Espagne – 2011 – 1h57
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PRÉCISIONS
- VO: La piel que habito
- QC: La peau que j’habite
- Réalisateur: Pedro Almodóvar
- Avec: Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes
- Musique: Alberto Iglesias
- Scénario: Pedro Almodóvar
- D’après: Mygale de Thierry Jonquet (adaptation libre)
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DE QUOI ÇA PARLE ?
Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard (Antonio Banderas), éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau : sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable cuirasse contre toute agression, tant externe qu’interne, dont est victime l’organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu’offre la thérapie cellulaire.
Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye (Elena Anaya), un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé, il en est tout simplement dénué. Marilia (Marisa Paredes), la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye…
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SOYONS BREF, SOYONS PRÉCIS
Un film maîtrisé et très moderne qui mêle thriller et drame avec brio, tout en nous plongeant dans une histoire original où sexualité, vengeance et identité se donnent la réplique pour nous maintenir scotché à l’écran.
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VRAIMENT ? VOUS VOULEZ DES DÉTAILS ?
Mickdeca :
Quelle ne fût pas ma surprise quand je vis une bande annonce mystérieuse qui m’a tout de suite donné envie de voir ce film, de plus adaptation de Mygale de Thierry Jonquet, un livre exceptionnel en passant.
Commençons par les acteurs. Premier cité, Antonio Banderas, qui est excellent dans sa gravité toute naturelle, loin de ses rôles comiques comme dans Spy Kids ou blockbusters comme Zorro. Il joue tout en sagesse, de plus son visage est marqué tout au long du film des stigmates des évènements qu’il a vécu. Puis on a Elena Anaya, troublante de vérité, avec une sensualité dérangeante. Pourtant on ne peut la quitter des yeux tellement sa beauté nous marque. Je ne connaissais pas cette actrice mais maintenant je vais la suivre. Ma mention spéciale ira a Marisa de Paredes qui joue le rôle de la gouvernante stricte, mais en même temps très sensible, pleine de douceur, de tristesse dans le regard.
La mise en scène est tout simplement parfaite, la caméra suit les différents personnages avec une fluidité extraordinaire surtout une scène de course poursuite que j’ai adoré. On se plonge très vite dans ce long métrage à l’univers étrange qui est même futuriste car dès le début du film on nous dit que l’on est en 2012, ce qui permet au réalisateur de nous parler de progrès scientifique qui sont d’actualité mais non conceptualisé.
Le scénario est exceptionnel même s’il oublie presque complètement l’histoire de Mygale, un de mes romans préféré, modifié “horreur” aurais-je pu crier, mais ce n’est pas le cas, car l’histoire est plus complexe et même plus dramatique que dans le roman. On est surpris, dérangé, horrifié tout le long du film et pourtant les larmes ne sont jamais loin. Le scénario repose sur le mythe de la créature de Frankenstein, sauf que la créature n’est autre qu’une femme d’une beauté délicate, sensible. C’est une sorte de mise à jour du mythe dans une époque où le progrès scientifique est toujours vu comme un danger naissant pour la civilisation et qu’il faut le limiter pour évité les dérives.
La musique du long métrage est cohérente et on ne peut l’imaginer pour un autre film, elle est un mélange de style entre classique et modernisme, entre violons et synthé. On est entre le passé qui marque les personnages (d’où la musicalité plus classique) et le futur de notre point de vue (avec les sonorités plus électroniques). La maîtrise est ici de mise.
C’est étrange mais en y repensant je n’ai aucune critique négative pour ce film, et pourtant j’ai cherché.
C’est le premier thriller de Pedro Almodóvar, pourtant tout y est parfait, ce film espagnol a le droit, et doit être cité même, parmi les films américains qui au jour d’aujourd’hui n’arrive pas à nous donné un tel spectacle de style. J’espère seulement que ce n’est pas le dernier. C’est donc un de mes coups de coeur.
Tix :
C’est un film que j’ai été voir au cinéma en espagnol sous-titré sur un coup de tête, sans savoir du tout de quoi il était question, mais très intrigué par cette bande-annonce mystérieuse. J’ai beaucoup apprécié l’atmosphère, ces acteurs juste excellents comme dit plus haut. Une musique aussi soignée que la mise en scène. Ce film est marquant, même si ce n’est pas spécialement un film que j’aurais envie de revoir plus tard, ni dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde. Surtout dans les premiers moments, avouons que je me suis demandé ce que je faisais là, tant ce qui se déroule sous nos yeux est aussi intrigant que spécial. Puis ça devient de plus en plus malsain et captivant, au fur et à mesure que les révélations tombent. Pas habitué au genre, je suis ravi d’avoir vu ce film, et continuerai à découvrir Almodóvar avec plaisir !
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NOTE GLOBALE :
5 – 4
–> 4.5 / 5
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LE FILM ET LE MONDE
- Sorties :
ES : 2 septembre 2011
FR : 17 août 2011
CA : 18 novembre 2011
- Récompenses :
[2011] Festival de Cannes – Prix de la jeunesse (Pedro Almodóvar)
[2012] Goya – Meilleur actrice (Elena Anaya)
[2012] Goya – Meilleur révélation masculine (Jan Cornet)
[2012] Bafta – Meilleur film non-anglophone
[2011] The Washington DC Area Film Critics Association Awards – Meilleur film étranger