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Littérature égyptienne (45) - le roman de sinouhé : 4. premiers pas en terres d'asie ...

Publié le 31 juillet 2012 par Rl1948

 

   Les grands itinéraires encore s'illuminent au revers de l'esprit, comme traces de l'ongle au vif des plats d'argent.

SAINT-JOHN PERSE

Vents, III, 1


dans Oeuvres complètes,

Paris, Gallimard, La Pléiade,

p. 218 de mon édition de 1972

   Nous avons quitté Sinouhé mardi dernier, souvenez-vous amis lecteurs, alors que revenant de Libye, il longe le Ouadi Natroun, passe à proximité de Guizeh - puisqu'il mentionne le sanctuaire du Sycomore -,  descend vers le sud, arrive à Dachour, se rend à un débarcadère, lieu dit "Rive des boeufs", où il prend un bac pour traverser le Nil, aboutissant au Gebel el-Ahmar, près du Caire actuel.

   Il remonte alors vers le nord-est, atteint l'ensemble d'ouvrages appelés "Murs du Prince", situés à l'extrémité de la portion de la route égyptienne menant vers l'Asie, le Ouadi Tumilat.

Alors proche des lacs Amers, il franchit sans difficulté la frontière septentrionale, après avoir traversé l'isthme de Suez.

 

Grand-lac-Amer---Josiane-Bellot.jpg

 (Coucher de soleil sur le lac Amer - En souvenir de feue Josiane Bellot, conceptrice du blog Ballade égyptienne qui nous a quittés en février dernier.)

      Je fis halte sur l'île des lacs Amers et c'est alors que la soif m'assaillit, de sorte que j'étouffais : ma gorge (était comme de la) poussière.

   Je dis : "Ceci est le goût de la mort". Je relevai mon coeur et rassemblai mes membres après que j'eus entendu le mugissement d'un troupeau. J'aperçus des Bédouins. Un cheikh local me reconnut : il s'était par le passé rendu en Égypte. Alors il me donna de l'eau. Du lait fut cuit pour moi. Je marchai avec lui vers sa tribu. Bon est ce qu'ils firent (1).

  

   Un pays étranger me donna à un autre pays étranger.

   Je quittai Byblos et me rendis à Qedem. J'y vécus un an et demi. Amounenchi m'emmena : c'était un prince du Rétchénou supérieur (2). Il me dit : "Tu seras bien avec moi, tu entendras la langue d'Égypte". Il me dit cela parce qu'il connaissait ma réputation. Il avait entendu ma sagesse parce que des gens d'Égypte qui étaient là avec lui, pour moi, avaient témoigné.

   Alors il me demanda : "Pourquoi es-tu venu ici ?"

   Qu'escompte répondre Sinouhé à son hôte ?

Comment expliquera-t-il son exil et son désir de trouver refuge à l'étranger ?

Quelles raisons avancera-t-il pour justifier cette fuite peu commune ?

   Voilà ce que je vous propose de découvrir ensemble mardi prochain, amis lecteurs, si toutefois, en ce deuxième mois de nos rendez-vous estivaux que la pluie a peu épargnés, vous entendez poursuivre en ma compagnie la lecture du Roman de Sinouhé.

Notes

(1)   Bon est ce qu'ils firent  : Sinouhé nous précise par là qu'il fut bien traité.

(2)   Le Rétchénou supérieur : Qedem, Byblos ... Sans d'autres précisions sur son itinéraire, l'exilé indique qu'il parcourt le couloir syro-palestinien, territoire divisé en districts correspondant à des implantations de différentes tribus bédouines.

   A suivre ...

   (Je ne rappellerai jamais assez tout ce que cette mienne traduction doit à l'enseignement, aux conseils avisés et aux corrections pointues du Professeur Michel Malaise qui, voici près d'un quart de siècle, guida mes premiers pas dans l'apprentissage de la langue et de l'écriture égyptiennes.)


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