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Lettre à Alexandre Astier

Publié le 14 juin 2012 par Etsinonrien
Lettre à Alexandre Astier Cher Alexandre,
L'idée de cette lettre m'est venue lorsque ma Lolotte de 10 ans (ma fille!) est sortie des toilettes en brandissant le dernier numéro de Télérama (oui, chez nous, on lit Télérama aux toilettes, ça permet de prendre du recul par rapport au "milieu"...) bref, et ma Lolotte a hurlé "quoi?? mais le monsieur de Kaamelott, il est lyonnais?"  (Oui, ma fille, il y a des gens qui passent à la télé et qui sont lyonnais, tout comme toi, ce n'est pas une fatalité).
C'est à ce moment-là, cher Alexandre, que j'ai réalisé que tu allais jouer ton dernier spectacle "Que ma joie demeure" ces jours-ci, là, en bas de chez moi, enfin à 800 mètres, peu ou prou. 
Cher Alexandre, je voulais juste te dire que depuis environ 6 mois, tu fais intégralement partie de notre vie familiale. J'ai la fâcheuse tendance  à être à contre-courant de la mode et, si j'avais, bien entendu, entre-aperçu quelques épisodes de Kaamelott à la grande époque, je n'arrivais pas à m'arrêter dessus. D'une part, parce que je passais surtout mon temps à changer des couches et à donner du biberon en veux-tu en voilà au petit frère de Lolotte qui, avec toutes ses bouffonneries, arrivait à lui tout seul à me décoller le diaphragme tant il me faisait rire.
D'autre part,  pour ne rien te cacher, le générique m'a toujours stressée, une fourchette qui grince sur un tableau en ardoise ne me hérisserait pas plus le poil. Dès les premières notes, j'ai des bouffées d'angoisse, comme si je me retrouvais coincée dans une rame de métro à Bellecour aux heures de pointe. Ou comme si je découvrais que je n'ai plus un rond à la banque. L'angoisse. Maintenant, je coupe le son entre deux épisodes, je revis.
Un soir d'hiver, Jules a ramené un DVD de la médiathèque et a réussi à me convaincre de m'asseoir sur le canapé et de regarder avec lui le Livre I. Générique (bouffée d'angoisse), je regarde un, puis deux, puis trois épisodes et paf, je deviens accro. Depuis, j'ai régulièrement besoin de ma petite dose pour m'endormir le dimanche soir en pleurant de rire et oublier ainsi le triste petit boulot de chiotte qui m'attend le lendemain. C'est thérapeutique et ça marche à merveille. Il y a un business à trouver avec la CPAM, c'est moi qui te le dis!
Aujourd'hui, je m'en veux de pas avoir sorti le nez du guidon de ma vie assez tôt pour réserver des places au théâtre de la Croix-Rousse qui affiche complet. Trop occupée à courir après les chimères de la vraie vie. J'assume! Je m'en mords les doigts mais j'assume! Mais qu'à cela ne tienne! J'ai bien réfléchi et je me suis dit que le plus simple était que tu t'arrêtes grailler un bout à la maison en sortant de représentation (c'est sur ton chemin, c'est écrit dans Télérama). Ce sera à la bonne franquette, hein, un bout de sauc', un coup de jaja, et un cassoulet mitonné aux oignons. Si tu veux venir avec Lionnel et Joëlle, ce sera avec plaisir, ce sont mes plus grandes sources d'inspiration en matière de réparties, même si elles ne sont pas toujours faciles à placer dans une conversation...
Lolotte sera contente, elle te sortira deux, trois vannes bien senties sur les lapins adultes, te demandera comment tu as fait pour devenir une "star" (à ses yeux, en tout cas) et finira par quelques blagues de Toto glanées dans la cour de l'école (ça peut toujours servir pour un prochain spectacle). Il y aura aussi Chacha, mon fils de 6 ans, qui n'aime pas Kaamelott parce qu'il n'y comprend rien, dit-il (et c'est peut-être aussi bien ainsi pour le moment!), à l'exception du personnage de Karadoc qui planque des saucissons dans son plumard, ça, ça lui parle, tu peux me croire!
Enfin voilà, si le cœur t'en dit, tu es le bienvenu. Je ne vais quand même pas faire la groupie qui attend à la sortie du théâtre (j'ai toujours l'air con dans ces moments-là, "j'aime beaucoup ce que vous faites", c'est tout ce que je sais dire, je pourrais me coller des tartes tellement je m'énerve moi-même), alors je te propose un petit repas dans le modeste salon d'une modeste famille qui a décidé de te suivre pendant encore un bon moment. Tu me tiens au jus?
Bien à toi, Madame Sophie


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