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Un carrosse sans cinquième roue

Publié le 27 juillet 2012 par Wtfru @romain_wtfru
Un carrosse sans cinquième roue

L'annonce de PSA le 12 juillet dernier d'une restructuration de son organisation en France à fait l'effet d'une bombe. Le constructeur automobile français dévoile des pertes de 819 millions d'euros au premier semestre de l'exercice en cours. La morosité des marchés européens était belle et bien anticipée, c'est ce qui amène aujourd'hui PSA à tailler dans ses effectifs et ses investissements. Les investisseurs sont eux d'habiles joueurs d'échecs car ils ont en tête au minimum deux coups d'avance. Ils parient aujourd'hui le redressement du groupe qui sera long. Le cœur de métier du constructeur (fabriquer des bagnoles à peu près potables) affiche une nette contre-performance à laquelle s'ajoute l'arrêt des ventes en Iran. Gardons à l'esprit que PSA c'est également Faurecia (son équipementier), Gefco (sa logistique), et Banque PSA Finance (son porte-monnaie) - eux gardent la tête hors de l'eau.

Philippe Varin, le président du directoire, a indiqué lors d'une conférence d'analystes que " nous avons besoin de rétablir notre rentabilité automobile " alors qu'il annonçait quasiment au même moment que le chiffre d'affaire total a reculé de 5,1% à 29,6 milliards d'euros. Autant dire que le garçon avait plutôt intérêt d'avoir une présentation Power Point sympa et colorée.

Le déclin du secteur automobile français s'est amorcé depuis maintenant quelques années mais il est surtout révélateur de nombreux problèmes tant structurels que stylistiques. Les modèles d'après guerre 2CV et DS se sont imposés en tant que réelles références en termes de design et de qualité. Novateurs et viables sur le plan commercial, ils ont inspirés la 4L et la R5 de Renault. Dans les années 1960 et 1970, Pininfarina dessine deux coupés cabriolets qui agitent les puristes encore aujourd'hui. Quoi de plus raffiné et élégant qu'une sortie en 404 cabriolet ou 504 coupé ? La suppression de 8000 postes chez PSA passe bien au-delà des chiffres que l'on veut bien nous présenter. Pensez-vous qu'on a parlé de design et d'émotions à la conférence d'analystes ? L'industrie automobile française traverse une crise identitaire que seule une remise en question pourra la remettre sur les rails. A l'époque, une voiture française était immédiatement reconnaissable, par son bruit, son style, son odeur. Elles incarnaient le mode de vie à la française, une élégance véritable. Elles étaient aussi le symbole itinérant d'une nation raffinée, " [...] fière et obstinée, fière et obstinée, qui était persuadée, non sans une certaine arrogance, que Paris était le nombril du monde et que l'art de vivre à la française était l'acmé de la civilisation ".

Les observateurs économiques et consultants stratégiques l'ont-ils seulement compris ?

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