisir à la taquiner. Moi, je me fonds dans la masse, je finis par m'endormir, malgré le bruit et la fureur, malgré l'heure grave et solennelle, malgré les prévisions météorologiques cataclysmiques. Je dors. Je dors. Et bientôt je dormirai encore plus....
Pourquoi tu m'énerves? Visage pâle, tu me fais de l'ombre. Visage pâle, le printemps est une saison trompeuse, gorgée de sève, elle ne cherche qu'à se repaître, elle est complètement égologique, ne s'intéressant qu'à son bon plaisir, sourde aux clameurs du peuple, elle jubile quand elle écrase. Et moi, et moi, émoi, aussi, mon égo est sans égal, il se régale du moindre goal. Je suis prisonnier de mon moi, pitoyable comme un clou qu'on enfonce dans le mur, je suis de mon avis, je me suis de près, je me prête au je.