Magazine Séries

(Pilote UK) Gwaith/Cartref (Home/Work) : Mae 'na wers i'w dysgu - Teaching, it's an education

Publié le 21 juillet 2012 par Myteleisrich @myteleisrich

 home_work0.jpg

Une série britannique au programme du jour, en provenance du Pays de Galles. Pourquoi cette précision revêt-elle une importance particulière ? Pour une raison simple : si les séries tournées à Cardiff ne manquent pas, la particularité de Gwaith/Cartref est d'être tournée en gallois, et non en anglais. Un peu comme, la semaine dernière, Polseres Vermelles : série espagnole catalane dans laquelle les dialogues sont en catalan, et non en castillan. Si j'insiste sur cette question linguistique, c'est que, depuis que j'ai dépassé le seul cadre anglophone dans mon exploration des séries, au voyage culturel, est venu se greffer un intérêt inattendu : la découverte d'autres langues. Si je n'ai (hélas) jamais eu de prédisposition en la matière, ce tour du monde en version originale sous-titrée offre une balade linguistique que j'apprécie de plus en plus. 

Gwaith/Cartref (en anglais Work/Home, d'où le titre international Home/Work) est une série qui a débuté le 18 septembre 2011 sur la chaîne S4C (une chaîne, émettant depuis Cardiff, justement en langue galloise). Sa première saison compte 10 épisodes ; une seconde a été commandée et diffusée au printemps 2012. En France, la série arrivera à la fin du mois sur Eurochannel (disponible sur SFR (89), Free (39) et Virgin (194)), chaque dimanche soir à 19h45 à partir du 29 juillet 2012. Si sur le papier, elle n'est pas sans faire penser à Boston Public ou encore Teachers, Gwaith/Cartref opte cependant pour une tonalité plus légère, dans un registre qui flirte avec la comédie sans pour autant dépeindre cet univers éducatif sous son meilleur jour.

Home_Work_6.jpg

Gwaith/Cartref se déroule à Cardiff. Elle s'intéresse au quotidien d'un groupe de professeurs qui travaillent dans une école publique où les cours, et plus généralement toutes les conversations, sont en langue galloise, les élèves ne devant, eux non plus, pas s'exprimer en anglais dans l'établissement. Comme le titre l'indique, la série nous relate la vie des enseignants en entremêlant les volets professionnels et privés qui se juxtaposent souvent et se confondent parfois. Cela se traduit également dans la construction des épisode. Chacun se divise en deux parties : la première concerne le versant professionnel, évoquant les évènements à l'école, la seconde s'intéresse aux professeurs une fois que la dernière sonnerie a retenti, des corrections de copies jusqu'aux sorties entre collègues.

Au sein de l'équipe enseignante, on retrouve des protagonistes très différents. Simon Watkins fait par exemple figure d'ambitieux prêt à tout pour accéder à des responsabilités, visant notamment au cours du pilote la direction du département de géographie de l'école. Il vit en couple avec une autre enseignante, Grug, laquelle peut à l'occasion servir ses projets. Il a aussi permis à un de ses meilleurs amis d'unversité de décrocher un poste de professeur, Dan revenant d'un projet scientifique de deux ans en Indonésie. Parmi les autres personnages introduits, on découvre notamment Beca, une jeune femme décidée à s'amuser et à profiter de la vie, Wyn, qui rêve de quitter l'école et postule à de nombreuses offres d'emploi, ou encore Aneurin Rees, dont ce sont les débust en tant qu'enseignant et qui n'a pas les réflexes, ni l'expérience pour gérer une classe.

