Voir un film coréen sortir
directement en DVD sans passer par la case ciné me file toujours un coup au
cœur. Je sais, je sais, les salles de cinéma françaises sont déjà encombrées de
film, mais quand je vois le nombre de multiplexes qui passent « L’Âge de
Glace 4 » et « The Amazing Spiderman » sur plusieurs écrans, je
ne peux m’empêcher de penser que tout le monde serait gagnant à voir ces
blockbusters laisser un peu de place aux autres films, les spectateurs les
premiers bien sûr. Mais l’heure n’est pas à la coréanophilie dans les cinémas
hexagonaux. En sept mois, l’année 2012 n’a toujours vu qu’un seul représentant
du Pays du Matin Calme sortir sur nos écrans, et sans surprise, c’était un Hong
Sang Soo, « Matins calmes à Séoul ». C’est la frilosité des distributeurs qui est cruellement mise
en exergue par ce triste constat. A l’heure actuelle, si un film coréen n’est
pas passé par Cannes, ou au moins réalisé par un habitué du festival, ses chances
de sortie en France sont plus que minces. C’est dire toute l’importance du
Festival dans la chronologie cinéphile en France, et la nécessité qu’il défriche
et déniche des talents quand on peut parfois lui reprocher de se reposer sur
les acquis de la cinéphilie mondiale. Même
si parfois un passage par Cannes ne suffit pas à voir un film débarquer dans
les salles (On t’attend toujours « Arirang » de Kim Ki-Duk !).
Alors il reste l’édition de DVD, où les films coréens sont bien plus présents, et où l’offre est même très différente, car lorsqu’un film coréen sort en salles en France, neuf fois sur dix, c’est un film d’auteur. En DVD, ce qui marche, c’est le spectaculaire, et c’est donc là notre chance de découvrir les blockbusters coréens qui ont très rarement droit de cité dans les salles obscures françaises. Parfois, les éditeurs tentent même d’atténuer la nationalité coréenne des films en les vendant comme des machines hollywoodiennes, à l’image du film catastrophe Haeundae, carton coréen qui s’était vendu en France en DVD sous le titre « The Last Day » en ayant pris soin de gommer les traits asiatiques du film lors de la campagne marketing.
L’été 2012 voit arriver dans
les bacs trois blockbusters coréens. Un remake du « Syndicat du
Crime », un film de guerre prévu pour août et dont je reparlerai très
vite, et Quick. Non, n’imaginez pas
faire une blague en relation avec la chaîne de fast-food, en Corée ils ne
connaissent pas. Le film est sorti à l’été 2011 dans les salles coréennes, l’un
des évènements cinématographiques de l’été en terme de divertissement, et le
film a rempli sa fonction en attirant 3 millions de spectateurs en salles. Pour
vous situer un peu le film, disons que c’est un croisement entre Speed de Jan
De Bont et Taxi de Gérard Pirès, à la sauce coréenne. Un coursier à moto, une
légende parmi les gangs de motard de Séoul, qui fait son job à toute berzingue,
est piégé par un homme qui lui apprend que le casque que porte sa cliente est
équipé d’une bombe qui explosera s’il ne livre pas des paquets aux quatre coins
de la ville pour lui. Des paquets eux-mêmes piégés qui vont faire des dégâts.
Ajoutez dans le mix le fait que la cliente que trimballe le coursier est son ex
et les flics qui lui courent après pensant qu’il est un terroriste, et vous
voilà avec la combinaison de Quick.
Si le film de Jo Beom Gu lorgne clairement vers le film d’action Hollywoodien dans sa structure et son avalanche d’effets spéciaux, il lui reste tout de même un peu d’ADN coréen, et tant mieux. Sans celui-ci, on se trouverait devant un film d’action bateau et trop long, ce qu’il est assurément. Mais heureusement, on retrouve dans le film un joyeux bordel lorsqu’il est question de dépeindre la police coréenne et son action, amenant par là les meilleurs moments du film. On pourra aussi toujours souligner que pour un divertissement largement comique et très grand public, le scénario est émaillé d’un nombre incalculable de morts, ce qui peut toujours surprendre quand on est peu habitué aux caractéristiques cinématographiques coréennes.
Difficile de trouver beaucoup
plus de qualités au film, qui s’embourbe trop dans un enchevêtrement complexe
superflu dans l’intrigue, et échoue à rendre son héros franchement convaincant
en super motard charismatique. Peut-être s’agit-il là d’une erreur de casting,
tant l’acteur Lee Min-Ki est fluet et peu magnétique. Il était nettement plus à
sa place dans l’excellent « Oishi Man », ou en second rôle hésitant
et amusant dans le fameux Haeundae.
On se consolera avec le générique de fin, qui comme pour les films de Jackie Chan, nous présente l’envers des cascades qui font mal. Bon, d’accord, Quick n’est pas le genre de film à faire regretter qu’il ne soit pas sorti en salles en France. Le prochain inédit amènera-t-il ces regrets ?
