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Mes toutes premières règles, de Gaston Mbemba-Ndoumba

Par Liss
Gaston Mbemba-Ndoumba est un auteur qui publie des essais avec une rigoureuse régularité. Les publications autres que les oeuvres de fiction, on n'en trouve pas encore à foison, surtout pour des sujets que l'on pourrait qualifier de "délicats". Dès qu'on s'aventure sur le terrain de l'intimité, les voix se font rares. Je précise bien que cette rareté ne s'observe que du côté des essayistes, car en ce qui concerne la fiction, la libération de la parole s'est effectuée assez tôt, elle est même de plus en plus à l'oeuvre dans les romans où le tabou est en voie de disparition. C'est la  société, au contraire, qui a du mal à accepter cet état de fait, au point que certains auteurs, certains romans qui, par exemple, traitent de sexualité sans que le langage ne soit bridé sont très mal accueillis.
Mes toutes premières règles, de Gaston Mbemba-Ndoumba
Gaston Mbemba-Ndoumba, lui, embrasse tout ce qui touche la société : du décapage de la peau aux transports urbains, en passant par la sorcellerie, ses livres se veulent un reflet de la société telle qu'elle se vit aujourd'hui en Afrique mais aussi ailleurs, comme le témoigne son dernier livre : Mes toutes premières règles, sujet qui concerne les femmes du monde entier. Mais combien parmi elles pourraient affirmer qu'elles savaient à quoi s'attendre ? Combien ont eu précédemment avec leurs parents une conversation qui les préparait à l'apparition de ces règles ? C'est très souvent au moment où elles se produisent que les proches, la maman en particulier, se voit obligée d'aborder le sujet, elle qui croyait que ce changement de statut de fille en femme n'allait pas survenir de sitôt. On remet toujours à plus tard ces discussions où l'on doit voir sa fille, son fils, non plus comme un enfant, mais comme un homme, une femme en devenir. Et puis un jour on est devant le fait accompli.
Mes toutes premières règles, que l'auteur dédie à sa fille, se présente comme le témoignage de diverses femmes qui racontent justement leurs premières règles. C'est une idée de Yéléna, le personnage principal, qui a le projet d'écrire un livre là-dessus, afin de "permettre aux filles, aux garçons et aux parents de dédramatiser cette question si intime et d'en parler librement." (p. 12) 
La première de couverture porte la mention "Essai", mais peut-on raisonnablement le considérer ainsi, puisque le "je" du livre est le "je" du narrateur, qui rapporte l'expérience de Yéléna ? Celle-ci est une toute jeune francilienne, elle a l'idée de recueillir le témoignage de tantines, copines ou simples connaissances, qu'elle rencontre à différents endroits touristiques de Paris : la Tour Eiffel, le Louvre, Notre Dame de Paris etc. Les récits de ces femmes sont donc aussi l'occasion d'une ballade dans Paris.
Ce livre, on ne pourrait pas non plus le nommer "roman", puisqu'il ne comporte pas d'intrigue, d'histoire. Quelle que soit la manière dont vous le considérez, il n'en demeure pas moins que, si vous êtes femme, vous serez amenée à vous ressouvenir de cette expérience unique, et si vous êtes homme, vous ne vous interrogerez pas moins sur ce phénomène qui touche les femmes : votre mère, votre compagne, votre soeur, votre amie le vivent ou l'ont vécu au quotidien : quel regard portez-vous sur elles ? Est-ce que, lorsqu'elles ont leurs règles, vous considérez qu'elles sont "sales" (comme un des personnage se le laissera dire) ou "impures" comme le stipule la Bible dans l'ancien testament ?
Gaston M'bemba-Ndoumba, Mes toutes premières règles, Editions Bénévent, 2012, 118 pages, 13.50 €.


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