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Nirvana-Milk It

Publié le 21 juillet 2012 par Numfar
Nirvana-Milk It

«Je m’aime plus que je t’aime, je sais que c’est mal mais que puis-je y faire? (On a plain)»

Enregistré sous la houlette du producteur Butch Vig (également batteur de Garbage), Nirvana publie son 2e album: «Nevermind» en septembre 1991, un pur chef d’œuvre qui atteindra la 1ère place des charts américains et de nombreux autres pays, changeant radicalement la couleur musicale et le marché du disque aux Etats-Unis.

Une suite de titres en tout point parfaits, accrocheurs, puissants, originaux et excitants.

Le single «Smells like teen spirit» accroche d’ailleurs directement le grand public rock en se classant à la 6e place des charts US.

Suivront «Come as you are» (#32 US), «In bloom» et «Lithium» (#64 US), mais ces classiques sont accompagnés d’autres titres tout aussi forts comme «Breed», le triste «Polly» sur le viol d’une jeune fille, les furieux «Territorial pissings» ou «Stay away», sans oublier «Drain you» ou «On a plain» qui se rapproche de la pop, pour terminer sur le sublime «Something in the way», une fin un peu gâchée par un titre bonus largement dispensable: «Endless, nameles».

Nirvana devient le dernier groupe à la mode, entraînant derrière eux toute la vague grunge qui va déferler sur les ondes, rendant d’un coup obsolète toute la vague heavy metal qui cartonnait depuis les années 80 et qui aura bien du mal à surnager dans les années qui vont venir.

La seule réaction du groupe à ce succès phénoménal et inattendu sera de renier «Nevermind» et de dénigrer sa production trop proprette.

C’est également l’époque où Kurt Cobain se lie avec la chanteuse/actrice Courtney Love, chanteuse du groupe Hole, qui comme lui est héroïnomane.

En février 1992, le couple se marie et donnera naissance à leur unique fille: Frances Bean Cobain.

En août 1992, Nirvana donne l’un de ses meilleurs concerts lors du festival de Reading en Angleterre, concert que l’on peut découvrir sur le «Live at Reading» publié en 2009.

En décembre 1992, le groupe publie la compilation d’inédits «Incesticide» mais comme souvent dans ce genre de collections, l’ensemble manque grandement de génie.

«C’est pas parce que t’es parano, qu’ils ne sont pas tous après toi (Territorial pissings)»

En septembre 1993, Nirvana publie son 3e et dernier album studio: «In Utero», produit par Steve Albini.

Un album qui devait au départ s’appeler «I hate myself and I want to die» (je me déteste et je veux mourir), titre refusé par la maison de disque, tout comme le morceau en question qui terminera sur une compilation de l’émission de MTV «Beavis & Butt-Head».

«In Utero» montre un Nirvana plus noir que jamais (Rape me, heart shaped box), un retour vers le chaos du premier album (Scentless apprentice, Very ape, Milk it), mais qui montre également une nette évolution vers une pop plus construite, moins destroy (Frances Farmer, Dumb, Pennyroyal tea, All apologies).

L’album atteindra également la première place des hit parades US sans toutefois posséder l’aura magique et intemporelle de «Nevermind».

Deux singles en seront issus: «Heart shaped box» et «All apologies».

Pour la nouvelle et dernière tournée, un second guitariste est engagé en la personne de Pat Smear, qui suivra Dave Grohl dans l’aventure Foo Fighters.

En novembre 1993, le groupe accepte l’offre de MTV de participer à une émission «Unplugged», émission incontournable et populaire de l’époque.

Accompagnés par Pat Smear et la violoncelliste Lori Goldston, les membres de Nirvana réussissent à toucher un public encore plus large avec un album plus agréable aux oreilles non habituées aux délires sonores du groupe.

Contre l’avis de MTV, Nirvana rend hommage au groupe Meat Puppets, reprenant trois de leurs chansons, rejoints pour l’occasion par Curt & Chris Kirkwood.

Ils en profitent également pour revisiter le « Man who sold the world » de Bowie, qui passera en boucle sur MTV tout comme « About a girl » du premier album.

Janvier 1994, dernières séances de studio durant lesquelles, Nirvana enregistre l’un des derniers titres de Cobain : «You know you’re right» qui ne sera publié qu’en 2002.

En ce début d’année 94, le groupe tourne en Europe (dernier concert le 1er mars à Munich), mais Kurt Cobain va de plus en plus mal et ne semble pas pouvoir, ou ne veut peut être pas, arrêter les drogues dures.

Le 4 mars, Kurt Cobain frôle l’overdose et doit être envoyé d’urgence à l’hôpital et déjà, les premières rumeurs de suicides naissent.

Le 5 avril 1994, Kurt Cobain se donne la mort en se tirant une balle de fusil dans la tête...

On retrouvera son corps trois jours plus tard.

Il a 27 ans !

Suicide ou meurtre ?

Le suicide de Kurt Cobain possède des zones d’ombres gênantes, certains ont avancé des théories de meurtre, commandité ou non, mais la vérité ne sera probablement jamais faite sur cette affaire.

«Qui d’autre pourrais-je être ? Toutes mes excuses!

Que pourrais-je dire d’autre ? Tout le monde est joyeux !

Sous le soleil je me sens entier, marié, enterré... (All apologies)»

Après Nirvana, Krist Novoselic n’a pas réellement convaincu à travers ses deux groupes: Sweet 75 et Eyes Adrift, qui n’auront eu qu’une existence très brève.

Il s’est depuis reconverti dans la politique.

Dave Grohl, en revanche, aura une carrière brillante, les Foo Fighters bien sûr (leurs trois premiers albums surtout, indispensables), mais aussi des collaborations réussies avec de nombreux artistes, dont l’une des plus mémorable est sa participation à l’album «Songs For The Deaf» de Queens Of The Stone Age.

Depuis la mort de Cobain, les disques de Nirvana se vendent bien, merci pour lui, demandez à Jimi, Janis, Otis, Sid, Bob, Mr. Mojo Risin’ ou Dr. Winston O’Boogie, ils n’ont jamais autant vendu de disques que depuis qu’ils nous ont quittés.

Des live : le «Unplugged» bien sûr, l’album préféré des bobos qui se disent fans de Nirvana, le bordélique «From The Muddy Banks Of The Wishkah» au récent «Live At Reading», des compils avec ou non des inédits (comme «You know you’re right» figurant sur la compil de 2002), des coffrets remplis de miettes et autres fonds de tiroirs en pagaille etc.... La machine n’est pas prête de tomber en panne.

«Je préfèrerais être mort que cool, je ne sais pas pourquoi (Stay away)»

© Pascal Schlaefli

Urba City

Juillet 2012


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