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Images de la mode : Paris,1894

Publié le 12 juillet 2012 par Cameline

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Tous les ans, les toilettes féminines  se présentent sous un nouveau jour : couleurs et formes, accessoires, forment un ensemble caractéristique d'une époque, qui dessine et transforme l'image du corps féminin au gré de la mode.

Pour présenter les nouvelles modes de l'année 1894, voici quelques images et extraits des chroniques de La Grande Dame,  revue de l'élégance et des arts.

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Les tissus :

Cette année, la note dominante est aux tissus très légers, souples et de nuances claires, unis ou façonnés ton sur ton ; il y a en ce genre des soieries tout à fait séduisantes : taffetas façonnés, imprimés ou brodés en relief, satins souples avec des impressions imitant les foulards, moires d'été antiques ou françaises, dans les teintes moyennes ou claire, taffetas sablés, enfin mille nouveautés bien tentantes.

Parmi les tissus de laine, crépons, serges d'été, lainages. Antigone et gigolette, draps Médicis, bures bretonnes, toiles d'Ecosse, veloutines unies et granitées, royal satin, il y en a de vraiment jolis et nouveaux comme disposition.

Il est à remarquer que tous les dessins imprimés, brochés ou brodés, ornant les tissus de laine ou de soie, sont d'une délicatesse extrême, d'une ténuité excessive.

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Les couleurs:


Les teintes sombres sont à l'index cette saison. Les Parisiennes n'admettent que les nuances très claires : le rose tendre, le gris, le vert d'eau, le soufre, le blanc, surtout le blanc, depuis les tons laiteux jusqu'au blanc cru du piqué ou de la mousseline qu'atténuent les nuances pain brûlé des manchettes, des cols et des empiècements de guipure de toutes formes, sur lesquels tranchent le collier et la ceinture de ruban d'une teinte vive.

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Les formes :


Quand aux formes, on peut dès à présent prédire une transformation apportée dans la coupe de nos jupes.

Sous l'impulsion de Worth, ce grand maître des somptuosités féminines, elles prennent un tout autre aspect. Tandis que le haut demeure plat et dessine les hanches, le bas est d'une ampleur incommensurable et forme de très nombreux godets.

Pour obtenir cet effet, ces jupes sont faites en deux parties, la première ajustée, la seconde taillée en abat-jour, prenant à mi-hauteur ; ce bas de jupe est orné de ruches de ruban ou de tulle disposées en cercles ou en angles. Il y a aussi la jupe drapée sur elle-même, ou encore celle que retiennent de côté des noeuds Louis XV.

Les corsages sont très garnis, et d'une manière assez amusante. Tout le corps est recouvert de guipure, ou découpé en boléro très court, fixé par deux choux devant ou replié sur lui-même pour former des revers coquillés. Le col est généralement drapé en velours de teinte vive, tranchant avec la nuance de la robe. Les manches sont de plus en plus capricieuses ; serrées à l'avant-bras, elles prennent la forme d'un gros noeud dont les bouts se rattachent à l'épaule, ou encore, taillées comme les pourpoints des chevaliers, elles s'élargissent sur des crevés très bouffants.

Les jaquettes, telles que Worth vient de les créer, sont pratiques et d'une incomparable élégance ; taillées dans des moires antiques, des failles souples, elles s'élargissent sur les hanches où viennent s'étager des volants de dentelle ; la dentelle se mélange également à la soie pour former des berthes d'un dessin absolument gracieux qu'encadrent des revers voilés de guipure crème. Les manches, devenues impossibles avec la forme des corsages, sont remplacées par des volants de soie et de dentelle superposés et diversement drapés, d'un effet très inattendu. A côté de ces jaquettes luxueuses, il y a une foule de gentils camails aux formes variées : les uns compoéss de biais de velours noir ou vert prairie, coupés par des bandes de satin noir incrustées de guipure de vieux Venise ; sur les épaules, le velours et la guipure simulent un capuchon agrafé devant sous un gros noeud alsacien. D'autres sont en moire rehaussés de guipure crème et de mousseline de soie mélangées avec un art exquis.

Au chapitre des dessous, il faut signaler les jupons de soie faits à soufflets, indispensables pour soutenir les jupes à godets dont l'ampleur deviendrait encombrante.

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Les chapeaux :


Comme complément de la toilette, il faut mentionner le chapeau que, cette saison, Virot orne de fleurs jouant plus que jamais au naturel : violettes de Nice, roses de mai, primevères, résédas, fleurs de serres ou plantes agrestes se mélangent au tulle pailleté, à la moire et à la paille qui commence à faire son apparition.

Les formes sont si diverses qu'il serait difficile de les raconter ; disons seulement que leur dimension est raisonnable, les ornements légers, peu volumineux, ni trop élevés, ni trop bas, et par cela forment un cadre jeune et charmant aux visages des coquettes, dont les cheveux aériennement bouclés et très bouffants sont maintenus par le voile, qui, lui aussi, suit les fantaisies capricieuses de la mode.

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L'éventail :


L'éventail est la pièce la plus importante de l'arsenal féminin. C'est une arme à la fois offensive et défensive, qui provoque l'ennemi timide et tient l'audacieux à distance.

Nous voulons que l'éventail soit élégant, gracieux, pimpant et coquet, d'un maniement facile et léger. Mais nous ne voulons pas qu'il dure trop longtemps, qu'il fasse époque dans la vie d'une femme, et que, d'une saison à l'autre, on le retrouve dans les mêmes mains. On le veut approprié à toutes les circonstances de la vie mondaine, en harmonie avec le reste de la toilette ; les élégantes en useront bientôt autant que de robes et de chapeaux.

L'éventail éphémère ne pourra donc avoir les qualités sérieuses que l'on exigeait de celui qui passait d'une génération à l'autre. L'éventail fin de siècle sait bien que l'on n'exige pas de lui tels mérites. On le prend sans souci ; on le quitte sans regret, comme on ferait d'une paire de gants. Il est généralement petit, style Louis XVI ou forme Empire.

Parfois on sème de fleurs aux nuances vives une dentelle légère ; parfois aussi on jette de paillettes d'acier un fond de tulle noir. A chaque mouvement de la main qui l'agite, l'éventail a des scintillements, comme le miroir aux alouettes.

Il y a aussi l'éventail à meurtrières qui, dans sa feuille sombre, ménage des vues, dissimulées par un lacis de fils légers, qui permet à la femme de voir sans être vue et d'observer la physionomie de celui qui lui parle sans lui montrer le visage de celle qui l'écoute. Ce sont là les trahisons de l'éventail.

Un autre éventail, très prisé et très recherché, mais qui n'est pas à la portée de tout le monde, c'est l'éventail artistique et littéraire, dont chaque repli de la feuille abrite une pensée amoureuse ou philosophique, un quatrain, une octave ou un triolet, une phrase musicale, ou deux coups de crayon d'un peintre, d'un poète, d'un musicien ou d'un romancier.

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Le sac :


Un accessoire de toilette féminine luxueux et pratique, c'est un gentil petit sac grand comme la main, dans lequel on place la bourse et le mouchoir brodé. Il se fait d'étoffe précieuse coulissée d'une chaîne d'or munie d'un anneau en brillants, dans lequel on passe le doigt, la main étant gantée.

Source images et textes :

La Grande Dame - Revue de l'élégance et des arts, 1894 - A lire sur Gallica


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