A la lecture de ce livre de Rob Sheffield, il paraît difficile d'éviter la comparaison avec le fameux "Haute Fidélité" de Nick Hornby, à la différence près que l'Américain est moins accro aux tops en tout genre. Pas de classement des petites amies ici, juste une juxtaposition d'anecdotes en relation avec l'adolescence de l'écrivain marquée par la musique pop (au sens large du terme) des eighties. Et au final, je dois admettre me sentir plus proche de la culture britannique de Hornby, sans doute parce que la Manche est plus étroite que l'Atlantique, même si Sheffield a des origines irlandaises. Les goûts assez éclectiques et surtout très "grand public" de ce dernier m'éloignent de son pourtant indéniable amour de la pop. C'est d'ailleurs quelque chose qui m'a toujours surpris chez certains "malades" de musique, leur côté très ouvert. Pour moi, une passion, ça implique forcément une sélection drastique, des prises de position bien tranchées que d'aucuns pourraient trouver élitistes. Reste une façon drôle et ludique d'évoquer ses jeunes années. Et puis, cet étonnant attachement à Duran Duran, ce groupe pour midinettes, comme si, parce qu'il n'arrivait pas à aborder les filles, l'auteur avait voulu les toucher indirectement par cette adoration commune. Aussi, je reste jaloux des gens qui gardent ainsi une nostalgie de la musique de leur adolescence. Je sais, c'est dur à dire, mais j'ai du mal à assumer mes goûts de cette période-là. Du coup, inévitablement, mes souvenirs se font plus silencieux ou alors moins agréables. Alors que Sheffield, non seulement, aimait Duran Duran, New Kids On The Block ou encore Bonnie Tyler, (avec les Smiths et les Replacements quand même) mais continue encore de les apprécier aujourd'hui. Il n'y a pas une once de reniement dans sa démarche et c'est sans doute ce qui fait la force de ce livre. Son auteur est resté un grand enfant. Comme tout amateur de pop ?
The Go-Go's - Our Lips Are Sealed
"Je rêvais d'être le seul membre masculin des Go-Go's. Je ne pouvais pas imaginer un trip rock star plus ultime. Je m'étais fait tout le film dans ma tête. J'allais apprendre à jouer de la basse et je remplacerais Kathy Valentine. Je deviendrais le grand amour de Jane Wiedlin, et elle m'emmènerait chez son coiffeur pour m'arranger parce que je n'aurais pas présenté assez bien pour l'accompagner dans les endroits trop cool où elle allait."
The Human League - Love Action
"La new wave était un état d'esprit avant d'être une manière de s'habiller. Mais quand même, qu'est-ce qu'il était moche, ce futal à pinces ! Il y avait quelque chose dans cette musique qui poussait à la dévotion chez les reclus, les losers et les mecs dans mon genre, plus observateurs qu'acteurs. Nos stéréos scintillaient au rythme des "beep" électroniques qui en sortaient, et nous étions envoûtés, prêts à parcourir ce vaste nouveau monde qui s'offrait à nous."
Haysi Fantaysee - Shiny Shiny
Bon, mais sérieusement, Haysi Fantaysee? Vous pouvez être sûr que lorsque le bon Dieu distribuait des cerveaux, ces mecs devaient être en train de ronfler dans une cave. [...] On ne vit pas dans un monde parfait, l'humanité est un égout de vanité et de corruption, et une chanson comme "Shiny Shiny" est le prix que nous fait payer l'Univers pour nos péchés."
Duran Duran - All She Wants Is
"Ils chantaient "All she wants is, all she wants is" - mais ils se gardaient bien de nous révéler l'objet de son désir. J'étais certain qu'ils le savaient. Je trouvais ça vraiment dégueulasse.[...] "All She Wants Is" me ramène à la question originelle : qu'est-ce que veulent les filles ? C'est là que commence le mystère."