Le Front de Gauche vient encore de grandir. Ce dimanche 8 juillet, dans la foulée de ses prises de positions précédentes, le Gauche Anticapitaliste a décidé de rejoindre ce qui constitue désormais bien le rassemblement de l’autre gauche. Avec ce nouveau départ, c’est aussi la deuxième scission du NPA qui rejoint le Front de Gauche, après les camarades de Convergence et Alternative. La Gauche unitaire, issue de la LCR, a contribué à créer le Front de Gauche en refusant d’intégrer le NPA au moment de sa création. Pour saluer l’arrivée de ces camarades, qui sont les très bienvenus dans leur nouvelle maison, j’ai interviewé Myriam Martin, membre de la direction nationale de la Gauche Anticapitaliste. Avec ses camarades, elle avait déjà participé pleinement à la campagne du Front de Gauche pour les présientielles.
Myriam, que s’est-il donc passé ce fameux dimanche 8 juillet qui restera un moment important pour le Front de Gauche ?
Dans la foulée du texte que nous avions rédigé les 12 et 13 mai derniers, et qui a été voté en assemblées générales dans les départements, nous avons décidé à la grande majorité de rejoindre le Front de gauche. Enfin, quand je dis « grande majorité », ce sont tous les présents qui ont voté pour cette décision. Nous avons vérifié que les conditions que nous avions posées en mai ont été réunies.
Quelles étaient ces conditions, pour nos lecteurs qui ne suivent pas forcément tous vos textes ?
La première, et la plus importante, de nos conditions demeurait la non participation du Front de Gauche, notamment des communistes, à ce gouvernement. Si nous étions quelques uns à considérer que le PCF ne se compromettrait pas, notre histoire amenait quelques méfiances chez les camarades. Le vote des militants du PC, très clair, nous a rassuré. La politique qui commence à se dessiner dans ce gouvernement montre que les communistes ont fait le bon choix. Je crois que la crise économique aussi aide à la clarification. Si on veut, en tant que Front de Gauche ou partie prenante du Front de Gauche, être cohérent, on ne peut pas soutenir ces politiques austéritaires. Les contradictions sont en train d’apparaître. Et je suis contente que le PCF sorte de sa position de subordination, disons les choses, vis à vis du Parti socialiste. En même temps, en 2005, lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen, nous défendions déjà des visions convergentes.
Après Convergence et Alternative, vous constituez le deuxième départ organisé du NPA…
Oui mais il ne faut pas que tu oublies tous les camarades qui ont quitté le NPA sur la pointe des pieds, notamment autour des élections régionales.
En quoi les élections régionales ont-elles constitué un moment de clivage aussi important pour vous ?
Il y a deux raisons. La première tient à la question de l’unité, nous avons été nombreux à défendre l’unité de l’autre gauche sur des bases claires à ce moment-là. La manière dont la direction du NPA a géré la question de la candidate voilée a aussi posé problème. Si nous l’avons défendue face aux attaques racistes dont elle a été victime, il faut bien reconnaître que nous avions un problème lié aux questions de laïcité. Les militants du NPA n’ont pas forcément compris, nos électeurs encore moins.
Photo : Stéphane Burlot : http://www.sb-photographies.com/
Sur l’unité, la question centrale à mon sens, les régionales ont été l’occasion de susciter un bel espoir, avec « Limousin Terre de Gauche », qui a connu un vrai succès électoral qui plus est.
Oui, c’est vrai. Mais il faut savoir qu’une partie de la direction du NPA n’a pas reconnu ce succès, ce qui est aberrant. « Limousin Terre de Gauche » constituait un beau rassemblement, du NPA au PCF en passant par le PG et d’autres forces plus locales, dans une parfaite indépendance vis à vis du PS. Elle participe au renouveau de la vie politique et témoigne de la volonté de se saisir de la politique qui anime une partie de notre peuple. En me rendant sur place, j’ai pu mesurer combien nos idées, à l’époque exprimées au sein du NPA, ont pu peser, être prises en compte en termes de propositions et d’action. Depuis qu’ils sont élus, chacun peut mesurer qu’un élu peut être utile, y compris pour les luttes.
Ce n’est pas franchement une découverte, si ? Le NPA, et la LCR avant, a toujours participé aux batailles électorales…
Ce n’est pas si simple. Les camarades de ma sensibilité ont souvent été qualifiés d’électoralisme. Ce que nous défendons c’est que les élections ne sont pas seulement utiles en termes de tribune politique. Un élu c’est aussi quelqu’un qui peut agir concrètement, venir en appui aux luttes sociales, défendre des propositions alternatives…
Aujourd’hui, vous intégrez le Front de Gauche. Le conseil national du Parti de Gauche vous a écrit pour que vous nous rejoigniez. Est-ce resté lettre morte ?
Pas du tout. Nous avons pris connaissance de la lettre d’Eric Coquerel en fin de semaine dernière. Nous l’avons étudiée avec sérieux, lundi 9 juillet au soir lors de notre réunion du groupe d’animation de la Gauche Anticapitaliste. Nous n’avons pas vocation à être la 8e ou 9e organisation du Front de Gauche. Nous venons avec la volonté de participer pleinement à la transformation du Front de Gauche et, plus largement, à la recomposition de la gauche à la gauche du PS. Nous allons discuter très sérieusement de toutes les propositions qui contribuent au rassemblement des gauches anticapitalistes et écosocialistes.
Nous allons donc vous voir aux Estivales du Front de Gauche ?
Tout à fait. Nous nous associons à leur préparation depuis plusieurs semaines. On participera à l’organisation dans la mesure de nos moyens mais nous aurons aussi des intervenants Gauche Anticapitaliste dans les ateliers.
———————————-
Bonus vidéo : The Redskins “Lev Bronstein’”