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Swamplandia de Karen Russell

Par Sylvie

RENTREE LITTERAIRE 2012-ETATS-UNIS

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Editions Albin Michel, collection "Terres d'Amérique"

Attention, gros coup de coeur ! C'est ma première lecture de la rentrée 2012 en avant première et une grosse découverte. 

Ce premier roman de cette jeune romancière a été classé parmi les cinq meilleurs romans américains de 2011 par le New-York Times. 

Il faut dire que ce récit est original à plus d'un titre ; pour moi, il m'évoque à la fois Alice au pays des Merveilles et La nuit du chasseur de Charles Laughton, mêlant à la fois le récit d'aventure fantasmagorique et le roman familial. 

La jeune auteur née en 1981 nous plonge dans la région marécageuse de Floride, les Everglades. Nous voici au pays des alligators, sur l'île de Swamplandia où la famille BigTree règne sans partage au sein de leur parc d'attraction. Le numéro qui a fait leur renommée : le plongeon de la mère Hilola dans un bassin rempli d'alligators !

Mais la mère meurt d'un cancer, et là, comme dit la cadette, Ava, ce fut "le commencement de la fin". La famille, le père et ses trois enfants, vont tenter chacun à leur manière de sauver leur famille et le parc criblé de dettes...

La mort,le deuil, mais aussi et surtout une ode formidable à l'aventure et à l'amour filial. L'auteur navigue constamment entre émotions et événements insolites. Son écriture très imagée, regorgeant d'odeurs et de sons, ne fait que rajouter de la fantaisie au récit. 

Il faut dire que cette famille Bigtree ne manque pas de piquant : le "Chef" se prend pour un indien pur souche, il a d'ailleurs créé un musée retraçant l'histoire et la généalogie de la famille. Le fils aîné, Kiwi, féru de latin, veut quitter son île paumée pour faire des études. Il est finalement embauché dans le parc d'attraction concurrent, Le Monde de l'Obscur avec sa baleine-toboggan géante...Quant aux filles, elle vont partir dans une aventure fantasmagorique palpitante...La grande, Osceola, férue de spiritisme, tombe amoureuse de fantômes et part à la recherche des morts...Un jour avec Ava, elle vont croiser un étrange personnage dragueur de fond, Louis Thanksgiving...

Et c'est parti pour une palpitante aventure au pays des enfers...Réalité ? Fantasmagorie ? Les jeunes filles frôlent à chaque fois la féérie et l'horreur, ce qui fait penser au chef d'oeuvre de Charles Laughton, La nuit du chasseur. La promenade en barque, le cadre de l'histoire (la faune et la flore des marais) nous rappellent ces images cinématographiques. Elles croiseront des personnages très fantasques tels l'Oiseleur et Mama Weeds, qui recoud les vêtements des fantômes. A-t-on basculé de l'autre côté du miroir, tel Lewis Carroll, cité en exergue....

Peu importe ! Ce qui compte, c'est la force des histoires qui peut nous aider à guérir d'un deuil. Ce qui ressort de ce roman, c'est une formidable énergie, une force de vivre, un optimisme fantasque qui aide à faire face et à aller de l'avant.

Une nouvelle raconteuse d'histoire est née. A noter aussi l'intérêt historique de l'oeuvre qui nous fait découvrir l'Histoire méconnue de la Floride : le dragage meurtrier des Everglades en passant par la naissance du peuple Séminole, constitué d'indiens et d'esclaves noirs affranchis. 


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