Amour est feu qui brûle et que l'on ne voit pas,C'est blessure cuisante et que l'on ne sent pas,Ravissement qui ne sait pas ravir,Folle douleur qui ne fait pas souffrir. C'est ne plus désirer qu'un seul désir,C'est marcher solitaire dans la foule,Jamais n'avoir plaisir à un plaisir,Penser qu'on gagne alors qu'on se perd. C'est librement vouloir être captif,C'est servir sa conquête alors qu'on est vainqueur,Garder sa loyauté à qui nous tue. Mais comment ses faveurs font-elles naîtreUne amitié entre les coeurs humains,Si Amour à ce point se contrarie lui-même?
Luis de Camoës, Sonnets (Chandeigne, 2011)
traduit du portugais par Anne-Marie Quint et Maryvonne Boudoy
image: Sandro Botticelli / La naissance de Vénus