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Pourquoi la controverse du Vel’ d’Hiv ?

Par Rsada @SolidShell

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Nous ne trouverons jamais le repos ! L’Histoire, notre Histoire commune, peine toujours à imprimer les seules mémoires pour continuer à déchainer l’orgueil des uns et les préjugés de tous.

Lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la Rafle du Vel’ d’Hiv, le président François Hollande a tenu à entretenir la flamme du souvenir en creusant un peu plus le sillon laissé par son prédécesseur Jacques Chirac, qui avait reconnu en 1995 la responsabilité d’un acte irréparable commis par la France.

Le Chef de l’Etat s’est paré d’une posture quasi-biblique lors de son discours en assenant une phrase choc : « La vérité, c’est que ce crime fut commis en France, par la France ». Cette vérité n’a semble-t-il pas été du goût de nombreuses personnalités politiques qui, chacun le sait bien, ne manquent jamais une occasion de juger ou de détourner l’Histoire, à défaut de pouvoir y inscrire leur propre nom.

Ainsi donc, la charge à peine contenue contre l’évocation de cette terrible vérité est venue du tout jeune Député Henri Guaino, qui a jugé les propos de François Hollande purement scandaleux en niant cette France honteuse. L’eurodéputée Rachida Dati, toujours très décalée, a quand à elle refusé de s’associer aux propos du Chef de l’Etat demandant à ne pas oublier les français qui avaient résisté. La dernière salve, nettement plus mesurée, est venue de la part de Jean-Pierre Chevènement, qui n’apprécie guère que l’on mette la France et l’Etat français vichyste au même niveau.

Ne jouons pas sur les mots et reconnaissons, même si cela porte atteinte à notre égo personnel, que la Rafle du Vel’ d’Hiv est une tâche indélébile de notre Histoire commise sur notre propre territoire par des gens qui n’étaient rien d’autre que des français.

Il n’y a pas ici matière à controverse, surtout que quelques lignes plus tard le président François Hollande martèle que l’honneur de notre pays fut sauvé par le courage des Justes, par le courage de la Résistance, par la ténacité du Général de Gaulle et le sacrifice des soldats français et alliés qui au prix de leur propre sang, ont garanti notre Liberté d’aujourd’hui !

On peut renier, détester ou rejeter cette France de 1942. Il n’empêche que cette France a bel et bien existé. Des français ont piétiné nos valeurs quand d’autres les ont défendues. Ces traitres à la Nation ont avant tout trahi leur propre nom, leur propre famille, à qui ils ont laissé pour seul héritage le poids d’une conscience coupable pour l’éternité.

Si nous sommes nombreux à penser que Rachida Dati n’a pas pris soin de lire le discours dans son intégralité, l’attitude d’Henri Guaino apparait déconcertante de niaiserie tant il a tenu à sous entendre que le Président pouvait se sentir proche des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l’armistice. Jouer sur les mots autant que sur les mémoires ne sème rien d’autre que le malheur…

Ce discours ne méritait pas une controverse. La véritable controverse c’est de savoir que les enfants de la France d’aujourd’hui n’ont pas hérité du devoir de mémoire de la part de leurs propres parents. Un devoir de mémoire qui impose à tous de se souvenir qu’en 1942 certains français ont vendu d’autres français, que certains français ont troqué une vie contre une miche de pain, que certains français ont trahi la France. Cette vérité là, n’enlève rien à l’honneur rendu par le plus grand nombre !

La grandeur d’un Peuple se mesure à sa capacité d’assumer son Histoire.

A la manière d’Americo Castro : « L’Histoire doit maintenir vivante la vie ».   


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