Cette fois, le signal d'alarme vient d'une étude menée sur un large panel de personnes en Suède. Plus de 40.000 femmes âgées de 30 à 49 ans y ont été suivies pendant 15 ans. La survenue d'événements cardio-vasculaires a été analysée au regard de leurs habitudes alimentaires, et en particulier de leur consommation de glucides et de protéines. Les résultats ont été publiés dans le British Medical Journal.
Un risque significatif
L'équipe internationale dirigée par le Dr Pagona Lagiou, de la faculté de médecine d'Athènes, a assigné à chaque femme un score combinant les caractéristiques glucidiques et protéiques de leur alimentation. Ce score allait de 2 à 20, où 2 correspondait à une alimentation à la fois très riche en glucides et très pauvre en protéines.Pour toute hausse de deux points du score combiné - qui équivaut à baisser la consommation de glucides de 20 g (quantité apportée par une pomme ou 40 g de pain) ou augmenter l'apport protéique de 5 g (un petit œuf dur) - le risque de maladies cardio-vasculaires augmente de 5%.
Ce risque concerne indifféremment les maladies coronaires (comme l'infarctus du myocarde), les accidents vasculaires cérébraux et les maladies artérielles périphériques.
«La hausse du risque n'est pas majeure, mais elle est statistiquement significative», commente le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l'Institut Pasteur de Lille.
Les régimes de type Atkins et Dukan pointés du doigt
«Il s'agit d'un résultat intéressant car l'étude portait sur des personnes relativement jeunes, or il est plus difficile de mettre en évidence un effet délétère sur le cœur sur une population encore jeune», note le Dr Lecerf. De plus, il s'agit d'une population «tout venant» et non de personnes en surpoids.Enfin, l'alimentation n'était pas dramatiquement déséquilibrée. Comme le soulignent les chercheurs, dans les régimes hypoglucidiques - type Atkins et Dukan -, les protéines représentent environ 30% des apports caloriques et les glucides moins de 15%. Or ici, aucune femme n'atteint de tels extrêmes.
«Si, dans les conditions de l'étude, un risque est visible, cela confirme bien le risque probable auquel exposent des régimes plus drastiques suivis au long cours», poursuit le Dr Jean-Michel Lecerf.
«À court terme, avec les précautions médicales d'usage, et toute proportion gardée, des régimes hyperprotéinés ou hypoglucidiques peuvent être proposés, mais des régimes trop restrictifs sont, à long terme, mauvais pour la santé.»
Des causes encore inconnues
Les vrais coupables restent cependant à découvrir. «L'étude suédoise ne permet pas de savoir si l'effet délétère est un effet propre d'un manque de glucides et d'un trop-plein de protéines ou reflète simplement un déséquilibre plus global en fibres, vitamines et autres nutriments protecteurs associés à une telle alimentation», souligne le Dr Lecerf.L'étude ne permet pas non plus de distinguer l'effet du type de glucides (les sucres complexes présents dans les fruits, légumes, céréales, féculents… ou les sucres raffinés présents dans les bonbons, boissons gazeuses…) ni du type de protéines (animales ou végétales).
source : Santé Le Figaro