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[critique] the Dark Knight rises : again & forever

Publié le 20 juillet 2012 par Vance @Great_Wenceslas

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Un grand merci à Neil (du remarquable Ciné de Neil, un des piliers du  Palmarès) pour m'avoir proposé d'écrire cette critique.

Difficile de passer à côté de l'énorme machine de guerre marketing qu'a lancé la Warner depuis quelques semaines sur la majorité des panneaux publicitaires de nos rues et depuis des mois déjà sur le net… Batman est bien de retour sur les écrans cet été, et dire qu'il est attendu par une horde de fans surexcités est un euphémisme !

Double pression pour le réalisateur de la – désormais - trilogie (Christopher Nolan), qui devra non seulement contenter voire surpasser les espérances les plus folles des spectateurs mais également terminer son histoire d'une manière satisfaisante à la vue de l'ensemble que constituent Batman begins/The Dark Knight/The Dark Knight rises. Un bon film n'aurait pas forcément suffi à clore de la plus belle des façons la trilogie.

En réalisant ce troisième épisode, le dernier, Nolan a mis le paquet. Un peu trop même tant le film est long et dense. C'est que l'on a ici à faire à un vrai film de guerre, qui tranche tout de même un peu avec les adaptations habituelles de comics opposant la plupart du temps un seul super-héros à sa Némésis ; et à l'instar du précédent opus (The Dark Knight), le scénario multiplie les intrigues, les personnages, les lieux, au point de risquer par moments de perdre le spectateur. Ce que l'on pourrait qualifier d'excès de générosité contribue malheureusement au manque de développement de certains rôles (alors que le métrage dure tout de même presque 3 heures) et à une mauvaise gestion du rythme général - car trop soutenu - du film. Et même s'il a fait des efforts depuis Batman begins, pourquoi Nolan continue-t-il de surligner sans cesse ce que le public est sensé comprendre par lui-même ? Encore beaucoup de dialogues et de scènes qui auraient pu être bien raccourcis… Dans Batman begins, la première partie nous « inceptionnait » le mot « fear », on devait au moins l'entendre 146 fois… Dans The Dark Knight, le Joker n'arrêtait pas de se proclamer « électron libre », théorisant sur le chaos dans un long dialogue avec Dent… Bon et bien on a compris, d'abord on a eu « la peur », après « le chaos » (ou « la folie »)… Ici, le nouveau concept à retenir, le thème fort, c'est un mélange de douleur (physique ou morale) et d'espoir. Un peu plus subtil, mais un peu seulement hein… Par exemple, c'était une excellente idée que de faire surgir Bane de sous la terre, mais était-ce bien nécessaire de faire réciter à un personnage une tirade comme quoi il venait de l'enfer ? L'image parlait largement d'elle-même !

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Pourtant, malgré ce trop-plein, le film est incroyablement maîtrisé. Surtout, surtout, ne vous gâchez pas la séance de ciné à aller regarder les moindres bandes annonces ou infos qui filtrent de plus en plus : le film contient énormément de surprises, et il serait dommage de trop en dévoiler. Cette critique ne contient pas de spoilers et fera donc l'impasse sur de nombreux éléments du scénario. De toutes manières, il s'agit surtout d'un premier avis. Si Batman begins était un très bon reboot quoique légèrement parasité par un montage épileptique dans les scènes de baston, sa suite The Dark Knight, le surpassait facilement. Il faut dire que le duo Joker/Two Face était la véritable attraction du film, admirablement interprété. The Dark Knight rises se hisse sans peine à ce niveau, peut-être même fait-il encore mieux car il réussit là où on ne l'attendait pas : tout en ayant son identité, il relie admirablement Batman begins à The Dark Knight, et apporte une cohérence plus que bienvenue à l'univers du Chevalier Noir. Là où il était assez difficile d'associer entre eux les deux premiers épisodes, The Dark Knight rises s'en charge aisément. Même les couleurs et la tonalité, si différentes entre chaque film, trouvent une logique. Pour le coup, il y a un autre dialogue dans ce nouveau film qui explique cela, et il n'est plus étonnant de voir que l'on passe de l'obscurité de Batman begins, aux teintes bleues de Dark Knight, pour aller vers une luminosité de plus en plus forte lors de la dernière partie de The Dark Knight rises. Et contrairement au second opus, où l'on pouvait s'en passer, il est vivement conseillé d'avoir vu les films précédents pour réellement apprécier celui-ci.

Ce troisième épisode est en effet un mélange des deux autres : les idées délirantes du scénario pour le premier et l'aspect froid, pseudo réaliste, avec cette réflexion sous-jacente sur le monde dans lequel on vit pour le second. Il revient sur les origines du Caped Crusader, encore, mais nous les montre d'un autre point de vue.

