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BABEL, une exposition mythique à Lille

Publié le 26 juillet 2012 par Musée-Oh!

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BABEL. Mythe biblique, parabole de la vanité ou de la diversité humaines, tantôt symbole de destruction ou de course au progrès... Du 8 juin 2012 au 14 janvier 2013, le Palais des Beaux-Arts de Lille signe une exposition ambitieuse qui décortique l'épisode de la Genèse.

Le visiteur le comprend vite : Babel, à la fois terrible Babylone et "porte de(s) Dieu(x)" n'est ni blanche, ni noire ; et c'est sans nul doute son statut ambivalent qui a fait d'elle une source d'inspiration inépuisable pour les artistes, écrivains, urbanistes, cinéastes.

La scénographie, empreinte de verticalité et de circularité, accompagne le discours. Tandis que trône au centre de l'espace la tour "livresque" et polyglotte de Jakob Gautel, des pieux de bois rouge forment des cimaises et font écho aux buldings et autres compositions des 85 oeuvres exposées.

Aux côtés des sculptures en dentelle de fer de Fischer, le visiteur ne peut rester impassible face aux oeuvres de l'artiste Zhenjun Du mêlant cata­clysme et pay­sages sur­peu­plés, derrière lesquels rôde le spectre du 11 septembre et de la menace terroriste. Dans cette exposition, l'image de la tour est à juste titre réccurente, presque subliminale, imprégnée sur notre rétine : immeubles du photographe belge Eric de Ville, cathédrales de Wim Delvoye, échaffaudages d'Abou Dabi de Maxime Dufour... Babel organique (la ruche de Hilary Berseth), Babel médiévale, Babel du langage, Babel du futur (Florian Joye).

Mais l’exposition ne résume pas seulement cette folie des grandeurs qui trame toutes les skylines du monde et autrefois les terres des cathédrales. Comme le souligne aussi le JDD, "le commissaire Régis Cotentin a habilement fouillé des aspects plus difficiles du mythe de Babel, dont celui du premier exode juif : le roi mésopotamien Nabuchodonosor avait capturé le peuple de Jérusalem et l’avait déporté comme butin vers Babylone. On peut lire alors l’oeuvre des très crus frères Chapman - présentée face aux tableaux fantomatiques de Miklos Bokor, rescapé des camps - tel un écho à cette antique diaspora, et par là aux pires heures de l’Histoire." Pour peu, sans l'aide du médiateur, nous serions passés à côté de cette effroyable maquette où s'agglutinent prisonniers des camps de concentration, SS et vautours qui clôt le parcours près de la frise chronologique. Au fond, à droite, Adolf Hitler, peintre méconnu, rejeté en 1907 et 1908 de l'Académie de Vienne croque son autoportrait et pour ainsi dire sa vision du monde devant ce théâtre sanglant. Si Babel a bien un Ying et un Yang, on peine à en percevoir au fil des oeuvres, les vertus positives... Babel, un appel constant à la vigilance.

L'avis de Musée-Oh

++ J'ai aimé : les couleurs de la scénographie, les oeuvres présentées sur écrans LCD, leur variété allant jusqu'aux planches de BD.

-- Je n'ai pas aimé : la frise chronologique peu attractive (quelques images tramées l'auraient peut-être rendue moins textuelle ?), plusieurs oeuvres en facsimilé dont la célèbre tour de Brueghel imprimées sur kadapack sans mention claire sur le cartel...


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