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Dassault, un fleuron de l’aéronautique française

Publié le 20 juillet 2012 par Edelit @TransacEDHEC

Dassault. Un nom qui évoque le ciel. Une marque qui rappelle l’excellence industrielle à la française. Un patronyme qui mêle grande fortune et pouvoir politique. Portrait d’un nom empreint d’Histoire et de réussite.

Le fondateur du groupe, Marcel Dassault est la figure mythique du groupe : diplômé de Supaéro, il construit son premier avion en 1917, fonde l’entreprise familiale en 1928, est arrêté puis déporté pour son refus de collaborer, pense et produit l’Ouragan, le premier avion à réaction français, en 1949. A partir de là, la légende Dassault va s’écrire. Multipliant les modèles d’aviation militaire (Mirages, Rafales) et privé (Falcons) faisant la fierté de toute une nation, l’entreprise se diversifie très rapidement se tournant vers la presse en créant Jours de France en 1958. Par la suite il créera la filiale Dassault Système en 1974 dans le secteur des logiciels. En parallèle à sa vie d’entrepreneur exceptionnel, Marcel Dassault mènera une véritable carrière politique en étant sénateur puis député de l’Oise de 1951 jusqu’à sa mort. Décoré de la légion d’honneur, ce grand dirigeant Gaulliste s’éteint en 1986 alors qu’il était en l’exercice de ses fonctions de PDG et de député, laissant la tête du Groupe Industriel Marcel Dassault (GIM Dassault) à son fils ainé: Serge Dassault.

La 2ème génération de Dassault va prendre une trajectoire très similaire à la première. Né en 1925, Serge Dassault en intègre lui aussi Supaéro et dès 1955 il est nommé directeur des essais puis, après d’autres hautes fonctions dans l’entreprise, PDG de GIM Dassault. En 2004, il poursuit la diversification de l’entreprise vers les médias en devenant actionnaire majoritaire de Socpresse, groupe possédant notamment Le Figaro. En marge de son ascension dans le groupe, le fils de Marcel Dassault va embrasser, tout comme son père, une carrière politique dans la droite, devenant Maire de la ville de Corbeille-Essonne dès 1983 puis de 1995 à aujourd’hui, et sénateur depuis 2004.

La 3ème génération ne saurait trancher avec les 2 premières qui ont eu tant de succès. Encore une fois et sans surprise, les quatre enfants de Serge Dassault vont intégrer l’entreprise familiale après une brillante scolarité, cumulant les fonctions de directions à tous les étages de la compagnie. Et comme de bien entendu l’aîné, Olivier Dassault, fait de la politique, principalement en tant que député UMP de l’Oise.

Aujourd’hui le groupe Dassault est un monument de l’industrie française à 21 milliards d’euros de chiffre d’affaire, connu et respecté à travers le monde entier. Sa figure emblématique Marcel Dassault, que certain surnomme affectivement Tonton Marcel, a marqué son pays de son génie créatif, de son courage dans l’adversité, de son esprit d’initiative. Qu’en reste-t-il en 2011 ? Dassault est une entreprise familiale de la nomenklatura dans sa plus pure tradition avec ses avantages… Et ses déboires.

En effet que penser du clivage pouvoir politique / pouvoir économique qui a valu à Serge, alias « l’empereur tricolore de la corruption » selon Marianne, de multiples examens de la part du Conseil Constitutionnel pour conflit d’intérêt en 2004 et à l’inéligibilité d’un an et demi pour dons d’argent aux électeurs « de nature à altérer la sincérité du scrutin » en 2008 et 2009 ? Que dire des positions très conservatrices du Pater familias qui vote contre le Pacs et de son fils aîné qui propose le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes? Comment réagir face à une famille connue pour instaurer une pression constante sur la rédaction de son journal principal, censurant et imposant leurs points de vue à tour de bras ? Comment appréhender cette guerre de succession qui se trame depuis 2009 et l’ambition affichée d’Olivier d’être en tête sur le testament ? Le père compte-t-il faire encore mieux que le grand-père et souffler ses 100 bougies depuis son fauteuil de président-directeur ?

Tant de questions qui donnent à réfléchir sur cette glorieuse entreprise : une compagnie capable de faire rêver des générations d’enfants et d’adultes avec ses avions fuselés; pour ensuite sombrer dans de pâles histoires d’ultra-conservatisme, de gangrenassions des médias, de succession post mortem assez mal avenue. Le panache Dassault n’a pas disparu. Mais le ciel ne sera plus jamais aussi bleu qu’avant.

Timothée Guérin


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