Ils sont Rouennais, occupent le même poste, mais leur terrain de jeu est différent. Ils ont remporté des titres avec leurs clubs respectifs et seront 2e gardien junior de leur équipe à la rentrée. Quelle perception ont-ils de leur fonction ? A quels questionnements sont-ils confrontés ? Quelle est leur personnalité ? Réponses croisées avec Antoine Trombetta, vice-champion d'Europe en titre avec les Spiders de Rouen (roller hockey) et Guillaume Duquenne, champion de France cadets 2010 et 2011 avec les Dragons de Rouen (hockey sur glace). Premier volet...
Guillemette Flamein : comment avez-vous débuté le hockey et pourquoi être devenu gardien ?
Antoine Trombetta
Antoine Trombetta : je faisais du street dans la rue et un jour, mon frère m’a fait jouer au poste de gardien. Cela m’a plu. Je suis gardien aux Spiders de Rouen depuis 6 ans. J’ai 17 ans.Guillaume Duquenne : j’ai commencé à patiner à l’âge de 3 ans et demi à la patinoire de Dunkerque. A l’âge de 7 ans, je suis devenu gardien parce que mon entraîneur trouvait que j’étais très calme. Je suis arrivé aux Dragons de Rouen à l’âge de 14 ans. J'ai 19 ans.
G. F. : quel numéro portez-vous et pourquoi ?
A. T. : je porte le numéro 47. Au début, j’avais le numéro 5. Je trouvais ça moche car pour moi, ce n’était pas un numéro de gardien. Le 47 est l’addition de mes numéros favoris : le 4, le 5, le 11 car j’ai commencé à 11 ans et le 27, parce que je suis né le 27.
G. D. : je porte le numéro 23. J’avais le numéro 1 quand je jouais à Dunkerque. Quand je suis arrivé à Rouen, on m’a donné le 23 que j’ai gardé. Le numéro ne change rien pour moi.
G. F. : comment décririez-vous votre style de jeu ?
A. T. : je dirais que j’ai un style plus papillon.
G. D. : j’ai un style très technique, très papillon.
G. F. : quels sont vos points forts en jeu ?
A. T. : le jeu au sol, le papillon
G. D. : la technique. Je dirais aussi la vitesse, même si je dois encore la travailler par rapport au niveau de jeu auquel je suis confronté.
G. F. : vos points faibles ?
A. T. : incontestablement ma lenteur. Il faut vraiment que je travaille ma rapidité
G. D. : la lecture du jeu, mais elle se travaille avec l’âge et l’expérience, et aussi la préparation d’avant-match selon les matches que je dois jouer (Ndlr : Guillaume Duquenne joue aussi en D2 et a été back up de Fabrice Lhenry en senior sur quelques matches). G. F. : que pensez-vous apporter à votre équipe ?
A. T. : de la confiance, c’est très important pour l’équipe qu’elle sache que tu es présent pour elle dans les buts.
G.D. : de la confiance, ce qui rend le poste de gardien très important dans une équipe car si cette dernière ne croit pas en toi, c'est très difficile.
G. F. : comment travaillez-vous avec votre défense ?
A. T. : c’est mon gros défaut, je ne parle pas assez avec mes défenseurs. Ma timidité reprend le dessus. Je devrais plus le faire, ils le demandent. Mais quand je les vois en match tellement concentrés sur le jeu et le palet, je ne veux pas les déranger en leur disant qu’ils fassent attention au joueur qui est tout seul au 2e poteau par exemple…
G. D. : en match, je parle beaucoup avec mes défenseurs. Je les encourage à l’entraînement. Je discute avec eux de certains détails comme les situations de 2 contre 1 ou lorsque l'on est en infériorité numérique par exemple. Il faut que je sache comment ils vont se placer devant moi. G. F. : quel est le plus dur pour un gardien : le mental, la lecture du jeu, la maîtrise technique ?
A. T. : tout est important ! Mais le mental est, à mon avis, ce qu’il y a de plus dur. Il faut accepter d’encaisser des buts sans râler. C’est vraiment mon gros point faible je dirais, avec la confiance. Je n’ai pas confiance en moi.
Guillaume Duquenne face à Anglet
G. D. : la lecture du jeu se travaille avec le temps, la vidéo, l’expérience. La technique ne fait pas tout. Tim Thomas (Boston) n’en a aucune, contrairement à Jonathan Quick (Los Angeles). Le mental est ce qu’il y a de plus dur. On a un préparateur mental qui nous apprend comment gérer certaines situations. Mon mental est normal, je dois le travailler pour être vraiment plus constant.G. F. : qu’est-ce qui vous fait tenir dans un match alors que l'issue en semble compromise ?
A. T. : tout dépend de l’équipe. Si je sens qu’elle a complètement lâché, c’est dur de ne pas en faire autant. Si elle s'accroche, alors je me bats et je ne lâche rien. Tout dépend aussi des matches car il y a des scores où tu te dis que quoi que tu fasses, tu ne pourras rien rattraper.
