Aude Signoles est politologue, spécialiste de la question palestinienne et enseigne à Istanbul, Véronique Bontemps anthropologue vit entre la Palestine et la Jordanie.
Pour les besoins de leurs recherches elles ont partagés pendant plusieurs années le quotidien de palestiniens en Cisjordanie, à Naplouse, à Ramallah, à Bethléem. Aude était en Palestine juste après la signature des accords d’Oslo, il régnait alors une atmosphère teintée d’espérance en occident et de désenchantement en Palestine. Véronique a commencé ses recherches après la tragédie du 11 septembre 2001, en pleine deuxième Intifada.
Après une introduction rappelant le contexte géopolitique dans lequel se trouve actuellement ce territoire du Proche Orient, déchiré entre deux peuples qui n’arrivent pas à vivre ensemble, et ne proposant aux Palestiniens que des territoires en formes de confettis à la gestion chaotique et très souvent contrôlée par les israéliens ; les deux chercheuses proposent une série d’entretiens illustrant cette fragmentation territoriale et les mobilités entravées qui vont de pair ; puis une lecture assez convaincante de l’économie palestinienne sujette à Israël et anémiée.
Le livre se compose de retranscriptions d’entretiens, de commentaires et d’analyses qu’elles ont relevées durant leurs séjours. On croise ainsi un chauffeur routier, un responsable d’une société de taxi, un ingénieur communal attaché au service des permis de construire, un conseiller municipal et le directeur d’une ONG. Grâce à une mise en page aéré (quelques photos, cartes et encart apportant des précisions sémantiques ou contextuelles) le propos est vif, dynamique et très instructif. Le pathos est exclu, l’analyse et la distanciation sont de mises. C’est un très utile document de vulgarisation et de témoignage sur le quotidien de nombreux palestiniens. Il apporte un véritable contre-point aux discours plus politiques et journalistiques qui dominent l’information dans cette région. L’ouvrage contribue par son éclairage à montrer combien le quotidien de toute une population se retrouve entravé par une situation de guerre et d’occupation (occupation niée par les Israélien mais bien réelle dans les faits !). Puisse-t-il être compris comme une pièce au dossier d’une éventuelle recherche de solutions adéquates ?
Plus d’infos en lisant les billets suivants : sur Rumor par Éric Verdeil et l’avis de Laura.