Un nouveau film d’Edmond Pang Ho-Cheung aiguise toujours
l’intérêt. Et cet intérêt est encore plus aiguisé lorsqu’on lit le pitch de Vulgaria (2012). Voir l’acteur Chapman To dans
la peau d’un producteur spécialisé dans les Category 3 de seconde zone fait
sourire. Il fait d’autant plus sourire qu’il vient parler de son métier à des
étudiants en cinéma. Il leur raconte alors l’histoire de son dernier projet, le
remake d’un film érotique des années 70 et ce, avec tous les aléas qui incombe
à une telle production. Lorsqu’on connait le talent d’Edmond Pang Ho-Cheung, Vulgaria
ne pouvait que susciter l’envie…
Avec Vulgaria, Edmond Pang
Ho-Cheung réalise une comédie qui esquisse de façon caricaturale le portrait de
l’industrie cinématographique hongkongaise. Non sans un humour parfois très
(trop) gras, il s’amuse à déconstruire l’image lisse que voudrait se donner
cette industrie notamment aux travers des médias. Il y assène une touche
humoristique parfois burlesque qui sait être hilarante mais qui devient par
moment over the top. Petit aparté
personnel, le mauvais goût ne m’a jamais dérangé, le problème ne vient donc pas
de là. Poursuivons. Dans un état d’esprit lapidaire, il nous offre alors un
spectacle lubrique et ludique lorsqu’il n’est pas franchement vulgaire. Une
vulgarité à l’image même de cet univers du faux, semble-t-il. Si Edmond Pang
Ho-Cheung prend des risques à traiter un tel sujet de cette façon, il n’en
oublie pas pour autant d’injecter des éléments qu’on pourrait qualifier de
touchants. Il atténue ainsi son propos en offrant à ses personnages une
humanité et des émotions que la pure comédie subversive aurait annihilée.
Dommage. Oui, dommage parce qu’on aurait justement voulu qu’il aille parfois plus
loin et qu’il ne se perde pas avec des états d’âmes un peu facile. L’impact
même d’une œuvre irrévérencieuse n’en est que réduit. D’un coup, le sentiment
de voir un film quelque peu vain sur l’industrie cinématographique ne s’en fait
que plus grand. Edmond Pang Ho-Cheung donne le sentiment de vouloir jouer
l’artiste qui tartine sur un monde peu reluisant. Pourtant, la finalité donne
le goût amer de le voir surtout jouer les pseudo-lapidaire pas rangé sauf que
non, il fait bien partie d’un système qu’il abime faussement pour la forme,
sans doute pour se donner des prétentions qu’il n’atteint jamais au cours de
son récit.
Attention ! On ne boudera
pas son plaisir devant Vulgaria, certes on peut parfois s’ennuyer
notamment pour les raisons citées plus haut. Et que pour ces mêmes raisons, on peut
garder un goût amer mais on y rit et on s’y amuse même. Ce film d’Edmond Pang
Ho-Cheung n’est pas un grand film. Il n’est même pas une grande comédie. Il
n’en reste pas moins une œuvre divertissante qui sait amuser par l’image donnée
de l’industrie cinématographique, une vision toute personnelle cela va de soi. Vulgaria
est assez rafraichissant et offre des personnages agréables à suivre à l’écran.
Le casting tient la route tout comme l’histoire prétexte au délire de son
auteur. Un auteur qui n’oublie pas par moment de nous offrir des dialogues
savoureux, employant au détour de quelques scènes un argot Hakka (l’une des minorités
chinoises) me semble-t-il. J’aurais du mal à réellement le confirmer tant mes
connaissances sont limitées. Pourtant, Edmond Pang Ho-Cheung semble mettre en
lumière cette langue et le besoin de la maintenir vivante. N’oublions pas que
la politique de la Chine étant d’imposer à l’ensemble de leur population le
mandarin notamment en visant en priorité les médias. Enfin bref, j’extrapole
sans doute alors passons.
En guise de conclusion, on pourra
écrire (et dire) de Vulgaria qu’il n’est pas une grande réussite. Ce film tourné en
l’espace d’une quinzaine de jours ne marquera sans doute pas dans sa
filmographie mais il montre tout de même l’imagination débordante d’un cinéaste
qui a encore beaucoup à nous montrer.
I.D.