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Cowboys peu fringants (comédie frelatée ?)

Par Borokoff

A propos de La part des Anges de Ken Loach ★★☆☆☆

La part des Anges de Ken Loach - Borokoff / Blog de critique cinéma

A Glasgow, Robbie est un jeune homme qui « merde ». Délinquant violent, ce futur père de famille enchaine les galères depuis son plus jeune âge et vient d’écoper d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Tandis que sa belle famille le déteste et que des clans rivaux cherchent à lui faire la peau, Robbie fait la connaissance d’une bande de « losers » aussi sympathiques qu’Harry, leur éducateur qui les initie à la dégustation… de whisky ! Robbie se révèle être un excellent goûteur, doté d’un nez très raffiné. Un jour, la bande de joyeux lurons, qui goûte aux plaisirs des plus grands maltes de salons de dégustations en distilleries, décide de monter dans les Highlands pour y voler un whisky très rare et le revendre au marché noir…

Robbie est ce qu’on appelle en Ecosse un « Ned », où si l’on préfère une racaille violente, abonnée à l’échec (non, ce n’est pas un joueur de l’Equipe de France de football).

Partant de ce principe plein de bons sentiments qu’un « Ned » pourrait néanmoins s’affranchir et fuir l’échec qui semble inscrit dans ses gènes comme une fatalité, le scénario de Paul Laverty a imaginé une bande de joyeux pieds nickelés (dont l’un est forcément inculte et porte des lunettes aux verres épais comme des « culs de bouteille ») qui partirait dans les Highlands, habillés en kilt, pour voler le whisky le plus rare et le plus cher du monde et chercher à le revendre sous le manteau.

La part des Anges de Ken Loach - Borokoff / Blog de critique cinéma

Deux problèmes s’interposent. Le premier, le plus embêtant, c’est qu’on ne croit pas une seconde à cette histoire. Le second, c’est que la mise en scène, lente et monotone, n’aide pas non plus à faire naitre le rire, d’autant que les sketches paraissent éprouvés. Le film met d’ailleurs un temps fou à démarrer.

Robbie est pourtant joué par un excellent Paul Brannigan, acteur inconnu repéré par le scénariste lors d’une réunion de quartier à Glasgow. Ken Loach peut également s’appuyer sur un très bon John Henshaw (Harry), personnage le plus fouillé psychologiquement du film, sorte de père-éducateur, malade de voir tous ces jeunes s’enfermer dans l’alcool, la drogue et la violence.

Mais il manque un grain de folie à cette histoire un peu gentille et pleine de bons sentiments. On pense au récent et maladroit Hasta la Vista.

Qu’aurait-il fallu pour que la sauce prenne et que l’on rit ? Pourquoi surtout Ken Loach s’acharne t-il dans un fort, la comédie sociale, qui n’est pas le sien depuis Looking for Eric ? Ken Loach était bien meilleur dans un thriller comme Route Irish ou les drames sociaux qu’on lui connait.

Car dans La part des anges, outre l’indigence du scénario et des gags un peu « réchauffés », c’est surtout la mise en scène qui parait plate et sans relief. Le rythme est uniforme, monocorde. Même les péripéties les plus importantes, les moments les plus attendus, sont amenés sur un ton égal aux autres scènes.

Il aurait fallu beaucoup plus d’entrain à une mise en scène qui manque de pics de tension (dramatique et dans le rire) voire qui ronronne, loin de l’emballement qu’une telle roue libre dans les Highlands nécessitait et aurait mérité.

Plus embêtant voire agaçant est le côté larmoyant du film, dans la scène de confrontation pleine de pathos (et inutile) par exemple entre Robbie (diminutif peu crédible de Robert car les Ecossais préfèrent le surnom « Bobby », Robbie sonnant trop « british ») et une victime qu’il a tabassée.

Rien de très nouveau donc sous le soleil, donc, ni de très enthousiasmant, on l’aura compris. Gageons que Loach retrouve très vite sa verve sur un terrain où il parait beaucoup plus à l’aise et pertinent, celui des drames sociaux (My name is Joe, 1999) et des charges politiques comme l’excellent pamphlet It’s a free world, 2008. Dans ce domaine là, on n’a jamais douté de son talent…

http://www.youtube.com/watch?v=6cdzkK14MwA

Film britannique de Ken Loach avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland (01 h 41).

Scénario de Paul Laverty :

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Mise en scène : 

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½
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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de George Fenton :

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