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Impression 3D et société: applications et prospectives

Publié le 20 juillet 2012 par Modandwa @modandwa

On a vu précédemment comment l’impression 3D, qui à l’origine servait une application industrielle, avait su se faire une place de choix dans l’art et du design.

Dans quelles autres domaines la sculpture numérique est-elle déjà employée? Qu’en est-t-il pour ce qui concerne la vie quotidienne (oui oui nous ne vivons pas uniquement dans un monde fait d’œuvres d’art et de mobilier hors de prix!) ?

La reproduction : sculpture numérique, patrimoine culturel et recherche

La sculpture numérique est particulièrement utilisée dans le cadre de la reprographie de sculpture ou encore d’ornements décoratifs. Il n’est plus besoin de manipuler l’objet à reproduire ou encore de le mouler. Scanné, celui-ci est reproduit par impression, ou encore taillé au laser.

Impression 3D et société: applications et prospectives
Stéréolithographie de la structure interne de l’oreille d’un babouin fossilisé de 2,8 millions d’années

On peut à cet égard saluer l’initiative de l’atelier Lithias qui, installé au cœur de l’abbaye de Cluny, participe à la sauvegarde du patrimoine: ils reproduisent des œuvres centenaires en pierre naturelle grâce à des robots « tailleurs de pierre », tout en assurant la préservation et le renouveau de l’art sculptural en faisant appel aux gestes traditionnels du sculpteur.

En paléontologie, la stéréolithographie associée avec la tomodensitométrie (navré…encore un terme barbare), a ouvert de nouveaux champs de recherche. La tomodensitométrie permet de scanner par coupe précisément l’intérieur des objets.

Les différentes coupes 2D sont assemblées à l’aide d’un logiciel, pour créer une représentation en 3D (cette technique est notamment développée pour réaliser des autopsies virtuelles). En impression 3D, on peut dès lors On peut dès lors reproduire des fossiles qui étaient inaccessibles, prisonniers de roches, ou encore agrandir des structures internes de ces fossiles comme cette oreille interne de babouin, réalisée à plus grande échelle.

La reprographie et la création de modèles fonctionnels ouvre d’autres perspectives : aux Etats-Unis, une société fabrique des pièces de remplacement devenues introuvables, pour des modèles de voiture ancienne. On pourrait donc imaginer une économie se créer sur le remplacement de pièces anciennes, que les constructeurs refusent de commercialiser car représentant de trop petites séries.

En médecine, les méthodes de « prototypage rapide » sont utilisés pour créer des prothèses sur mesure. De équipes travaillent sur l’impression de veines artificielles, ou encore de cellules vivantes.

En architecture, l’impression 3D est à l’heure actuelle utilisée pour réaliser des maquettes alors que des chercheurs (qui n’ont absolument pas peur de la démesure) travaillent sur l’impression de bâtiments… D’autres équipes de recherche travaillent sur l’impression de… nourriture : vous reprendrez bien une couche de steak?

L’impression 3D dans notre quotidien: de la reproduction à la personnalisation de masse

Une économie est en voie de développement autour de la révolution de la sculpture numérique.

Au Japon, des poupées personnalisables en stéréolithographieL’imprimante 3D ne nous proposerait-elle pas un modèle basé sur la « personnalisation » de masse?

Au Japon, une société propose de fabriquer des modèles de poupées personnalisées, en stéréolithographie.

Un chercheur français vient de créer un modèle de chaussures, sobrement intitulé « Designed to win »; ultra légères, elles sont fabriquées sur mesure pour les sprinters.

La customisation et le sur-mesure ne seraient donc plus réservés au seul univers du luxe. Il existe de plus en plus d’espaces qui tendent à démocratiser le procédé. Les maker spaces proposent aux amateurs de s’initier aux pratiques de création numérique et d’imprimer leurs créations numériques, en mutualisant les machines de production: mouvement parti des Etats-Unis, les FabLabs ou encore TechShops essaiment à travers le monde et contribuent ainsi à diffuser largement ces procédés de fabrication…

Sur internet, des sites proposent d’échanger des modèles 3D ou encore de vendre vos productions.

Sculpteo, spécialisé dans l’impression 3D, rassemble ces services : galeries communautaires de création en open source, achat de modèles, possibilité de créer des modèles en ligne avec des outils simples, d’ouvrir une boutique et enfin d’imprimer les objets. Ce site contribue à populariser la stéréolithographie, en l’intégrant pleinement aux circuits de consommation de masse.

La sculpture numérique, économie et prospectives?

L’impression 3D, son développement très rapide atteste d’une emprise du numérique sur notre société. Industries, arts, sciences et enfin habitudes de consommation sont tous progressivement touchés par le phénomène. Dans l’art, elle se met au service l’imaginaire humain : jadis outil de visualisation de l’imaginaire, la technologie numérique permet désormais de matérialiser univers et formes virtuels jusque là fantasmés.

Prospectivons : On peut imaginer qu’à l’avenir, le nombre d’objets créés par procédé numérique soit exponentiel, allant de pair avec la stabilisation des technologies et l’abaissement des coûts de production; à savoir, l’imprimante 3D la moins chère est à 550 euros (avis aux amateurs!).

Allons plus loin : si l’imprimante 3D pénétrait dans tous les foyers, cela changerait complètement nos méthodes de consommation, voire signerait la fin du consumérisme. Ou alors au contraire, l’accessibilité de cette technologie provoquerait une consommation à l’excès, puisque chacun pourrait à loisir fabriquer localement les produits dont il a besoin, et envie.

En tous les cas, notre modèle économique et notre tissu industriel seraient tous deux complètement bouleversés par la popularisation du procédé. Quels droits pour les créateurs, s’il suffit de scanner un objet pour le reproduire à l’identique? Achètera-t-on des modèles numériques comme on fait aujourd’hui nos courses ou tout se passera-t-il par internet? Quel pourrait être la place de l’open source dans une société où chacun possèderait son imprimante?

Fantasme absurde et prématuré selon Christopher Mims, éditorialiste à la Technology Review. La révolution de l’impression 3D serait-elle uniquement une nouvelle utopie prônée sans fondements, par les chantres d’une espèce de contre-culture élitiste.

La sculpture numérique n’en est, à l’échelle des innovations, qu’à ses balbutiements. Il faudra encore de nombreuses années, d’une part, pour que le coût des machines diminue (devenant plus accessibles) et ensuite, afin que le grand public adopte la technologie et se l’approprie. En outre, les matières doivent encore se diversifier. A l’heure du développement durable, du recyclable, peut-on véritablement imaginer construire un modèle économique basé sur une industrie plastique? En outre, cette technologie parviendra-t-elle vraiment à créer des objets complexes et ce à moindre coût?

En quelques années, la sculpture numérique a déjà su se renouveler considérablement, elle offre encore de nombreuses opportunités de développement… dont l’impact sur la société et notre modèle industriel est encore difficile à saisir.


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