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Raconte-moi une histoire (by notre spéciale guest Lola)

Publié le 19 juillet 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

À Strasbourg, il existe un lieu hybride, ni musée, ni centre d'art, ni galerie, c'est un espace patrimonial géré par les musées de Strasbourg : l'Aubette 1928. Je m'y suis rendue récemment pour découvrir cet espace décoré par Hans Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp et Theo Van Doesburg dans les années 1920. Là, s'y déroule une « expo » sonore, à voir ou plutôt à entendre.

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Vue de l'exposition Dominique Petitgand à l'Aubette 1928. Photos : Musées de Strasbourg/Mathieu Bertola

Des mots résonnent quand on entre dans l’Aubette, Dominique Petitgand y expose « un tout, dont je fais partie ». Des mots, des phrases sont dites, femmes, hommes et enfants, un son entêtant aussi. Il a fallu que je me concentre pour ne rien perdre des sons qui rebondissaient sur les murs des salles de cet espace qui fut dédié aux loisirs : ciné, bal, bar. Ce que j’ai trouvé étrange, c’est que, pour atteindre l’Aubette, on passe à travers divers univers sonores bien distincts : la place Kleber et les bruits des passants puis le couloir pour entrer au centre commercial avec sa musique digne d’un dancefloor et enfin, une fois la porte de l’Aubette refermée derrière nous, les mots dits d’un enfant qui nous raconte des histoires. Mais, peu-être qu'il nous confie plutôt son histoire, difficile de savoir…

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Vue de l'exposition Dominique Petitgand à l'Aubette 1928. Photos : Musées de Strasbourg/Mathieu Bertola

En fait, quand je suis arrivée, je me suis installée afin d'écouter ces voix qui sortaient d'un haut-parleur. Puis, j'ai entendu la même voix d'enfant que celle que j'écoutais mais elle venait de plus haut, et poursuivait l'histoire, ces deux mêmes voix se répondaient : étrange, comme s'il était schizophrène, mais peut-être est-ce moi qui étais entrain de le devenir.

Le son circule entre les espaces et nous invite à aller à l'étape suivante, à quoi bon y résister ? En haut de l'escalier, toutes les portes semblaient fermées, j'ai cherché et j'ai fini par trouver la porte que je serai capable d'ouvrir. C'était un peu comme dans Alice au pays des merveilles, trouver la porte qui me mènera à l'espace suivant, au son d'après, à la suite de l'histoire ou à la prochaine peut-être aussi. Peut-être se suivent-elles, qui sait ?

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Dominique Petitgand, Extrait - Transcription

Dominique Petitgand a imaginé un dispositif qui nous fait passer d'un espace à l'autre dans l'ordre qu'il souhaite et pas un second. Un peu comme un danseur qui guide sa partenaire, nous devons suivre ces voix qu'il a enregistrées, accepter de se laisser entraîner par elles. Ces récits ne sont pas écrits en amont, il y une certaine spontanéité dans ces enregistrements que l’artiste recompose ensuite. Il s'y trouve aussi beaucoup de silences. Entre deux phrases, deux idées, l'artiste insère des silences qui scénographient l'histoire, lui ajoutent du drame et du suspense. L'espace devient inquiétant, quand on écoute les diverses œuvres sonores de Dominique Petitgand, c’est quelque chose d’étrange et quelque peu angoissant qui transparaît. Qui est ce petit garçon qui est malade, est-il vraiment malade, que lui est-il arrivé, pourquoi part-il dans la salle des fêtes ? Et pourquoi est-il enfermé dans un ascenseur dans la pièce suivante, le foyer-bar ? Les sons que l'on entend depuis celui-ci et qui proviennent du ciné-dancing sont des bruitages qui font partie de l’œuvre « la porte n’est pas ouverte », ils ajoutent de la peur et de l’angoisse au récit que l’on entend, le dramatisent, les mots étant déjà porteurs d'angoisse de ce qu'il va se passer dans la suite de ce conte…

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Vue de l'exposition Dominique Petitgand à l'Aubette 1928. Photos : Musées de Strasbourg/Mathieu Bertola

Inquiétante et étrange, cette exposition invite à découvrir cet espace de l’aubette différemment. Des bruits, des voix et de la musique résonnent entre ces murs qui étaient dédiés à la fête. C’est une façon étonnante de faire revivre l’aubette en y faisant bruire des voix qui remettent du spectacle dans ce lieu qui y était consacré.

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Dominique Petitgand - Un tout, dont je fais partie, exposition à L'Aubette 1928 jusqu'au 25 août 2012

Place Kleber / Strasbourg / horaires d'ouverture : du mercredi au samedi de 14h à 18h.

Lola Juan, nouvelle à Strasbourg avec une expérience en médiation culturelle spécialisation art contemporain, s'essaie à l'écriture sur lifeproof.fr !


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