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Bruxelles, Paris, Bretagne, Pays Basque, Languedoc : La pêche artisanale veut se faire entendre

Publié le 28 juin 2012 par Erwan Pianezza

C'est une initiative originale qui voit le jour : les associations locales de pêche artisanale se sont entendues et ont démarché les ONG comme le WWF ou Greenpeace pour aller défendre leurs intérêts face aux professionnels du lobbying qui agissent à Paris et Bruxelles.

La pêche artisanale, qui représente 80% de la flottille en France, a donc  décidé de se fédérer afin de défendre ses droits, à Paris comme à Bruxelles, avec l'aide de Greenpeace et du WWF pour "sortir du cliché amis des poissons contre amis des pêcheurs".

"Nous voulons faire entendre la voix des petits métiers de la pêche parce que nous sommes absents de toutes les instances décisionnaires", a expliqué Anne-Marie Vergez, patron pêcheur à Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque, devant la presse mercredi. Avec ses collègues de l'Association des ligneurs de la Pointe de Bretagne et du Syndicat des petits métiers du Languedoc-Roussillon, elle a présenté une déclaration commune de ces petits métiers "attachés à la protection de l'environnement marin, condition nécessaire à la continuité de notre activité".

La pêche artisanale se pratique avec un maximum de trois marins, dont l'armateur, sur des bateaux de moins de 12 m. Les représentants des différentes façades maritimes en métropole ont lancé un appel à tous les pêcheurs artisans de France et des régions d'Outre-mer pour créer une plate-forme nationale, comme il en existe au Danemark, en Espagne et en Grèce.

Les trois associations comptent déjà 500 adhérents au total et en espèrent 1.000 à la fin 2012. En pleine négociation à Bruxelles de la réforme de la Politique commune de pêche (PCP), les pêcheurs artisanaux soulignent qu'ils pratiquent depuis toujours une pêche responsable et durable contrairement aux grands chalutiers accusés de détruire les ressources halieutiques.

L'alliance avec les ONG peut paraître "inattendue" a noté Hélène Bourges, chargée de la campagne Océans à Greenpeace, "mais les ONG et les petits pêcheurs sont d'accord sur ce que peut être une pêche durable". "un bateau, un homme" "Les acteurs de la petite pêche artisanale, c'est souvent un bateau, un homme qui rentre tous les soirs et peut proposer un produit très très frais, nous ne sommes pas du tout dans une logique productiviste", a précisé Gwen Pennarun, président de l'Association des ligneurs de Bretagne. L'idée consiste plutôt à valoriser leur pêche par la fraîcheur, le service et la proximité et en tirer ainsi un meilleur prix. "Il faut sortir du cliché amis des poissons contre les amis des pêcheurs", a renchéri Elise Pêtre, chargée du programme pêche durable au WWF, ajoutant que la position des ONG n'est pas de se battre pour "un océan sur lequel on aurait interdit toute activité". Parmi les réformes envisagées par Bruxelles pour la nouvelle PCP, les petits pêcheurs ont reconnu qu'il fallait "mettre fin à la course aux poissons" mais rejettent l'idée de concessions de pêche transférables.

Ce système se réduira à réguler la capacité de pêche uniquement par le marché et réservera, selon eux, les droits de pêche à quelques grands armateurs alors qu'il faudrait plutôt baser l'accès aux ressources sur des critères environnementaux, sociaux et territoriaux. En Bretagne les pêcheurs artisanaux se sont imposés un arrêt biologique d'un mois de la pêche au bar. En Méditerranée, la pêche à l'anguille est suspendue volontairement pendant les trois mois d'été, alors que les décideurs à Paris et Bruxelles "attendent qu'un stock s'épuise pour prendre des décisions" a insisté Frédéric Reste, président du Syndicat des petits métiers du Languedoc Roussillon.



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