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Le retour de No Doubt

Publié le 18 juillet 2012 par Vinsh

Les revoilà donc. Pour ma part, j'ai toujours bien aimé No Doubt, sans pour autant être capable de me passionner durablement et de manière soutenue pour tout ce qu'ils font. Il faut dire que j'ai du mal à me passionner pour un groupe en règle générale. J'ai en fait préféré les bouts de carrière solo de Gwen Stefani à ses meilleures heures au sein de No Doubt. Non pas que The Sweet Escape soit une meilleure chanson que Just A Girl (loin de là, même). Mais j'ai toujours préféré les artistes solos aux groupes, l'identification et la "personnalité" qui s'expriment y sont toujours plus clairs, voire un peu moins factices que dans un groupe, je trouve.
Évidemment, il y a ces groupes qui existent moins en tant que groupe qu'en tant qu'association de songwriters et de producteurs de génie capables de produire du son easy listening au kilomètre (Coldplay, Keane), mais globalement, la notion de groupe me reste toujours un peu plus distante que celle de chanteur ou chanteuse solo : j'ai toujours l'impression que le truc vraiment intéressant de l'histoire se passe entre les membres du groupe, comme une sorte de private joke géante sur scène, dont même les spectateurs présents seraient exclus. L'artiste solo, sur scène, ne fait au moins pas semblant d'exister sans toi, puisque sa venue sur scène n'a que cet objectif : venir à ta rencontre, te montrer sa tronche de people en vrai et essayer de partager avec toi une version plus "vivante" de son répertoire. Les groupes, sur scène, sont dans la même démarche, hein, mais comme ils existent, musicalement, entre eux et sans la présence du public, la sensation n'est pas la même.
En bref, j'ai toujours préféré les artistes solos parce qu'ils incarnent une figure symbolique individualiste qui offre une illusion d'interaction en tête à tête, alors que les groupes sont dans leur délire "construit en groupe" et que j'ai l'impression de les déranger ou de ne pas tout comprendre (vu que ce qu'ils produisent est nécessairement le fruit de plusieurs visions, de plusieurs logiques que je suis incapable de synthétiser à moi seul)... Autant je trouve normal d'être mis à distance, physiquement et symboliquement, d'une diva comme Mariah Carey (ça fait partie de la mise en scène de ce qu'est une "star"), autant je trouve cette sensation désagréable quand ils sont plusieurs à me faire face. C'est bête hein ?
Toujours est-il que No Doubt est un de mes groupes préférés, même si je suis bien incapable de me définir comme un fan. D'ailleurs je l'avais déjà dit. La présence d'un leader charismatique, d'une figure de proue atypique, fun et blonde platine y a probablement beaucoup contribué.
Et donc, comme bien d'autres ex-adolescents accrochés à leur nostalgie de la fin des années 90, j'attendais de voir leur retour se dessiner. C'était un peu devenu l'arlésienne, dans la mesure où cette réunion était plus ou moins annoncée depuis 2008. Quatre ans pour pondre des moutards et coordonner leurs agendas entre eux et avec le chèque de leur maison de disques, c'est pas Rihanna qui aurait rencontré ce genre de contretemps... Du coup, on les attend un peu au tournant, car en plus de se faire désirer, No Doubt est désormais un groupe un peu vieillissant, dont le dernier album remonte à 2001 (avant un best of et un album de faces B en 2003). Un peu comme Blink 182, un autre groupe de rock un peu pop, léger et souriant adoubé par MTV qui n'a jamais su renouveler ses gros succès de la fin des 90's, No Doubt est-il encore d'actualité ? Ils ont quarante piges et des enfants, déjà, et même si ce statut familial n'empêche pas Britney Spears de continuer à susurrer lascivement des "oooh baby" dans ses chansons, chez No Doubt, cela risque de passer pour de la naïveté ou du jeunisme, dans la mesure où leurs vies quotidiennes ne ressemblent certainement plus depuis longtemps à des fêtes improvisées dans des camions sur des parking crades. Britney ne fait probablement pas (plus) de plans à trois dans des soirées hollywoodiennes pleines de jeunes gens façon "Playboy Mansion", mais au moins elle n'a pas disparu pendant 10 ans sans continuer à entretenir son fond de commerce teen pop (même si plus personne ne croit en une hypothétique similarité entre sa vraie vie et l'image qu'elle renvoie dans ses clips). 
Par ailleurs, là où le rock formaté FM avait bonne presse dans les années 90, les années 2010 font plutôt la part belle à des groupes faussement estampillés "vrai rock non commercial", ou alors à une soupe dance/R'n'B aux ambitions commerciales bien plus assumées : No Doubt, avec leurs tronches de rentiers de la culture de masse, ont désormais un peu le cul entre deux chaises.

Le retour de No Doubt

Comment ça, "La couv' est moche" ? Ah oui...


La bonne nouvelle, c'est qu'avec Settle Down (qui se traduit littéralement par "s'installer", domestiquement parlant) (ce que tous les membres de No Doubt ont désormais fait), le groupe ne semble pas chercher à faire semblant de rentrer dans une de ces cases actuellement à la mode : ils font du rock coloré et pop, teinté de ska et de reggae, comme ils l'ont toujours fait. Ils ne succombent pas aux sirènes du trash, de la dance ou du rock "sérieux". Ce qui est au mieux une preuve d'intégrité artistique, au pire un calcul malin. Un peu comme les fans de Johnny Hallyday lui sont reconnaissants de ne jamais avoir eu de période disco, les fans de No Doubt leur seront toujours reconnaissants de ne pas avoir cherché à faire du Lady Gaga ou du Black Keys. Ils auront toujours fait du No Doubt, parce qu'ils ont compris que c'est pour ça qu'on les aime, et probablement, aussi, parce que c'est ce qu'ils aiment faire.
Là où je suis plus circonspect, c'est sur l'efficacité FM de Settle Down, qui ne casse quand même pas trois pattes à un canard. Du coup, pour le moment, et à moins que les médias (ou un deuxième single ?) ne viennent sauver ce come back à coups de matraquage, je vois plutôt No Doubt nous faire un schéma classique de "come back de groupe culte des 90's" : façon Texas ou The Cranberries, fidèles à eux-mêmes et capables de faire quelques nouveaux albums sans faire de vagues, mais adieu désormais aux ventes faramineuses et aux hits FM. C'est fou, d'ailleurs, d'imaginer qu'au petit jeu des come back nostalgiques des années 90, ceux qui semblent s'en être le mieux sortis à ce jour soient... les Take That.

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