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Affliction du quinquagénaire (joyeuse cacophonie ou graves dissonances ?)

Par Borokoff

A propos d ’Adieu Berthe ou l’enterrement de Mémé de avec Denis Podalydès ★★★½☆

Bruno Podalydès - Adieu Berthe ou l’enterrement de Mémé de avec Denis Podalydès - Borokoff / Blog de critique cinéma

Bruno Podalydès

A Chatou (Yvelines), Armand (Bruno Podalydès), un pharmacien proche de la cinquantaine, vit et travaille avec sa femme Hélène (Isabelle Candelier), mais entretient une relation adultère avec Alix (Valérie Lemercier). Alors qu’il répète un tour de magie pour l’anniversaire de la fille d’Alix, Armand apprend que sa grand-mère Berthe vient de mourir. Décontenancé, abasourdi, Armand ne sait plus où donner de la tête, entre une belle-mère acariâtre (Catherine Hiegel), son divorce imminent, un fils en crise et un père atteint de la maladie d’Alzheimer (Pierre Arditi)… Mais qui était Berthe au fait ? Et qu’aurait-elle voulu ? Etre inhumée ou incinérée ? Très affecté, alors qu’il en avait oublié jusqu’à son existence, Armand plonge peu à peu dans les souvenirs d’une vieille dame qui s’était éprise dans sa jeunesse… d’un magicien.

Huitième collaboration entre Denis et Bruno Podalydès, Adieu Berthe ou l’enterrement de Mémé est aussi le quatrième film co-écrit par les deux frères,  célèbres notamment pour leur trilogie sur Versailles dont ils sont originaires.

Comment qualifier Adieu Berthe ou l’enterrement de Mémé ? Ce n’est pas une pure comédie où l’on rit de bout en bout, mais à la fois une fable enchanteresse et féérique, pleine de fantaisie et de loufoque et la chronique douce amère d’un quinquagénaire qui cherche à fuir les problèmes familiaux et conjugaux qui s’accumulent autour de lui alors que le doute le gagne comme une déprime de plus en plus sévère.

Valérie Lemercier, Bruno Podalydès - Adieu Berthe ou l’enterrement de Mémé de avec Denis Podalydès - Borokoff / Blog de critique cinéma

Valérie Lemercier, Bruno Podalydès

La mort de Berthe est prétexte chez Armand à une profonde remise en question. Une introspection en forme de crise de la cinquantaine…

Armand est resté un enfant au fond de lui. Un grand enfant qui roule, tête en l’air, en trottinette électrique et rêve avec une certaine nostalgie, et des regrets sûrement, à la carrière de magicien qu’il n’a pas eue…

A l’étroit dans sa blouse de pharmacien, coincé entre sa belle-mère et son fils, son père et sa femme qui est restée, on le sent, très amoureuse de lui, Armand est un bourgeois qui est peut-être passé à côté de sa vie. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil, sauf lorsque sa maitresse hystérique lui hurle dans un cimetière (drôle d ’endroit) de « péter un coup, sortir sa bite et d’arrêter de faire chier ! ». Là, le film bascule dans autre chose, dans une autre dimension vraiment drôle sans que le rythme ne s’accélère non plus jusqu’à rendre le film délirant. On reste, chez Podalydès, dans une retenue et une forme de pudeur qui vont de pair avec la lenteur voire la langueur de la mise en scène. Etonnant pour une comédie, mais ce temps suspendu créé ici une dimension enchanteresse et magique, qui fait penser aux films de Otar Iosseliani parfois.

Armand aurait-il raté sa vie ? C’est ce qu’il doit se demander, lui qui semble de plus en plus dépassé par les évènements voire à bout de nerfs. La magie, par exemple, passion secrète qu’il a un peu refoulée en lui, lui fait nourrir des regrets sans doute sur ce qu’il aurait pu faire, mais tout cela est exprimé avec finesse et suggestion chez Podalydès, presque sur un ton badin.

Car l’enjeu est ailleurs, dans la joyeuse pagaille d’un film qui mélange subtilement la mélancolie de son héros à un univers comique plein de poésie, où des croque-morts se battent pour proposer la meilleure offre (morbide) de cercueil à un Armand paumé et pas concerné. Ce commerce sur la mort donne lieu à une brillante et grinçante démonstration de rire, une satire macabre teintée de moralisme, où deux compagnies de pompes funèbres s’affrontent pour emporter le corps de Berthe. L’une, très « à l’ancienne », est tenue par le nonchalant Monsieur Grinda (Denis Podalydès), secondé par son solennel assistant (Samir Guesmi). L’autre, beaucoup plus sophistiquée, est la propriété d’un inénarrable entrepreneur aux allures de gourou (Michel Vuillermoz), figure récurrente du cinéma des deux frères Podalydès, dont on retrouve à nouveau toute l’originalité et la profondeur de l ’univers burlesque, entre sérieux et farfelu, grave et ironique, lyrisme et dérision. Un regard critique et intelligent, drôle et distant, qui met en exergue certaines absurdités du monde contemporain avec talent. Mais ce film, le plus personnel, le plus mature et maitrisé qu ’ils aient fait ensemble, n ’est-il pas un peu autobiographique même ?…

http://www.youtube.com/watch?v=UuPvIg4IF-c

Film français de et avec Bruno Podalydès avec Denis Podalydès, Valérie Lemercier, Isabelle Candelier, Bruno Podalydès, Michel Vuillermoz, Pierre Arditi, Catherine Hiegel… (01 h 40).

Scénario de Bruno et Denis Podalydès :

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Mise en scène :

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½
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Acteurs : 

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Dialogues :

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Compositions :

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