G. D. : le fait de positiver, de comprendre comment je prends les buts, de se dire qu’un match n’est jamais fini, qu’il ne faut jamais rien lâcher car au hockey, tout va très vite.
G. F. : qu’est-ce qu’est le plus difficile à vivre en jeu par rapport à vos coéquipiers ?
A. T. : de commettre l’erreur qu’il ne fallait pas au moment où il ne fallait pas. Là, tu te sens vraiment mal.
G. D. : si je fais une boulette énorme comme prendre un but à un moment-clé. Là, je me sentirai vraiment mal à l’aise par rapport à l’équipe.G. F. : qu’est-ce qui pourrait vous faire sortir totalement de votre match ?
A. T. : les erreurs d’arbitrage, comme j’ai pu en vivre à Tours, lors des demi-finales du championnat de France cadets, dans le match contre Rennes (31 mars). Je gèle le palet avec la mitaine. Le joueur de Rennes va le chercher et le pousse dans le but. L’arbitre attend pour siffler et accorde le but. Cela m’a complètement fait sortir de mon match.
G. D. : je ne sais pas car cela ne m’est jamais arrivé.G. F. : que redoutez-vous le plus en tant que gardien ?
A. T. : qu’on prenne ma place de premier gardien.
G. D. : c’est de faire une erreur bête en cours de match. Je ne redoute pas qu'on prenne ma place de premier gardien car je suis le 2e quelle que soit la catégorie dans laquelle je joue (rires). G. F. : qu'aimez-vous le plus en match ?
Antoine Trombetta - Demi-finales cadets
A. T. : j’aime le beau jeu, quand c’est équilibré. J’aime le respect qu’on peut avoir entre joueurs et par rapport au jeu. Pour moi, l'idéal serait que les matches se déroulent dans le silence, comme à Roland-Garros, que le public prenne du plaisir à regarder le jeu.G. D. : c’est être là pour l’équipe, que ça aille bien ou mal.
G. F. : qu'est-ce qui vous énerve le plus en jeu dans votre équipe ?
A. T. : ce qui m’énerve le plus sur le terrain, c’est quand je n’ai pas de défense et quand l'un de mes joueurs déclenche une bagarre. J’adore gagner, mais si je perds, ce n’est pas la fin du monde ! Il y a des choses bien plus graves dans la vie. Ce qui m’énerve aussi, c’est quand l'on crie des choses dans les gradins qui ne veulent rien dire, qui n’apportent rien à l’équipe et qu’on ne comprend pas nous, sur le terrain. Ça m’énerve aussi qu’on crie sur l’arbitre.
G. D. : si je suis énervé, c’est après moi, je ne dis rien à mes joueurs. Si on a pris un but, c’est que je ne l’ai pas arrêté, point. Il est pris, il est pris. On ne reviendra pas en arrière. On passe à autre chose.
G. F. : et chez l’adversaire ?
A. T. : là encore, les gars qui cherchent la bagarre, tout comme ceux qui ne s’excusent pas après m’avoir donné des coups de crosse en passant.
G. D. : rien. Je n’ai jamais répondu aux insultes d'un adversaire ni n'en ai jamais lancé par rapport aux coups de crosse que j’ai pu recevoir.
G. F. : que vous ont apporté vos différents titres ?
A. T. : cette saison, j’ai disputé les demi-finales du championnat de France cadets et je suis vice-champion d’Europe 2012. Ce titre et le fait d’avoir joué la coupe d’Europe m’apportent non seulement un peu de confiance en moi, mais également de l’expérience. J'aimerais que les autres équipes la saison prochaine disent en nous affrontant : "Ah, c'est Rouen, le vice-champion d' Europe !"
G. D. : j’ai été champion de France cadets en 2010 et 2011 et ai eu la médaille de bronze avec les juniors des Spiders en 2010. Ce sont de très belles récompenses qui reflètent la saison réalisée. Ça ne m’apporte aucune confiance supplémentaire car le championnat est fini et il faut se remettre au travail pour la saison d’après. G. F. : vous serez 2egardien la saison prochaine. Que retirez-vous de cette situation qui n’est pas forcément facile à assumer ?
A. T. : depuis que j'ai commencé à l'âge de 11 ans, j'ai toujours été premier gardien et le seul de ma catégorie. La saison prochaine, pour la première fois, je serai 2egardien en junior. Je sais que le premier ne me laissera pas une seule occasion de jouer. Je ne lui donnerai pas non plus de conseil car je sais qu’il m’enverra bouler. Je vais profiter de cette situation pour travailler et progresser dans le but d'essayer de prendre sa place.
Guillaume Duquenne
G. D. : c’est une chance d'être 2e gardien. En senior, cela m’a permis de voir comment les étrangers du RHE se préparaient. En junior, cela veut dire qu’il faut que je travaille toujours plus pour passer premier gardien. Ce n’est pas frustrant du tout. Les premiers gardiens méritent leur place (en référence à Sebastian Ylönen). Ils sont meilleurs que moi. A moi de travailler pour prendre leur place.Deuxième et dernière partie de cet entretien croisé demain. Elle portera sur la personnalité des deux gardiens.
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