Pitch.
A la mort de sa grand-mère, un pharmacien dont la vie privée est prise en tenaille en sa femme et sa maîtresse, se met à la recherche de la mémoire de la disparue en préparant des obsèques compliquées : faut-il l'incinérer ou l'inhumer?
C'est un film drôle et absurde dont la machine tournerait un peu à vide si dans la seconde partie, à la recherche de la mémoire de la grand-mère disparue, on ne basculait dans l'émotion, la nostalgie, la poésie. Un homme ordinaire, plutôt faible, qui aime deux femmes à la fois (se laisse aimer par deux femmes à la fois), mais à qui la mort inopinée d'une aïeule, devenue une inconnue, donne l'occasion de la connaître posthume, car Berthe avait une double vie...
photo UGC
Armand, qu'on découvre en train de préparer un tour de magie avec sa maîtresse, Alix, n'arrive pas à quitter sa femme, Hélène. Pharmacienne à Chatou, Hélène n'en veut pas à Armand, lui demande simplement de le quitter par paliers en douceur, ce qui révolte sa mère, la belle-mère d'Armand, dont l'appartement surplombe la pharmacie. La mise en scène est très "réaliste" pour qui a travaillé dans une pharmacie, les deux conjoints se parlent en ouvrant et fermant les tiroirs de médicaments, un personnage est coincé par le système des casiers qui s'emboitent, etc...
Mais, pendant cette première scène, Armand la tête enfermée dans une boite de magie, on lui annonce au téléphone la mort de Berthe, sa grand-mère, qu'il ne voyait plus depuis qu'elle était enfermée dans une maison de retraite. S'en suit un ballet, un combat entre deux entrepreneurs de pompes funèbres, c'est le volet loufoque du film (qui l'est en filigrane un peu tout le long du récit) : il y a le chouchou de la belle-mère, amoureux d'Hélène, avec ses propositions sur Smartphone de cérémonies "Twilight" et l'artisan (interprété par le réalisateur) qui bricole des enterrements bon marché entre deux pannes de corbillard.
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La part la plus touchante, c'est l'arrivée dans cette chambre vidée de son occupante mais remplie de toute sa vie, et, en particulier, d'une énorme malle indienne de magie, avec, au mur, l'antique affiche d'un magicien, dans les tiroirs, les lettres d'amour de Berthe à cet homme marié à l'époque... Vivante, Berthe était morte pour Armand, décédée "pour de vrai", elle ressuscite par l'exploration de son passé, expliquant par cette part de vie secrète son penchant à lui pour la magie. Il y a-t-il quelque chose de plus triste au monde que les affaires d'un mort bien rangées dans sa chambre le réduisant à cette accumulation d'objets matériels dérisoires comme la somme, le bilan d'une vie? En faisant parler ces objets, le réalisateur donne une seconde vie à Berthe, la grand-mère injustement reléguée, oubliée dans cette maison de retraite, où, sur place, les autres pensionnaires, en gardent un souvenir bien différent que celui de sa famille qui n'en possède aucun.
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Il y a des seconds rôles qui ont du sel comme Pierre Arditi dans le rôle du père amnésique, délirant, Michel Vuillermoz (le croque-mort) et ceux surnuméraires comme Noémie Lvovsky (y-a-il encore un film français sans qu'elle figure au casting collée comme un timbre?) dans celui d'une cinglée pot de colle des cimétières. Si Valérie Lemercier fait du VL, comme d'habitude, le couple Denis Podalydès (Armand) et Isabelle Candelier (Hélène) est très convaincant, quand à Catherine Hiegel (la belle-mère), elle confirme, si besoin était, qu'elle est une des grandes comédiennes françaises.
Denis Podalydès lors de la présentation du film au CEFF le vendredi 8 juin 2012
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