Magazine Culture

Développer la musique classique au Maroc, c'est mon vœu.

Publié le 02 juillet 2012 par Fanazine @fanazine

Développer la musique classique au Maroc, c'est mon vœu. A tout juste 22 ans, Dina Bensaid, entame une série de concerts avec l'Orchestre Philharmonique du Maroc qui interprétera durant 5 jours le répertoire classique français. Une jeune fille à la carrière prometteuse qui livre «quelques notes» de sa passion et de ses ambitions. LE MATIN : Comment est née votre passion pour le piano ? Comment avez-vous décidé d'en faire votre métier ?
Dina Bensaid : Quand on a très tôt un instrument de musique entre les mains, celui-ci devient vite essentiel à son équilibre personnel. On apprend à l'apprivoiser, il devient notre meilleur ami, notre confident. Un moyen d'expression tout simplement. Et puis au fur et à mesure, la passion du piano s'accroît au fil des jours, des mois et des années. Le choix d'en faire un réel métier n'est arrivé que plus tard. Au début, on s'intéresse, puis on progresse. On gravit les échelons… et on peut difficilement se séparer de son piano. C'est à ce moment-là que la question de la professionnalisation se pose. Ça n'a pas été un choix facile à faire, parce que j'étais aussi très attirée par les sciences. Mais quand on réfléchit trente secondes, on se rend compte que c'est une chance inouïe d'exercer un métier musical. C'est un alliage parfait entre la profession et la passion. Développer la musique classique au Maroc, c'est mon vœu. Être fille d'un virtuose de musique vous a orientée dans votre choix de carrière ou c'est vraiment quelque chose que vous aviez en vous ?
Être issue d'une famille où la musique fait partie intégrante est une grande chance. Cela aide énormément, les proches comprennent mieux la place que peut avoir la musique dans une vie. Ceci leur a permis de m'accompagner et m'encourager dans mes choix. Mais ces décisions sont strictement personnelles, bien que le soutien familial soit très important. Racontez- nous un peu votre parcours ?
J'ai commencé le piano à l'age de 4 ans et demi à Casablanca. Je suis ensuite entrée à l'Ecole normale de Paris, ce qui m'a permis de mettre un pied sur le continent européen, tout en poursuivant ma scolarité au Lycée Lyautey. A la fin de ma seconde, j'ai décidé d'aller m'installer à Paris pour profiter un maximum de ce que peut offrir cette ville en matière de culture. J'ai étudié au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris avec Olivier Gardon pendant que je continuais ma scolarité en voie S dans un lycée à horaires aménagées. Il s'agit d'un établissement où les cours sont condensés dans la matinée pour permettre aux sportifs et musiciens de se consacrer à leur passion l'après midi. En 2009, je suis rentrée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans lequel j'étudie actuellement auprès de Frank Braley. Sentez-vous qu'il existe des opportunités au Maroc pour faire carrière dans la musique ?
Le Maroc est en pleine évolution en matière de musique classique. La présence d'un Orchestre Philharmonique depuis près de 15 ans aide beaucoup au développement de la musique au Maroc. Le public est de plus en plus initié et donc de plus en plus demandeur. Je pense donc qu'effectivement, la musique classique a une part de plus en plus importante dans la société marocaine ; il est donc tout à fait envisageable de faire au moins une partie de sa carrière au Maroc. Comment vous voyez-vous évoluer plus tard ?
C'est très difficile de se projeter dans l'avenir, tout ce que je peux espérer c'est de continuer à apprendre un maximum, élargir mon répertoire autant que possible et monter des projets au Maroc pour participer activement au développement de la musique classique dans mon pays. Développer la musique classique au Maroc, c'est mon vœu.Quels ont été vos influences musicales, hier et aujourd'hui ?
Je dirais que la musique traditionnelle marocaine constitue pour moi une influence de toujours. Elle m'a permis de me sentir proche des compositeurs espagnols ou des musiques très rythmées. Il paraît que les Marocains ont le rythme dans la peau, et je pense que notre patrimoine musical n'y est pas pour rien.
Par ailleurs, les innombrables concerts qu'offrent Paris sont aussi extrêmement inspirants, c'est une chance folle d'avoir accès à autant de concerts de cette qualité. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté au quotidien ?
Selon moi, la difficulté principale du musicien est l'autonomie dans le travail. Les cours d'instruments sont relativement rares (2 ou 3 heures par semaine), tout le reste du travail se fait seul. Il s'agit d'un véritable jeu de piste avec la partition. Il faut chercher à longueur de journée des indices entre les portées, pour deviner ce que le compositeur a bien voulu décrire comme ambiance ou comme sentiment. Comment se passe une journée type pour une pianiste ?
A peu près comme celle de n'importe qui, sauf qu'au lieu de m'asseoir devant un bureau, je suis derrière mon piano. Le soir venu, je retrouve des amis au conservatoire pour une petite séance de musique à plusieurs, la récompense d'une bonne journée de travail.
Le petit bonus du musicien, est d'être amené à souvent voyager, supprimant ainsi la routine et d'avoir une vie rythmée par des concerts et des rencontres. Quel est votre meilleur souvenir sur scène et sur quelle scène rêvez-vous de jouer ?
Le meilleur souvenir que j'ai est un concert il y a 2 ans au Théâtre Mohammed V de Rabat avec l'Orchestre Philharmonique du Maroc dans le 1er concerto de Liszt. Il y avait ce soir là une alchimie particulière entre les musiciens et le public. Cela devait être du au fait que c'était un concert enregistré, tout le monde était donc extrêmement concentré, mais en même temps décontracté car il s'agissait du dernier concert de la tournée.
Décontraction et concentration sont les éléments idéals pour faire de la musique. Il s'agit de se faire plaisir et de faire plaisir au public présent.
La scène de mes rêves est peut-être le Théâtre des Champs Élysée car on y a tourné un film que j'aime beaucoup, «Fauteuil d'Orchestre» qui met en scène la vie d'un pianiste qui s'affranchit du protocole pour faire pleinement de la musique. Quels sont vos projets ? Vos ambitions ?
Élargir mon répertoire encore et toujours, passer des concours internationaux et revenir jouer aussi souvent que possible au Maroc. Et comme ambition, peut-être gagner un concours important pour avoir un maximum d'opportunités de jouer dans des endroits aussi divers que possible pour faire découvrir la musique classique au plus grand nombre Que peut-on souhaiter à Dina Bensaid ?
Peut-être d'offrir de beaux moments musicaux à un public nombreux lors de cette tournée à venir avec l'Orchestre Philharmonique du Maroc.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fanazine 474 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines