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LES FEMMES DU BUS 678, film de Mohamed DIAB

Par Geybuss

LES FEMMES DU BUS 678, film de Mohamed DIAB

Synopsis :

Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d’aujourd’hui, aux vies totalement différentes, s’unissent pour combattre le machisme impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient. Devant l’ampleur du mouvement, l’atypique inspecteur Essam mène l’enquête. Qui sont ces mystérieuses femmes qui ébranlent une société basée sur la suprématie de l’homme ?

Drame égyptien avec : Nahed El Sebaï, Bushra Rozza, Nelly Karim

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Mon humble avis : J'arrive un peu après tout le monde avec ce film sorti déjà depuis un moment (lors de mes vacances), mais je suis très contente d'être parvenue à le glisser dans mon emploi du temps avant qu'il ne soit trop tard. Guettez le programme de votre salle obscure et si vous y lisez encore ce titre, précipitez vous.

Plus informatif que distrayant,c'est un film qui a le courage, le mérite, l'urgence d'exister. Il est tiré de faits réels, donc pourrait presque s'approcher du documentaire ou d'un genre autofiction... mais sans édulcorant. C'est un film fait avec des matériaux bruts. La vérité qui est brutale, outrageante, révoltante, écoeurante. En ça, je trouve le pitch bien tiède qui évoque le machisme impuni des hommes égyptiens. A ce niveau là, il ne s'agit plus de machisme mais de harcèlement et de violence sexuels. Les italiens passent souvent pour machistes, ce n'est pas pour autant qu'ils inspireraient un tel film. Dommage donc qu'un pitch soit frileux là où un film abat les murs !

Trois femmes, toutes différentes. Seba, la trentaine, vit à l'occidentale. Nelly, la vingtaine, vit la jeunesse et les traditions religieuses en même. Et enfin, Fayza, mère soumise à son mari et de condition très modeste. Chacun va subir une agression sexuelle, en pleine rue, en pleine foule, ou dans un bus bondé. Pour Faiza, c'est tous les jours, car c'est tous les jours qu'elle prend le bus pour se rendre à son travail et que les hommes, mine de rien, viennent faire frotti frotta contre elle. Chez toutes les 3, on sent la souillure, la blessure, la colère,le dégoût, la rage, la révolte, la haine, ou tout à la fois. Car personne ne fait rien. Ce film dénonce l'hypocrisie d'une société (les familles font têtes basses pour protéger la réputation), des hommes (qui sont ici d'une lâcheté déconcertante), du pouvoir en place (jusqu'en 2009, l'agression sexuelle n'était même pas un délit en Egypte) et surtout, de la religion Musulmane (l'acte sexuel étant interdit avant le mariage, la vie de plus en plus dure et chère en Egypte, les hommes tardent à pouvoir prendre épouse faute de logement et de travail dignes.... alors, il se passe cela, viols et agressions sexuelles pour assouvir les besoins et les fantasmes de ces messieurs). Je critique ici l'hypocrisie de la religion musulmane, mais on pourrait en dire presque autant sur les conséquences de la religion catholique dans un autre domaine. Bref, les religions rétrogrades amènent leurs plus grands pratiquants au crime pour ne pas se défausser envers leurs traditions. Cela me dégoûte et m'horripile.

Bref, ces 3 femmes vont se rencontrer et s'unir dans une lutte qui sera tellement dure qu'elle les séparera. Ce film n'est pas un thriller, et pourtant, c'est le noeud dans la gorge et la boule au ventre que l'on pénètre chaque jour dans le bus avec Faiza. Ces scènes sont extrêmement bien filmées. La jeune Nelly subit les pressions de sa famille et de son fiancé pour retirer sa plainte. Seba a quitté son millionnaire médecin de mari qui après l'agression, a eu besoin de réfléchir.... C'est Seba le cerveau de cette équipe.... Et au vu des conséquences, elle finira par douter de la légitimité de son combat et d'elle même. C'est atroce... Dans ce film, dans cette réalité qui date de deux ans (une loi interdit l'agression sexuelle maintenant en Egypte mais comme le sujet et tabou, très peu de femmes portent plainte...) la victime est présumée coupable à l'avance et le coupable devient la victime... Ceci se passe en Egypte, au Caire, dans l'une des plus grandes villes du monde. Cela se passe certainement dans d'autres villes de pays où la femme n'a quasiment aucun droit et est une quantité négligeable dressée à se taire et à subir. Et pendant ce temps, je suis allée en vacances seule sans me faire harceler, j'ai pu me mettre en petite tenue légère sans me faire traiter de fille de rien par les hommes ni d'allumeuse responsable par mes consoeurs les autres femmes. Et pendant ce temps aussi, au boulot, je continue à vendre des séjours balnéaires soleil maillots de bain en Egypte. Personne ne se pose de question. Tout le monde est content : j'ai fait une vente, une famille prépare ses vacances, alors qu'une Faiza se fait agresser au Caire malgré son voile et ses épaisseurs de vêtements...

Heureusement, Mohamed Diab remet les pendules à l'heure avec ce film et prouve par la même occasion que tous les hommes ne sont pas des obsédés sexuels et se sentent même on ne peut plus concernés par la cause des femmes. Chapeau bas à lui !


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