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Griffintown

Par Fibula
Griffintown, Marie Hélène Poitras, Éditions Alto, 2012
GriffintownDécidément à l'aise dans de nombreux styles (littérature jeunesse et adulte, critique musicale et littéraire), l'auteure Marie Hélène Poitras, également journaliste culturelle en musique et éditrice web de Zone d'écriture, de Radio-Canada, nous offre pour son troisième roman pour adultes un véritable western urbain.Se servant de son expérience comme cochère à Montréal, l'auteure nous entraîne dans les écuries du quartier Griffintown, dans le sud-ouest de la ville. C'est là que John, Billy, Marie et d'autres vont se côtoyer, traînant leur passé dans leurs bottes...
Tout comme dans La mort de Mignonne et autres histoires, le précédent livre pour adultes de Marie Hélène Poitras (recueil de nouvelles), l'un des éléments frappants de Griffintown est l'inconditionnel amour de l'auteure pour les chevaux. Elle les comprend et les sublime.Nous entrons, grâce à ce récit, dans un univers qui nous est totalement méconnu, et Marie Hélène Poitras nous en apprend beaucoup (l'école des cochers, le traitement réservé aux chevaux, la menace des constructions de luxe dans le quartier, la conduite d'une calèche), tout en gardant une vraie part de mystère qui s'accorde avec l'aspect "conte urbain" de ce livre.
Le récit, construit comme une enquête (on cherche à savoir qui a tué Paul), avec ses multiples protagonistes, utilise Marie comme fil conducteur, « pied-tendre » s'intégrant dans ce milieu difficile.
Avec une toile de fond un peu plus classique (deux êtres que tout sépare vont se rencontrer), Griffintown nous ouvre un nouveau monde, poétique et dur à la fois, peuplé de personnages hauts en couleur, de détails recherchés et de passages très évocateurs.
Tout cela en fait incontestablement l'une des grandes réussites littéraires de l'année au Québec.
Angle Murray et Ottawa, dans l'ancien Horse Palace de Leo Leonard, là où paissaient d'autres chevaux de trait jusqu'à tout récemment, une petite boule de feuillage a pris forme autour d'une racine de trèfle exhumée. En roulant ainsi ballottée, elle a fini par accrocher ce qui traînait autour de léger et de friable : brins d'une vieille herbe jaunie, boutons de fleurs séchées, cheveux blancs et crins fourchus, de la corne réduite en poudre et même un peu de moelle, emmêlés au sable gris, aux racinettes de pissenlits, nervures de feuilles datant d'automnes révolus, germes de sainfoin, bouts de ficelle et de corde rêche, pollen et rouille effritée, duvet de moineau. La boule prend de l'expansion, de plus en plus bouffante et ventrue, virevolte sur l'asphalte en direction de le rue des Seigneurs, comme une petite âme en proie à l'affolement. (p.111)
La sublime couverture du livre, qui résume bien le contenu de ce roman, est réalisée par l'illustrateur montréalais Jason Cantoro (jetez un œil sur son site, ça vaut le coup).
La critique de Chantal Guy dans La Presse
L'article de Dominic Tardif dans le journal Voir
Un reportage sur Griffintown et sur les écuries dans Mange ta ville
De nombreux blogues ont parlé de Griffintown, parmi eux, Ma mère était hipster
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : Rome, Danger Mouse et Daniele Luppi (EMI, 2011). Cet album pourrait jouer en boucle durant toute la lecture de Griffintown! D'ailleurs, l'une des chansons de l'album s'intitule The Rose With the Broken Neck, la rose au cou cassé, qui est le surnom de Marie dans le livre...

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