Magazine Culture

Une version 2012 fragile, poussive et peu convaincante de Ladies Night...

Publié le 30 juin 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Capture d’écran 2012-06-30 à 10.20.52.png

Il ne suffit pas de mettre cinq gars en string sur scène pour faire de cette pièce un succès. Si en 2001, la version présentée au Rive Gauche, avec entre autres Manuel Blanc et Lisette Malidor, remporta un Molière, c'est parce qu'elle avait su donner à voir et entendre, en plus d'une plaisante comédie, la profondeur, la détresse et l'humanité de ses protagonistes, parangons d'une classe ouvrière au chomage depuis des années, cherchant à s'en sortir à tout prix dans un pays désindustrialisé, quitte à jouer les Chippendales d'un soir.

Or la mise en scène de Thierry Lavat, par ailleurs relativement brouillonne et expédiée, met un peu trop de côté cet aspect essentiel de la comédie sociale d'Anthony Mc Carten et Stephen Sinclair, écrite en 1987, adaptée par la suite au cinéma ("The Full Monty"). Disons-le, il n'est en rien aidé par les deux comédiens principaux, offrant un jeu souvent maladroit et peu sincère. Julien Tortora n'est pas un habitué des planches, cela se voit. Des gestes pas très assurés, des intentions confuses, une diction molle manquant terriblement de précision, font que l'on peine à croire au jeune père désespéré mais combatif, meneur d'équipe, qu'il incarne ... Linda Hardy, pour sa part, se regarde jouer, tout du long extérieure à son personnage de coach-chorégraphe, et n'a pas appris à poser ni timbrer sa voix. Confondant cris et autorité, elle se fatigue rapidement (et nous avec...). On craint qu'elle ne tienne pas les trois mois de représentation tant elle tire sur ses cordes vocales... 

Outre Alain Azérot, dont le surjeu décalé nous a semblé inapproprié, les seconds rôles se révèlent plus justes mais souffrent toutefois du manque de rythme patent du spectacle. Bruno Sanches, en jeune-vieux garçon introverti vivant chez sa mère pourrait être irrésistible et touchant. Patrick Rocca, en tenancier du bar où se produiront nos strip teaseurs amateurs, possède une belle énergie. Bruno Paviot, Luc Tremblais, et Xavier Martel ne déméritent pas non plus au sein d'une distribution inégale, vous l'aurez donc compris.

Ajoutons que le parti pris d'ancrer l'action en France n'est pas des plus pertinents, l'oeuvre étant génétiquement, viscéralement, anglo-saxonne, dans sa forme, ses dialogues, ses situations et personnages. Evoquer "Pôle Emploi" ou le slogan "travailler plus pour gagner plus" tient de la fausse bonne idée qui fait "pschitt"...

Monté en partie pour le festival de Ramatuelle, gageons que le spectacle supportera difficilement la comparaison qualitative avec le reste de la programmation concoctée par Michel Boujenah. On appréhende également la courbe d'audience de France Télévision lors de sa diffusion en direct le 1er août, tant les faiblesses de cette production sont évidentes... 

Dommage.

A l'Alhambra jusqu'à fin septembre. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fousdetheatre.com 3248 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte