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Quentin Mouron

Par Claude_amstutz

Au point d’effusion des égouts, premier roman formidable de Quentin Mouron, nous entraîne dans un road movie à travers les States qui, dans la tête de ce découvreur à couteaux tirés avec la réalité, absorbe le quotidien, l’imaginaire des autres, les paysages à grande vitesse, avec une virtuosité de vieux baroudeur. De Los Angeles à Las Vegas, en passant par Trona, la Death Valley et Beatty, Quentin brosse un portrait souvent pathétique, terrifiant et sans fard de ses lieux de passage, dont Los Angeles, où tout a commencé: C’est la Cité des anges, c’est entendu. Mais des anges poussiéreux, noirs à l’os - et qui tombent à grosse grêle sur le dur des trottoirs.

Le jeune auteur n’est pas plus tendre avec Pasadena - un petit satellite universitaire qui suit en moutonnant les révolutions qui lui échappent - ou Las Vegas: Des centaines d’hystéries qui se tissaient sous chaque enseigne, des pâmoisons. Dans ces décors un peu felliniens, l’un des points culminants du roman se situe à Trona, un bled au milieu de nulle part. Bref, il faut vraiment lire Au point d’effusion des égouts. Vous n’en sortirez pas indemne ou blanchi, mais gonflé comme la voile d’un trois-mâts qui nous aspire vers un ailleurs possible et assouplit nos artères saturées de cholestérol... 

publié dans Le Passe Muraille no 89 - juin 2012


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