Le Potager d’à côté

Le Potager d’à côté par Patrick Faus

Un jour, était-ce un beau jour, Vincent Duclos a fait un choix. Un choix de travail donc un choix de vie. Sa passion pour la nature, pour vivre à l’air et libre si possible, l’incite à reprendre du côté de Brignoles un terrain en friche depuis le début des années soixante, donc sans activités humaines et sans pollution d’aucune sorte (pesticides, herbicides, engrais chimique, et autres joyeusetés de l’époque). Le parcours « bio » est déjà à moitié tracé. Il s’y lance à fond, désherbe, arrache, met en forme et plante ses premiers légumes. Radis, artichauts, oignons, courgettes, tomates, fraises, les premières pousses sont les premières joies après tant de labeur. Par pragmatisme (un tracteur coûte cher), il prend une jument pour l’aider dans les travaux les plus durs. L’homme et l’animal, retour aux sources d’une histoire millénaire. Les sillons qu’ils tracent tous les deux lui indiquent la voie à suivre. Ils commencent à vendre sa production sur les marchés de Brignoles et du Lavandou. Il contacte Benoît Wintz à l’Hostellerie de l’Abbaye de La Celle qui tombe amoureux de ses légumes au goût incroyable. Chacun va orienter l’autre, le chef demande certains légumes et la carte s’emplit de nouvelles saveurs. FRAISES Osmose entre le champ et la cuisine. Renaissance des saveurs d’antan et du vrai goût des choses comme voulait le dire l’ami Curnonsky. Vincent Duclos respire la plénitude d’un homme qui vit pour ce qu’il a envie de faire, et il a des projets plein la tête, toujours dans la mesure puisque la démesure est souvent source de problèmes pour l’environnement. Si un jour vos pas vous mènent aux alentours de ses champs, la rencontre vaut la peine et manger un radis (de toutes les couleurs) tout droit sorti de terre n’a pas de prix. Ce jour-là, il s’extasiait de la présence d’une coccinelle qui venait de sortir de son cocon sur une grande feuille. Il était tout sourire devant cette preuve d’une vie saine qu’il avait recréée à la force de ses bras et de sa volonté. Il est comme ça, Vincent…