Magazine Culture

The Kids Are Alright

Publié le 23 juin 2012 par Olivier Walmacq

kids_are_alright

Genre : rockumentaire (au diable les conventions!)

Année :1979

Durée : 109 minutes

L'histoire : Jeff Stein, jeune fan américain du groupe, décide de réaliser un film retraçant la carrière des Who, des débuts en tant que High Numbers en 1964 jusqu'à 1978. Il réussit à s'attirer le concours actif d'un groupe pourtant réticent au début. Le résultat final est un assemblage de séquences live, de clips promotionnels et d'interviews plus ou moins sérieuses...

La critique de Leslie Barsonsec :

Demandez à un quidam moyen quels sont les artistes rock symbolisant selon lui les "Golden Sixties" : il est fort à parier que les Beatles, les Stones, Dylan, Hendrix soient les noms qui reviennent le plus souvent (ou Johnny Hallyday pour les plus pervers et/ou cons).
Pourtant il y eut d'autres artistes à l'importance primordiale, sans pour autant avoir frappé l'inconscient collectif avec la même intensité (en France cela s'entend...).
De cette catégorie que Pete Townshend lui-même qualifie de "seconde division", les Who sont sans conteste les principales figures.
On parle ici d'un groupe proto-punk avant l'heure, champions de la ritournelle pop sociologisante dans les 60's, puis auto-proclamés inventeurs de l'opéra-rock (bien que "SF Sorrow" ou "Arthur" aient été réalisés avant "Tommy"...), et bateliers infatigables du hard-rock naissant dans les stades des 70's...

En plus d'être un groupe protéiforme, les Who étaient surtout constitués de quatre personnalités bien distinctes et bien trempées, dirons-nous : Pete Townshend, guitariste-compositeur-théoricien à toute heure ; Roger Daltrey, petite frappe hargneuse des bas-quartiers londonniens reconverti en messie du flipper ; John Entwistle, bassiste effacé (en apparence...) doué pour l'humour macabre, et enfin last but not least, Keith Moon, batteur rock au sens de l'improvisation jazz, clown fantasque et suicidaire, acteur démoniaque et tant d'autres choses encore.

Le propos de ce film est autant de retracer une trajectoire exemplaire, que de faire acte de témoignage d'une époque où le rock était tout : forme principale de divertissement, capable de susciter des vocations de rebelles et l'agacement des adultes, portée par des individus hors-normes avec un talent certain pour l'iconoclastie (cette interview où Townshend déboulonne la statue Beatles : "I heard their new LP with John, and I must say that the backing tracks were flipping lousy", eh oui, s'en prendre aux qualités musicales médiocres des Fab Four, difficile de faire plus iconoclaste en 1966!) et la décadence (même interview : "on dit que le groupe prend beaucoup de drogue, êtes-vous défoncés sur scène?" "Non, on est juste défoncés tout le temps!")

On a souvent glosé sur les monstres scéniques que sont les Who : et bien ce n'est pas ce film qui le confirme (tout est relatif...) : si les images des années 60 et du début des années 70 sont ébouriffantes, les images filmées en 77-78 montrent un Moon pataud, et un Townshend caricatural.
Toutefois cela reste de la bonne...(témoignage : une séquence de répétition en 77 où Moon s'avère incapable de jouer, malgré leur bonne humeur, on a envie d'en chialer...). Des séquences comme leur apparition au "Smothers Brothers Show" de 1967 restent à juste titre dans les annales.

Les interviews sont de purs moments de plaisir : intelligentes et réfléchies avec Townshend, ou littéralement déchainées et jubilatoires avec Moon.
Face à ces deux monstres, Entwistle et Daltrey ont du mal à exister (quoique le passage où Entwistle fait du ball-trap avec ses disques d'or...!!!).
Le film est un monument à la gloire du génie des deux premiers cités : Entwistle ne voulant pas tirer la couverture à lui, et Daltrey n'y parvenant pas, tout simplement. Il n'est qu'à constater le clip promotionnel de "Happy Jack" : les trois autres font les Pieds-Nickelés en goguette et Daltrey fait le larbin qui surveille la porte...

Un film à l'image de son affiche : classieux et iconoclaste. Tout amateur de rock normalement constitué se doit de rugir de plaisr à la vue de cette bacchanale !
Comme le disait tonton Lino : "Faut quand même reconnaître que c'est plutôt une boisson d'hommes!"

Note : 18/20


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Olivier Walmacq 11545 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines