Le tableau

Nous sommes dans un tableau de peinture pas totalement fini. En effet, certains des personnages ne sont pas tout fait et ceux qui le sont vivent dans le château. Par un malentendu, trois des personnages sortent du tableau et vont ainsi partir à la recherche du peintre...

La critique picturale de Borat

Il y a parfois des films que l'on découvre par pur hasard, par pure curiosité ou le fait de tomber dessus à la télévision. La première fois que Le tableau de Jean-François Laguionie a titillé mon esprit c'était en magasin. Son sujet m'a plutôt intéressé de par le fait qu'il est purement original.
Finalement, vu ces derniers temps, le film est finalement une bonne surprise. Preuve que le cinéma d'animation n'est pas réduit à néant en France (on peut citer Persépolis ou Lascars parmi les réussites présentes et surtout Le roi et l'oiseau pour les classiques) et heureusement.
Sorti en novembre dernier dans un nombre de salles évidemment réduit (la France a l'habitude de privilégier ses oeuvres dans les cinémas mais seulement les plus bankables), Le tableau s'est forgé une bonne réputation auprès des critiques (il sera également nommé dans la catégorie meilleur film d'animation aux derniers Césars) mais passera totalement inaperçu avec juste un peu plus de 140 000 spectateurs. Voilà le genre de film condamné à être rattrapé en DVD ou BR malheureusement, faute de visibilité. Un constat un peu lamentable mais bon, j'ai déjà suffisament parlé autrefois de ce gros problème.

Le film opte pour une certaine réflexion sur l'art pictural. En effet, nous sommes dans une peinture quelconque (ne cherchez pas, ce n'est pas une vraie) avec deux sortes de personnages. Il y a les "Toupins", personnages peints en entier et vivant dans le château servant de principal intérêt à l'oeuvre. Puis il y a les "Pafinis", pas parce qu'ils ont des problèmes mentaux mais parce qu'ils n'ont pas été fini par le peintre et se voit discriminer par les "Toupins", quand ce n'est pas martyriser (l'ami de Plume, un Pafini, se fera piétinner presque à mort).
Par là, le réalisateur nous montre la radicalité des riches face aux pauvres et par certains passages aux bonnes vieilles dictatures. En effet, les Toupins ont une sorte de leader charismatique le Grand Chandelier (changez une lettre et vous aurez le poste d'un allemand moustachu en 1933, l'amalgame étant tout à fait louable), pas très fan des Pafinis et qui compte bien faire sa loi.
Pour cela, il n'hésite pas à faire disparaître des Pafinis en les recouvrant de noir. Ainsi ils deviendront invisibles. Parmi les Pafinis, il y a Claire qui est amoureuse d'un Toufait, Ramo.

Par un malentendu, Ramo se retrouve perdu, se retrouvant avec Plume et Lola, une Pafinie qui a le pouvoir de voyager entre les peintures.
Par là, nos héros vont essayer de retrouver le peintre pour finir les Pafinis. Ainsi le réalisateur nous ballade dans une épopée type Napoléonienne, un portrait de femme (preuve que le peintre a des plaisirs comme tous), une belle épopée venisienne où le peintre se représente avant de faire un autoportrait. Laguionie fait dans l'original donc avec des personnages n'ayant finalement pas besoin de l'auteur pour se développer et donc de se débrouiller d'eux même.
Comme pour dire qu'une fois peint, c'est à l'oeuvre de se faire auprès de l'oeil. Le style d'animation est plutôt pas mal puisqu'il combine animation 2D, peinture (tiens, tiens) et images de synthèse. Pour les personnages, le réalisateur opte pour de légère position 3D quand ils sont dans un décor peint, puis en 3D quasi-réelle une fois dans le monde réel.
En sachant que le final est tourné en prise de vue réelle. Voilà donc un film d'animation particulièrement poétique et questionnant sur le rôle d'une pièce dans une oeuvre.

Une bonne surprise française que ce film d'animation très beau visuellement et frappant par son originalité.

Note: 17/20