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Century of self - 1. Happiness Machines d'Adam Curtis (Documentaire, 2002)

Publié le 16 juin 2012 par Florian @punkonline

the-century-of-the-self.jpgApparu lors de la Première guerre mondiale, le contrôle des masses, plus connu sous l'appellation « relations publiques » ou encore propagande est aujourd'hui un instrument utilisé régulièrement par les grandes sociétés et les gouvernements.
Ce documentaire revient nous présente des individus et des mouvements peu connus du grand public, mais dont leurs méthodes sont toujours en vigueur. Plus généralement, il traite de la manipulation de l'opinion en démocratie, de l'influence de la psychanalyse dans le domaine du marketing et de l'apparition de la société dite de consommation.
Composé de quatre parties, ce documentaire a été primé aux British television documentary film et n'a pas fait l'objet de traduction française.
Ce premier chapitre retrace le parcours d'Edward Bernays, neveu du psychanalyste autrichien Sigmund Freud. En 1928, il a écrit "Propaganda - Comment manipuler l'opinion en démocratie", un manuel de manipulation mentale qu'il nommait lui-même la "fabrique du consentement".
Bernays a mis en application les théories de l'inconscient, établies par son oncle, dans ce qu'il a nommé les "relations publiques", métier qui a pour but de valoriser l'image d'une entreprise, d'un parti politique, etc. auprès de l'opinion. Mais c'est d'abord durant la première guerre mondiale que ses techniques de propagande ont été appliquées aux États-Unis. Il s'agissait de faire basculer l'opinion américaine qui était hostile à un engagement du pays dans la guerre. La commission Creel va être mise en place. Sa tâche consistera à faire croire à l'opinion :

  • the-century-of-the-self_creel.jpgque notre camp ne veut pas la guerre
  • que l’adversaire en est responsable
  • qu’il est moralement condamnable
  • que la guerre a de nobles buts
  • que l’ennemi commet des atrocités délibérées (pas nous)
  • qu’il subit bien plus de pertes que nous
  • que Dieu est avec nous
  • que le monde de l’art et de la culture approuve notre combat
  • que l’ennemi utilise des armes illicites (pas nous)
  • que ceux qui doutent des neuf premiers points sont soit des traitres, soit des victimes des mensonges adverses (car l’ennemi, contrairement à nous qui informons, fait de la propagande).

En six mois, une majorité de l'opinion était pour une intervention des États-Unis. On pourra remarquer que cette méthode a été utilisée dans des conflits récents.
C'est en 1920 qu'est créée la première société de relations publiques. Son objectif était de permettre aux entreprises de vendre des biens non pas seulement selon le besoin du consommateur, mais aussi selon son désir intérieur. Selon Bernays, « nous devons faire passer l'Amérique d'une culture des besoins à une culture du désir. Les gens doivent être entraînés à désirer, à vouloir de nouvelles choses, avant même que les anciennes aient été entièrement consommées. Nous devons créer une nouvelle mentalité en Amérique. Les désirs de l'homme doivent dominer ses besoins ».
Bernays va se faire rapidement une clientèle de renom : Dodge, Procter&Gamble, American Tobacco, Cartier Inc., Best foods, CBS, United Fruit, General Electric, ainsi que des politiques.
Son principal fait d'arme a été de détourner une manifestation féministe en une publicité géante pour l'industrie du tabac. Au début des années 20, l'économie de cette industrie stagnait. La cigarette dégageait une image virile et les femmes fumaient très peu. Bernays a eu l'idée de demander à plusieurs mannequins d'allumer une cigarette durant une marche féministe, devant des photographes préalablement informés qu'une action symbolique allait avoir lieu. Nait alors le « flambeau de la liberté », la cigarette devenant  un symbole du combat des femmes qui se mirent à fumer davantage.
« Si nous comprenons les mécanismes et les motivations de la pensée de groupe, ne pouvons-nous pas contrôler et enrégimenter les masses selon notre volonté, sans qu'elles ne s'en doutent ? La pratique récente de la propagande a prouvé que c'était possible, du moins jusqu'à un certain point. » écrira Bernays dans son livre en 1928.
Goebbels, ministre de la propagande durant l'Allemagne nazi a été influencé par les idées de Bernays. Celui-ci n'a jamais admis que ses méthodes étaient incompatibles avec une démocratie. Il a cependant reconnu être scandalisés quand il a su que le régime nazi les a utilisé pour parvenir à ses fins.
Aujourd'hui, le terme de propagande a une connotation péjorative dû a son utilisation outrancière par les nazis. Depuis, il a été remplacé unilatéralement par l'expression « relation publique ».

Consulter le livre d'Edward Bernays « Propaganda - Comment manipuler l'opinion en démocratie » sur le site de l'éditeur.

Propaganda, d’Edward Bernays, ou comment manipuler l’opinion en démocratie , émission Là-bas si j'y suis, novembre 2007.


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