Carnaval Tropical Paris 2012

Rimbaud a décrété mémorablement en une occasion, être le seul possesseur de la clé d’un défilé sauvage parcouru par les yeux d’une stupéfaction qui offre seulement le style des nuits d’été. Des yeux multicolores et flamboyants faits d’un acier éclaboussé d’étoiles dorées brillant dans l’obscurité lumineuse entre des visages déformés de tonalités chromatiques riches, le port cruel des oripeaux, grimaces enragées propres d’un paradis très violent, demi-dieux spirituels et enrouements étourdis.

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Albert Cohen a parlé parfois du son lointain de guitares exotiques qui presque au moment de la naissance de l’amour pleurent des adieux d’une manière très pure, douce et prolongée, les sons devenant les bourreaux liquides de l’âme.

Les tropiques sont tristes, on le sait bien. Ils ont la tristesse sage de celui qui a vécu et a vu beaucoup et qui sait que toute beauté passe, peut être même que c’est précisément la clé qui ouvre la boite à musique de ce qui est beau et qui nous laisse attendris avec les échos de leurs adieux soutenus et dilatés. Si près mais si loin. Il reste alors à célébrer en musique et danse l’explosion de couleur et le masque. Vital, mélancoliquement, avec une sensualité jamais vue et regrettée dans le futur.

C’est ce qui aura lieu le samedi 7 juillet à paris, ville des métamorphoses par excellence, objet surréaliste où s’ouvre secrètement dans chaque coin le mythique pas au Nord-est, scène perpétuelle de dérives qui transmutent l’espace et la vie et font que ce soit possible de réinventer l’amour, quand les places de la Nation, Léon Blum et Auguste Métivier soient traversées par le tracé d’un triangle magique qui s’étendra jusqu’à la rue du chemin vert et au long duquel se dépliera magnifique, celui qui pour beaucoup est de loin le meilleur défilé de l’année.

Il s’agit de la fabuleuse fête du Carnaval Tropical de Paris (http://www.carnavaltropicaldeparis.fr/Accueil-Carnaval-Tropical-de-Paris), pendant lequel des milliers de danseuses distribuées en quarante groupes transformeraient une partie de l’entourage urbain dans le cœur du tropique au long d’un espace temporel de quatre heures pendant lesquelles le temps sera complètement aboli. Il en manquera rien: chars fastueux, gestes archétypes, mouvements et tremblements ataviques et essentiels, le doux et invincible attractif de l’horreur qui au fond inspiraient toutes les choses dignes d’être perçues comme merveilleuses. Au moment culminant de l’évènement, l’attendue consécration de la nouvelle Reine, qui aura été élue le 10 juin, presque un mois avant, et qui l’année prochaine officiera de même que toutes les précédentes, comme ambassadrice officielle du Carnaval qui fête cette année son onzième anniversaire, s’enrichissant, à la marge des cultures antillaises qui le caractérisent avec des apports d’un ample éventail de pays latino-américains et orientaux.