8 ans se sont passés depuis les derniers événements, et Nolan nous le fait bien sentir. Il ancre le film davantage dans notre époque, et évoque continuellement (et un peu lourdement par moments, comme lors de l'hymne américain par exemple) les grands thèmes actuels : crise écologique, crise financière, politique des Etats-Unis… Cela pourra passablement gêner certains spectateurs, mais pourtant, Nolan les implique directement, en leur montrant un monde pas si éloigné de la réalité : lorsque Bane déclenche l'apocalypse, il est très difficile de ne pas ressentir un certain malaise. Quelques images sont même étonnamment violentes pour ce genre de film. Bon après, comme dit au-dessus, la douleur, la violence, avant l'espoir, c'est ce qu'il faut retenir du film.

Outre cette cohérence totale avec les autres épisodes, l'un des points forts du film est sa trame principale. On est transporté et constamment surpris. Alors oui, la fin, très belle (sans dire quoi que ce soit de plus) n'est pas si étonnante, elle est plutôt logique au regard de la trilogie, mais il n'empêche que l'on va de surprise en surprise le reste du temps. Des bonnes surprises même. Certains personnages prennent de l'importance, on s'attache de plus en plus à eux. Car malgré toutes les - énormes et nombreuses - scènes de baston, on sent Nolan davantage attiré par les histoires à taille humaine. Alfred par exemple a droit à quelques-unes des plus belles scènes, ou bien encore Lucius Fox. Mais c'est Bruce Wayne qui est le véritable centre d'intérêt, encore plus que son double Batman. C'est d'ailleurs carrément osé de laisser Batman de côté pendant un très long moment, alors que certains détracteurs à l'époque de Dark Knight se plaignaient déjà de l'absence de ce dernier au profit du Joker. Ici, même s'il n'est pas présent à l'écran, l'ombre du Chevalier Noir plane sur tout le film. Bruce Wayne passe par toutes les étapes et surmonte les pires douleurs pour arriver à donner un sens à sa vie. Impossible d'en dire plus une nouvelle fois. Mais attendez-vous à un film riche en émotions.

Des émotions que la totalité du casting – impeccable - arrive à transmettre au public d'une très belle manière. Christian Bale n'a plus rien à prouver, certes, mais il est une nouvelle fois exceptionnel. C'est même sa meilleure interprétation de Bruce Wayne. Les grands acteurs que sont Morgan Freeman, Michael Caine et Gary Oldman apportent toujours ce petit plus de sincérité, d'humanité, qui les fait agir comme une sorte de lien entre le public et le film, des personnages auxquels il est plus facile de s'attacher. Caine dit qu'il est une sorte de porte-parole pour le public.

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Anne Hathaway est épatante : on pouvait craindre une comparaison débile entre son jeu et celui de Michelle Pfeiffer, sauf que dès qu'on la voit, on n'y pense finalement plus. Elle est très juste en Selina Kyle (à noter que le nom de Catwoman n'est jamais prononcé dans le film). Tom Hardy est extraordinaire dans le rôle de Bane, une brute épaisse, à la voix posée et à l'accent prononcé (on croirait écouter par moments Sean Connery !), qui s'avère être l'ennemi de Batman le plus stratège, intelligent et surtout, efficace. Son premier combat contre Batman est un moment d'anthologie.

Joseph Gordon-Levitt, tout en retenue, a l'un des plus beaux rôles, et Marion Cotillard est une fois de plus vraiment excellente. Bref, du tout bon côté casting donc !

The Dark Knight risesest une belle réflexion sur le mythe du super-héros, et s'inscrit parfaitement dans la relecture de Batman entreprise par Nolan. Si l'on n'aime pas le style froid et un peu « ronflant », du réalisateur, on risque de s'ennuyer un peu. Mais si l'on a aimé les précédents, il n'y a pas de raison de ne pas adhérer au dernier. Oui il y a toujours quelques défauts, oui, Hans Zimmer continue encore et toujours à nous refourguer une musique étourdissante et quasi sans interruption (ces foutues basses fréquences lors de l'apparition des méchants…) - quoique l'on ressente un léger frisson d'émotion lorsqu'on entend le thème de Batman a deux reprises dans le film -, mais cette œuvre est un véritable spectacle, pas cynique, peut-être un peu excessif, mais riche en séquences marquantes (le début dans les avions, la Bat, le premier combat contre Bane, la fin). La trilogie sera allée crescendo en qualité. Ce Dark Knight rises réussit même l'exploit de rendre meilleur les deux premiers épisodes.

Ma note (sur 5) :

5

Note moyenne au Palmarès (juillet 2012) :

5


The Dark Knight rises

 

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Mise en scène 

Christopher Nolan

Genre 

Saga de Super-héros

Production 

DC Entertainment & Legendary Pictures ; distribué en France par Warner Bros.

Date de sortie France 

25/07/2012

Scénario 

Christopher & Jonathan Nolan, David Goyer d’après les personnages créés par Bob Kane

Distribution 

Christian Bale, Tom Hardy, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman, Joseph Gordon-Levitt, Anne Hathaway & Marion Cotillard

Durée 

164 min

Musique

Hans Zimmer

Support 

35 mm

Image 

2.35:1 et 1.44 :1; 16/9

Son 

VOst DTS 5.1

Synopsis Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit: lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.

Mais c'est un chat - aux intentions obscures - aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. A moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane …


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