Home_Work_5.jpg

Gwaith/Cartref nous plonge dans les coulisses d'un établissement scolaire, en se plaçant exclusivement du point de vue des enseignants. Logiquement, la série prend tout d'abord ses quartiers dans la salle des profs, véritable centre névralgique de l'école. Durant les inter-cours ou les pauses, tout le monde s'y croise. Les répliques fusent, les affinités s'affirment, les inimitiés et autres cohabitations forcées aussi. Ce milieu professionnel est dépeint avec une écriture très vivante. Au sein de cette galerie de portraits de personnages colorés, s'esquissent des personnalités avec leurs ambivalences, leurs failles, mais toutes assez attachantes à leur manière. On a, dans l'ensemble, l'impression d'être face à une équipe, certes extrêmement bigarrée, mais aussi unie par son métier et ses expériences. Le choix de quitter l'école durant la seconde partie de l'épisode ne déséquilibre pas le récit et permet au contraire d'accentuer ce ressenti : le masque du professeur tombe, les éclairant sous un autre jour. On en apprend un peu plus sur eux, et on découvre qu'ils sont, malgré leurs différences, tous liés à l'extérieur, se retrouvant pour une soirée au resto où chacun finit par aller bon gré, mal gré.

Le métier d'enseignant est présenté sans idéalisation. Chacun vit cette mission scolaire à sa façon. Dans ce premier épisode, les difficultés inhérentes à ce travail font d'ailleurs partie intégrante du récit. Des problèmes de discipline face aux élèves turbulents jusqu'aux parents d'élèves trop intrusifs, Gwaith/Cartref relate un quotidien très animé. C'est sur cette dynamique d'ensemble que le pilote repose. Le rythme de narration est rapide. Et si le sujet est familier, ayant déjà été traité plusieurs fois, l'attrait de la série tient surtout à la tonalité adoptée. Elle séduit par sa relative légèreté, par ce soupçon d'insouciance très humaine distillé. Certains évènements relèvent bien du registre dramatique (par exemple, une enseignante qui craque nerveusement), mais leur mise en scène, avec ses excès volontaires - parfois du répétitif qui tourne au running-gag -, son burlesque occasionnel ou encore les dialogues plein de recul et décalés de certains, prête facilement à sourire. Gwaith/Cartref entend divertir et elle s'y prend plutôt bien, en grande partie grâce à une approche certes classiques, mais très humaine et pleine de vitalité.

Home_Work_7.jpg

Sur la forme, on retrouve cette même volonté d'insuffler une énergie communicative au récit. Tout en étant de facture très correcte, la réalisation se veut avant tout dynamique, la caméra, rarement figée, accompagnant les mouvements et les actions des personnages. De même, dans la bande-son, retentissent quelques chansons généralement assez rythmées qui correspondent bien à l'atmosphère de la série.

Enfin, Gwaith/Cartref dispose d'un casting homogène, qui contribue à la sympathie d'ensemble que l'on est naturellement enclin à ressentir pour ce groupe. Chacun sait en effet capturer les différentes facettes de son rôle. A l'affiche, on croise Huw Rhys (The Palace), Rhys ap Threfor, Rhian Blythe, Hannah Daniel, Richard Elis, Catrin Fychan, Arwyn Jones, Lee Haven-Jones (Caerdydd), Lauren Phillips, Rhodri Evan, Rhian Morgan (Pobol y Cwm), Siw Hughes (Pobol y Cwm), Manon Grocott et Sam Davies.

Home_Work_10.jpg

Bilan : Série galloise qui nous introduit dans le quotidien d'enseignants, Gwaith/Cartref se réapproprie ce sujet connu, avec les difficultés et les épreuves qui lui sont propres, en optant pour une approche qui flirte plutôt avec la comédie. La tonalité obtenue se révèle ainsi très rafraîchissante. Sans révolutionner ce genre familier, ni innover de façon notable, cela donne un résultat divertissant et surtout vivant. En résumé, voici un pilote qui annonce une série sympathique si elle est en mesure de conserver cette même dynamique de départ. (Le tout à apprécier pleinement en gallois, avec quelques parenthèses anglophones par instant.)


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série (sous-titrée en anglais) :


Retour à La Une de Logo Paperblog