Magazine Restos & Bars

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

Publié le 24 juin 2012 par Les Assiettes De Juliette @AssiettesdeJu

En nourriture comme en littérature, il faut maîtriser ses classiques. Depuis notre précédente visite au siècle dernier, le Bouillon Chartier tenait bonne place dans nos pages jaunes perso du lumpen bistrot un peu désuet. Mais en changeant de siècle, Chartier semble avoir aussi changé de business model et mis son âme en gage au Mont de Piété de l’industrie touristique…qui le lui rend bien en l’abreuvant à réguliers bouillons. La collec’ Pannini qui assombrit la fenêtre d’entrée en atteste. Trop de références tuent la référence, et l’expérience avec.

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

Il faut dire que situé dans le bas du Faubourg Montmartre, Chartier est idéalement calé dans le programme des tours operator entre le Musée Grévin et les Folies Bergère, comme un parfaite French can-can-tine pour lever le coude en attendant de voir les autres lever la jambe.

Dans la rue, une gentille pancarte vous informe que votre brasserie expérience est au fond de la cour. On se croirait chez Disney. Pas pour les souris, mais pour le sentiment un peu malaisé de faire la queue pour une attraction. Vous me direz, fallait pas être naïf. Mais bon, c’est un peu triste et déçu qu’on pénètre dans cette salle façon buffet de gare art déco qui mériterait un bon coup d’encaustique et de Miror; le Chartier aurait sûrement besoin d’un bon chantier.

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

Dans les porte-bagages qui surplombent, les sacs à dos Quechua et les sacoches Nikon ont remplacé les chapeaux melon et les pardessus, et à force d’être pris en photo, les serveurs à l’uniforme un peu élimé sont sûrement très célèbres au Japon. Maigre consolation.

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

Mais…allez venez, Milord, vous asseoir à ma table, ici c’est convivial. On partage même les carafes d’eau. La carte, elle, n’a pas changé depuis le passage à l’euro, et propose avec constance des assiettes aux prix défiant toute concurrence (le plat le plus cher, l’entrecôte, est à €12,40) :  œufs mayo, frisée aux lardons, avocat crevettes, poulet frites, bourguigon coquillettes, langue de bœuf sauce piquante…. un catalogue bien étudié pour appétits peu regardant.

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

Point de vue qualité, c’est entre le Flunch et le restaurant d’altitude, les plateaux et les Nordica en moins. Les couverts manquent de brillant, les assiettes un peu grisâtres et le pain sec et industriel donnent envie de pleurer…. On a un peu honte vis-à-vis de nos voisins taïwanais habitués à tout de même plus de finesse dans leurs contrées; honte pour nous, car eux semblent ravis et règlent la maigre addition avec sourire avant de cocher la case Chartier dans leur programme du jour. Ça, c’est fait. Next please.

Bouillon Chartier: faut tout de même par charrier

 Conclusion : avec un bon marketing, on arrive à tout. C’est dommage, car l’image de la gastronomie française à l’export en prend un gros coup. Il nous reste à dire à M. Chartier, droit dans les yeux, qu’on espère que le Bouillon revienne rapidement à la raison.

Où: 7 rue du Faubourg Montmartre 75009 – 01 47 70 86 29

Quand : avant 18h30 si vous voulez éviter le car A et le car B. En fin de soirée pour combler une envie irrépressible de salade de tomates à €1,90 et une compote de pommes à €2,20.

Avec qui : un critique du Petit Futé pour lui faire revoir sa reco, Jean-Pierre Coffe, pour le plaisir de l’entendre jurer…comme un chartier.

A vos pieds : des chaussures de randonnée. C’est laid mais c’est confortable

Dans votre ipod : “Je préfère mangr à la cantine”, Carlos

www.restaurant-chartier.com


Retour à La Une de Logo Paperblog