-Le Palais Royal, siège du Conseil d'Etat-Depuis la création de la juridiction administrative, la rédaction des décisions qu’elle rend a relativement peu évolué, se décomposant principalement en 3 grandes parties (les visas, c'est à dire les règles de droit applicables, les motifs c'est à dire la réponse du juge aux diverses questions de droit, et le dispositif c'est à dire la solution du litige) au cours d’une "phrase unique" composée de points-virgules et de considérants, consacrant la compétence de la juridiction rendant la décision, et sa mission de représentation (« Au nom du peuple français ») : pour un exemple, voir ici.Cependant, bien que ce modèle permet un raisonnement d’une grande rigueur et d’une grande qualité, par le biais de syllogismes (raisonnements logiques par étapes, basés sur des propositions et amenant à une conclusion), le rapport est censé répondre à une nécessité de clarification des arrêts à l’attention des justiciables, pour rendre ces décisions plus lisibles, en en clarifiant le sens, en facilitant sa compréhension et en adaptant la motivation, afin de mieux correspondre aux nouveaux besoins des justiciables, qui répondent par ailleurs à des profils différents et changeant (par le biais de nouveaux contentieux en forte évolution comme celui des étrangers ou les contentieux sociaux). De plus, la transcription de ces décisions en langue étrangère apparaît plus complexe, à l’heure où les juridictions nationales sont toujours plus appelées à coopérer avec des juridictions étrangères. Le but est donc de parvenir à une meilleure intelligibilité des décisions de justice (ce qui participe en partie à l’impératif actuel de sécurité juridique), par la modification de la forme, du style et du contenu des décisions, sans pour autant perdre en rigueur en terme de raisonnement, ni accroître la charge de travail des magistrats, et en conservant également une certaine « synergie » de la rédaction des décisions (formation de jugement, collégialité des délibérations, …). Le but ne consiste pas non plus dans une vulgarisation qui consisterait à répondre de façon trop simple, ou à des motivations excessives et sans incidence sur le litige. L’équilibre est ainsi d’autant plus difficile à trouver qu’il existe des inconvénients et avantages, mais également et surtout des divergences de vues entre professionnels du droit : il s’agit de ne pas porter une atteinte trop importante au fonctionnement et aux méthodes de travail des juridictions et de leurs acteurs, afin notamment de ne pas trop allonger les délais de jugement. Le vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc SAUVE, a par conséquent initié une réflexion pour modifier le problème de la rédaction, confiant la mission à Philippe MARTIN (Président adjoint de la section du contentieux du Conseil d’Etat). 3 moyens ont été utilisés pour l’élaboration de ce rapport : -auditionner les principaux publics concernés par la rédaction des décisions administratives (greffiers, magistrats, justiciables par le biais des avocats).-procéder à une étude de droit comparé avec des décisions de juridictions d’autres pays en Europe (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, …) et ailleurs (Brésil, Etats-Unis, …), nécessaire sans doute pour explorer de nouvelles pistes de réflexion sur la rédaction des décisions de justice. -essayer de rédiger des décisions pour illustration en suivant les propositions retenues, pour mieux comparer avec la rédaction actuelle. Il convient donc d’abord d’évoquer les 18 propositions retenues, se regroupant en 3 grands types de modifications, puis de rendre compte de la suite de ce rapport en terme de proposition de mise en œuvre.
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Justice administrative – Vers une réforme de la rédaction des jugements ?
Publié le 23 juin 2012 par Vindex @BloggActualite-Le Palais Royal, siège du Conseil d'Etat-Depuis la création de la juridiction administrative, la rédaction des décisions qu’elle rend a relativement peu évolué, se décomposant principalement en 3 grandes parties (les visas, c'est à dire les règles de droit applicables, les motifs c'est à dire la réponse du juge aux diverses questions de droit, et le dispositif c'est à dire la solution du litige) au cours d’une "phrase unique" composée de points-virgules et de considérants, consacrant la compétence de la juridiction rendant la décision, et sa mission de représentation (« Au nom du peuple français ») : pour un exemple, voir ici.Cependant, bien que ce modèle permet un raisonnement d’une grande rigueur et d’une grande qualité, par le biais de syllogismes (raisonnements logiques par étapes, basés sur des propositions et amenant à une conclusion), le rapport est censé répondre à une nécessité de clarification des arrêts à l’attention des justiciables, pour rendre ces décisions plus lisibles, en en clarifiant le sens, en facilitant sa compréhension et en adaptant la motivation, afin de mieux correspondre aux nouveaux besoins des justiciables, qui répondent par ailleurs à des profils différents et changeant (par le biais de nouveaux contentieux en forte évolution comme celui des étrangers ou les contentieux sociaux). De plus, la transcription de ces décisions en langue étrangère apparaît plus complexe, à l’heure où les juridictions nationales sont toujours plus appelées à coopérer avec des juridictions étrangères. Le but est donc de parvenir à une meilleure intelligibilité des décisions de justice (ce qui participe en partie à l’impératif actuel de sécurité juridique), par la modification de la forme, du style et du contenu des décisions, sans pour autant perdre en rigueur en terme de raisonnement, ni accroître la charge de travail des magistrats, et en conservant également une certaine « synergie » de la rédaction des décisions (formation de jugement, collégialité des délibérations, …). Le but ne consiste pas non plus dans une vulgarisation qui consisterait à répondre de façon trop simple, ou à des motivations excessives et sans incidence sur le litige. L’équilibre est ainsi d’autant plus difficile à trouver qu’il existe des inconvénients et avantages, mais également et surtout des divergences de vues entre professionnels du droit : il s’agit de ne pas porter une atteinte trop importante au fonctionnement et aux méthodes de travail des juridictions et de leurs acteurs, afin notamment de ne pas trop allonger les délais de jugement. Le vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc SAUVE, a par conséquent initié une réflexion pour modifier le problème de la rédaction, confiant la mission à Philippe MARTIN (Président adjoint de la section du contentieux du Conseil d’Etat). 3 moyens ont été utilisés pour l’élaboration de ce rapport : -auditionner les principaux publics concernés par la rédaction des décisions administratives (greffiers, magistrats, justiciables par le biais des avocats).-procéder à une étude de droit comparé avec des décisions de juridictions d’autres pays en Europe (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, …) et ailleurs (Brésil, Etats-Unis, …), nécessaire sans doute pour explorer de nouvelles pistes de réflexion sur la rédaction des décisions de justice. -essayer de rédiger des décisions pour illustration en suivant les propositions retenues, pour mieux comparer avec la rédaction actuelle. Il convient donc d’abord d’évoquer les 18 propositions retenues, se regroupant en 3 grands types de modifications, puis de rendre compte de la suite de ce rapport en terme de proposition de mise en œuvre.