Ce soir-là, j'avais décidé d'épargner mes pieds de petite vieille et d'aller m'asseoir précocement et définitivement à une place royale au théâtre de verdure. Mes
pieds m'en remercient et je m'autocongratule de ce choix!
Je suis entourée de personnes qui ont fait le même choix que moi aujourd'hui, même si la
veille, nous nous étions déplacés entre les sites. Je fais volontairement l'impasse sur Beth Hart, Tinariwen et Texas pour me concentrer sur Jimmy Brown
experience, Dr John et Trombone Shorty. (Après avoir vérifié,
Beth Hart mérite qu'on s'y intéresse : une voix profonde et légèrement éraillée, du blues...)
Beth Hart - I'd rather go blind live
@NiceJazzFestival
Ici, pas de photographes surélevés qui vous bouchent la vue. Pas de personne qui vous marche sur les pieds en vous disant pardon (ou pas) afin de passer devant et
d'être au plus près de l'action.
Ici, les concerts sont à l'heure.
Ici, c'est le paradis pour mélomanes rythm' & blues'ophiles!!!
Ici, c'est basse, guitare électrique à tous les étages et des cuivres, plein de cuivres! Des trompettes, des saxos alto, saxo baryton, ténor et des
trombones!!! Mes yeux et mes oreilles en brillent encore.
Jimi Brown Experience
Groupe niçois, ils attendent de sortir leur premier album dans les mois qui viennent ; ils ne payent pas de mine à leur entrée sur scène en plein cagnard.
On les croirait plus habitués à l'animation de mariage qu'aux festivals ; il n'en est rien. Pantalons et chemises pour tout le monde, mais dépareillés ; apparemment un peu nerveux eu départ,
ils se dérident et offrent un Jazz efficace au swing flamboyant. Trois voire quatre cuivres (le tromboniste est déjà en sueur à la fin du premier titre), un batteur, un guitariste, un bassiste et
un claviériste, ils adaptent avec énergie des titres de James Brown et de Jimi Hendrix
en mode jazz. Fire et Purple Haze ou encore Lickin' Stick de James Brown sont au programme et ça fonctionne.
A la fin, ils obtiennent un rappel mérité.
Dr John
Tout est affaire de mise en scène et de blues!
Le monumental batteur arrive d'ores-et-déjà assis derrière sa batterie sur un plateau roulant que les roodies poussent sur l'arrière de la scène. Un piano Steinway
et un antique harmonium, avec sur chacun un crâne humain décoré ; une femme trombone zébrée et l'arrivée du gourou : le très attendu Dr
John avec sa canne chargée d'amulettes vaudou, son costume rouge et son chapeau non moins chargé de breloques vaudou.
Là encore, c'est une musique énergique et un blues/jazz festif qui semble venir du coeur du bayou qui submerge la scène et les très nombreux spectateurs du théâtre
de verdure. Dr John n'est certainement pas une grande voix mais c'est avant tout un pianiste/compositeur/arrangeur de génie. Il égraine des
compositions et des reprises le plus souvent derrière le piano ou l'harmonium, quelques fois à la guitare. Les arrangements sont variés et tombent à pic. Et c'est la femme trombone qui fait le
spectacle (rare de voir un tromboniste, en dehors des scènes jazz j'entends, mais alors UNE tromboniste?).
Un seul commentaire : Enorme!
Bon okay je développe un peu.
Dés le début du concert Trombone Shorty et son jeune groupe délivrent un Jazz/funk festif multivitaminé, des
décibels, du rock aussi, de l'énergie en barre très communicative.
Au premier titre, les gars de la sécurité, qui avaient jusque là sévèrement réprimandé les personnes debout, voient d'un oeil noir une bonne dizaine de spectateurs
se lever, danser et encourager les autres à danser dans l'allée centrale. "Yes that's it!" les encourage Shorty!
Au quatrième titre, nous sommes d'ores-et-déjà en train de nous trémousser sur nos chaises, si bien que lorsqu'il nous demande "Come on! Stand up!" nous
nous mettons dans le plus joyeux garde-à-vous pour ne plus lâcher le station debout dansante jusqu'à la fin du concert. Et personne ne se plaint ou presque quand le public envahit les zones
"interdites" dans la fosse (oeil noir du mec de la sécurité aux aguets)
Chaque exploit vocal ou instrumental de Shorty provoque des montées d'hormones en ce début de concert et la deuxième montée d'hormones atteint son summum quand il
fait tomber la chemise. (Tout ce qu'il fait avec sa bouche m'intéresse... correction: tout ce qu'il fait avec son corps
m'intéresse)
Je m'amuse à remarquer avec quelle synchronisation et quelle même expressivité ("wow", "yiiiih", "hun", soupir...), ma voisine
et moi-même réagissons à chaque mouvement, note, falsetto, solo de Trombone Shorty (les voies des hormones
sont impénétrables...)
Trombone Shorty & Orleans Avenue - The craziest things live @NiceJazzFestival
Sur scène, c'est toujours musicalement énergique et jouissif et on sent comme des relents de New Orleans un soir de
Carnaval. Les musiciens sont excellents à côté de Troy, en particulier son chevelu batteur qu'on appelle aussi "l'animal" m'a-t-on dit et son
guitariste.
Le groupe interprètent des compositions de Trombone Shorty : Slippery lips, On your way down, Dumaine
St, Hurricane Season, The craziest things... et
quelques reprises comme notamment I got a woman de Ray Charles.
Le public, toujours debout danse comme des damnés, le vigile sourit. Il n'y aura eu aucun problème de sécurité pendant ce concert parfait juste quelques
explosions... d'ovaires!





