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A la lueur d’une étoile distante de Mary McGARRY MORRIS

Par Lecturissime

a la lueur d'une étoile distante

♥ ♥ ♥

« Les gens n’admettraient pas que les apparences sont parfois trompeuses. A l’image des meilleures prises de combat, les mots peuvent être retournés contre vous et une fois que vous êtes à terre, ils sont à même de vous tuer. » (p. 364)

L’auteur :

Mary McGarry Morris est née en 1943 dans le Connecticut. Disparue (Flammarion, 1989), son premier roman, a été sélectionné pour le National Book Award et le Pen Faulkner Award. Elle a depuis publié Une femme dangereuse (Julliard, 1991), Mélodie du temps ordinaire et Un abri en ce monde (Belfond, 2005). Mary McGarry Morris vit aujourd'hui à Andover, dans le Massachusetts.

L’histoire :

Ces derniers temps, Nellie Peck, treize ans, a enfin trouvé de quoi combler son désoeuvrement : espionner la nouvelle locataire de sa mère dans le petit studio attenant à leur maison.

Activité d'autant plus excitante que l'arrivée de la jeune et jolie Dolly, danseuse de cabaret à la sensualité débordante, n'est pas passée inaperçue dans le quartier. Et rapidement, c'est à un véritable défilé de prétendants qu'assiste Nellie, cachée dans les arbres. (Début de la quatrième de couverture)

Ce que j’ai aimé :

Le point de vue adopté est celui de la petite Nellie, qui observe le monde à son niveau, se fiant à son innocence, à son instinct naïf pour interpréter ce qu'elle entend et voit. Or elle ignore encore que la vérité est insaisissable, fuyante, réinterpréable à l'infini.  

« Nellie commençait à voir combien la vie pouvait être compliquée. Aucun fait n’était isolé. Chaque action entraînait une réaction, qui elle-même en entraînait d’autres, et ainsi de suite, en une série de combustions insidieuses qu’ils ne pouvaient pas cerner précisément, ni a fortiori prévenir, et qui se répandait désormais partout. Ils assistaient à leur propre désastre nucléaire, assis là, au centre de la zone dévastée par l’explosion, essayant toujours de paraître normaux, son père et elle, face au bureau de l’avocat au teint terreux. » (p.229)

« Peut-être en allait-il de même pour tout le monde en grandissant. Petit à petit le vérité perdait de sa force, jusqu’à ce que, comme les particules en suspension dans l’air, elle devienne invisible. Et si c’était ça aussi, être un adulte ? Rationaliser une expérience, la transformer jusqu’à oublier la plupart des choses importantes, celles que personne n’avait besoin d’expliquer à certains enfants, parce que, eux, ils savaient, voilà tout. Et ils n’oubliaient pas. » (p. 428) 

Les éléments se mettent en place petit à petit pour former un tout cohérent dans l'esprit de Nellie, mais inadéquat à sa vie familiale, à cet univers confortable, connu qui est le sien.

Le suspens est savamment dosé, tenant en haleine le lecteur partagé entre vérité et illusions, le ton naturel de la jeune Nellie allégeant un propos profondément plus grave.

A la lueur d'une étoile distante est un roman prenant, intelligent, bien construit, une agréable découverte... 

Ce que j’ai moins aimé :

Le début est un peu long par rapport à la fin beaucoup plus dense… Au point que j’ai trouvé certaines réactions des personnages peu crédibles à la fin, comme s’il fallait effacer rapidement les problèmes pour conclure…

La question du résumé de la quatrième de couverture mérite d’être posée : fallait-il parler de l’évènement majeur ou laisser le lecteur le découvrir par lui-même ? Le fait de savoir éclaire-t-il finalement le récit d’un point de vue différent qui densifie le roman ? Je n’ai pas tranché…

Le titre me semble difficile à retenir pour qui veut en conseiller la lecture au débotté…

Premières phrases :

« A quoi voit-on parfois que l’on connaît bien une personne ? Elle n’a même pas besoin de vous fixer dans les yeux ou de dire un mot, et vous savez. Bon, ce que vous savez au juste n’est peut-être pas très clair, mais vous le savez, c’est tout. »

Vous aimerez aussi :

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper LEE

D’autres avis :

Lire

A la lueur d’une étoile distante, Mary McGarry Morris, traduit de l’américain par Valérie Bourgeois, Belfond, mai 2012, 444 p., 21.50 euros


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